Martin Scorsese et Robert De Niro se sont unis en 2019 pour tourner un film après la pause de 24 ans depuis «Casino». Le nouveau film de Scorsese appellé «The Irishman» est consacré à la mafia comme trois autres films de ce duo. Robert De Niro joue un sicaire au service de la mafia — Frank Sheeran surnommé «The Irishman». Ironiquement l’une des grand-mères de De Niro portait le nom O’Reilly, donc l’acteur lui-même est partiellement l’Irlandais. Pendant la Seconde Guerre Mondiale Frank Sheeran combattait en Italie où il a appris la langue et il a appris à tuer sans procès juste par ordre d’un officier supérieur. En revenant aux États-Unis Frank Sheeran travaille comme chauffeur mais bientôt il commence à travailler pour un gangster — Russell Bufalino (Joe Pesci). Il s’avère que Frank est un sicaire idéal — doué en meurtre, taciturne et plein de sang-froid. Quand la mafia établit des contacts Jimmy Hoffa (Al Pacino) — le président du syndicat des conducteurs routiers américains très populaire, Frank Sheeran va effectivement au service du dirigeant syndicaliste. Au cours de nombreuses années Frank Sheeran résolvait des problèmes de Hoffa, ils sont devenus amis. Mais quand Hoffa a décidé qu’il gérerait le syndicat sans contrôle mafieux, on a dit à Frank que Jimmy Hoffa devrait été tué. L’Irlandais a fait son travail parfaitement — personne n’a trouvé ni tueur ni donneur d’ordres, Jimmy Hoffa s’est dissous dans l’air. Le seul inconvénient que le tueur a obtenu, c’était la perte absolue de contact avec sa fille Peggy (Anna Paquin) qui toujours aimait Jimmy Hoffa et qui a deviné le rôle de son père dans sa disparition. Après la prison où Frank s’est trouvé pour une autre raison, Frank Sheeran finit ses jours dans une maison de retraite, oublié par tout le monde sauf les agents du FBI qui espèrent que le vieillard avoue avoir tué un ami avant de mourir.
Dans «Casino», le dernier film de Scorsese avec De Niro, les personnages les plus aimés par moi c’étaient deux sicaires, deux hommes d’âge dodus qui à la fin du film enlèvent les témoins indésirables avec la tranquillité pratique. Après les gangsters éclatants où incontrôlables Scorsese enfin a jeté son coup d’oeil sur ces travailleurs de pistolet et de nœud d’anguille. Le sujet principal reste comme dans «Casino» ou «Goodfellas» — l’envolée et la chute des gangsters. Mais leur vie et le style de Scorsese ont changé. Dans «The Irishman» il n’y a pas encore de montage frappant et de costumes voyants. En échange il y a beaucoup d’hommes trop sérieux et d’intrigues ennuyeuses politiques. La caméra ne vole plus comme une danseuse de ballet (nous nous rappelons l’image très longue et très prétentieuse dans un club dans «Goodfellas»). Pourquoi ? La réponse est simple — elle est vieille. Comme Scorsese, De Niro et tous les autres acteurs principaux, parmi lesquels on peut remarquer Harvey Keitel — le héros principal de «Mean Street», le premier film de gangster de ce réalisateur. Scorsese a essayé pour la dernière fois de reconstruire son style dans «The Wolf of Wall Street». Maintenant le temps de réflexion est venu pour lui au lieu du temps de mouvement. Le réalisateur a 77 ans, De Niro et Pesci — 76, Pacino — 79, Keitel — 80. C’est impossible de créer quelque chose très active et dynamique avec cette équipe. En réalité le changement des intérêts de Scorsese était évident dans «Silence» où le réalisateur se concentrait sur la question de foi. Martin regarde dans le silence de la vie dans l’au-delà et il voudrait nous montrer les gangsters qui survit à la vieillesse profonde. C’est un objectif un peu difficile parce que pour la plupart de mafiosi c’est exploit de rencontrer la vieillesse sans une balle dans la tête.
Pas de doute, Scorsese est une légende vivante de film de gangster. En réalisant que c’est impossible d’entrer deux fois dans la même eau (il se rappelle qu’il y a 24 ans la cible de la critique était la ressemblance de «Casino» à «Goodfellas»), Scorsese a dû faire avec le genre ce que John Ford avait fait avec western dans «The Man Who Shot Liberty Valance». Les années vécues donnent à Scorsese un avantage — l’expérience de vie et la compréhension de la vieillesse — le sujet presque toujours exclu de ce genre. Bien sûr pour fermer le genre Scorsese a dû choisir le gangster en chef de tout l’univers du cinéma — Robert De Niro qui les a joués en quantités innombrables depuis Bloody Mama (1970) de Roger Corman chez Scorsese, Coppola, Tarantino, Mann, De Palma, Leone et même Remis. Maintenant le temps de compter est venu. Il n’y a pas encore de fougue juvénile, de courses et de fusillades cinématographiques — au lieu de ça on voit le travail monotone et risqué décoré d’aliénation totale. Paraphrasant la question d’Antonioni on peut demander : pourquoi les films sur la vie longue doivent être longues ? Seulement un budget gonflé peut être la justification. Le film durant 209 minutes pourrait être une heure plus court ou une heures plus longue — personne ne remarquerait pas la différence, parce que Scorsese sait à suivre le rythme. Mais c’est une demi-heure plus longue que «The Godfather» — un chef-d’œuvre classique et épique avec beaucoup de péripéties et de conflits internes. Y en a-t-il ? Pas du tout. Frank Sheeran est une machine à tuer, un criminel privé d’émotions qui n’a jamais ni faute ni doute. Sauf problème de fille il n’y en a presque pas d’autre. Les conflits internes sont absents dans le sujet éternel de la trahison. Frank a tué Hoffa presque sans hésitation. Bien sûr il y a de suspense et de l’intérêt dans cette scène, mais Frank a déjà pris la décision (une nuit blanche ne compte pas). Étonnamment, mais les effets-spécieux très chers et très critiqués se sont avérés utiles pour le sujet — on a tourné la visage de De Niro dans un masque sans émotion (ILM a presque réussi à rajeunir l’acteur mais en même temps on a effacé toutes les expressions faciales). Incroyable, mais le rajeunissement digital n’est pas un problème pour Joe Pesci qui n’a pas été tourné depuis une décennie. Un retraité du cinéma rejoue facilement son partenaire plus célèbre en créant un personnage vivant en comparaison par rapport à la statue de Frank Sheeran. Quant à Al Pacino qui partage l’écran avec De Niro pour la première fois dans un film sérieux, cet acteur a encore beaucoup d’énergie propre qui n’est pas suffisant pour jouer le plastique d’un homme de quarante ans, mais suffisant pour pousser son adversaire ancien de «Heat» dans un coin d’image.
Ce qui est le plus important et le plus cher d’un point de vue artistique, c’est les derniers trente minutes du film. Le choix du cercueil par un homme qui en mettait d’autres et qui s’achetait seulement des voitures. Les mains tremblantes tenant une canne qui ne tremblaient jamais en tenant un pistolet. La porte ouverte de celui qui la fermait toujours (la dernière rime à «The Godfather»). Les images qui aujourd’hui peuvent et doivent être tournés seulement par Scorsese. Le réalisateur qui avec son acteur se sont déjà préparés pour son demain.