** Nocturnal Animals, 2016.

Nocturnal Animals
Sept ans après le succès de son premier film, Tom Ford a décidé de s’asseoir une deuxième fois dans le fauteuil de réalisateur. Encore une fois son film devient une adaptation — il est basé sur le livre «Tony and Susan» d’Austin Wright. L’héroïne de «Nocturnal Animals» est une propriétaire d’une galerie à Los Angeles Susan Morrow (Amy Adams). Sa vie privée n’est pas très heureuse à cause de l’adultère de son mari, un homme d’affaires, et de ses problèmes financiers. Un jour, Susan reçoit un roman manuscrit de son premier époux Edward Sheffield (Jake Gyllenhaal). Les relations a été rompues de la manière cruele à l’initiative de Susan sous l’influence de sa mère et ses propres doutes. Le livre est intitulé «Nocturnal animals» comme un surnom de Susan, dont les dépressions ont entraîné des troubles du sommeil. Le roman criminel raconte l’histoire d’une famille nucléaire texane : un mari Tony Hastings (Jake Gyllenhaal), une femme Laura (Isla Fisher) et leur fille India (Ellie Bamber). Sur une route de nuit déserte, les Hastings sont attaqués par trois rustres dirigés par Ray Marcus (Aaron Taylor-Johnson). Suite à une querelle, Tony est jeté dans le désert et Laura et India sont violées et tuées. Faute de preuves irréfutables, Ray est libéré par le juge local. Frappé par cette injustice non moins que Tony, un policier local Bobby Andes (Michael Shannon) mourant d’un cancer, propose de résoudre la question de la justice de ses propres mains… Pendant toute la lecture du roman, nous regardons Susan se rappelant les circonstances de la rencontre et l’évolution des relations avec Edward.

Nocturnal Animals
Le deuxième film de Ford est aussi, comme «A Single Man», consacré à la solitude et les émotions de perdre un être cher. Mais dans ce cas-là, le film est beaucoup plus cruel et sombre, il est privé d’une touche romantique de mélodrame. En évitant les scènes de violence directe, Ford se concentre sur la violence psychologique contre l’héroïne et le spectateur en même temps. Au milieu du film, il y a un dialogue de Susan sur le fond d’une peinture ne contenant qu’un seul mot blanc — «revenge». Tout le livre d’Edward est une vengeance par rapport de la femme qui a brutalement détruit leur relation. Pire que ça, jeune Susan a piqué sa fierté en refusant de voir du talent d’un écrivain en lui. Sa punition sera une longue lecture de la souffrance des héros (et pas que ça…)
La structure du film nous donne la possibilité de nous mettre à la place de l’héroïne, de comprendre la profondeur de ses émotions pendant la lecture. Pour illustrer la perception de Susan, Ford montre à l’écran tout le sujet du livre. «Nocturnal animals» soulignent une plus grande profondeur d’immersion dans l’histoire au cinéma par rapport à la littérature — il n’y a pas de différence pour le spectateur entre le héros du film est le héros d’un livre à l’intérieur du film, un personnage inventé deux fois. Nous sommes presque obligés de sympathiser également avec Susan et Tony. Pour Susan, c’est l’histoire de sa vie – elle lit le livre sur la perte d’une femme et d’une fille par un homme, et ce livre est écrit par un homme qui a perdu sa femme et sa fille. Pour nous faire croire que Susan vit l’histoire comme une histoire très personnelle, Tom Ford utilise une technique intéressante de travaille avec l’acteur. Premièrement, il prend le même Jake Gyllenhaal pour deux rôles dans la réalité et dans le livre. Deuxièmement, il prend deux paires d’actrices très similaires pour jouer les rôles de la femme et sa fille. Susan comprend que Edward décrit ses souffrances, qu’il s’identifie de quelque manière à Tony. En même temps, elle comprend que l’histoire est une miroir symbolique de leur histoire d’amour et donc, elle vit presque elle-même dans l’image de Laura (bien sur seulement presque, parce que Susan ne peut pas et ne veut pas s’identifier à une femme violée et tuée).
Cette structure qui joue avec les parallélismes, symboliques et visuels, est le coeur du film. Séparément, les deux histoires sont inexpressives et leurs péripéties ne suffisent pas pour un film à part entière. L’histoire mélodramatique est très simple — une femme avait autrefois refusé l’amour, préférant un futur homme d’affaires à un écrivain novice, mais à la fin, elle a tout perdu. La deuxième histoire est encore plus standard — une «vigesplotation» classique sur un homme qui venge pour la mort de sa famille. Ce n’est qu’aux points d’intersection que le vrai cinéma émerge tissant les beaux paysages texans (soit dit en passant, le réalisateur filme magnifiquement son pays natal, mais sans concession) avec les intérieurs très stériles et froides de la maison et la galerie de Susan. Bien que ce ne soit pas toujours sans défauts — par exemple, Susan a la même expression tourmentée encore et encore presque chaque fois qu’on nous donne un gros plan d’elle après un extrait du livre. Et portant dans ce film, il y a moins d’émotions authentiques que dans le précédent, et beaucoup plus de désir d’évoquer des émotions (recourant parfois à des images kitsch, comme deux corps de marbre sur un canapé rouge vif au milieu d’un désert).

Тезисно:
1. В основе второго фильма Тома Форда лежит параллелизм двух историй — галеристка читает роман, который ей прислал её первый муж, когда-то очень жестоко отвергнутый. В романе рассказывается история простого техасца, у которого изнасиловали и убили жену и дочь.
2. Второй фильм подряд посвящён потере любимого человека — видимо, это важная тема для автора.
3. Писателя и его героя играет один и тот же Джейк Джилленхолл, а вот героиню романа играет не Эми Адамс, которая играет Сьюзан — главную героиню фильма, а очень на неё похожая Айла Фишер. Подобный кастинг позволяет Форду выразить погружение Сьюзан в написанную историю и её очень личное восприятие.
4. Без этих параллелей, обыгрываемых в том числе и монтажно, картина бы не сработала — каждая история сама по себе (личная жизнь Сьюзан и сюжет романа о мести) очень проста и на полнометражный фильм не тянет.
5. Фильм играет на контрасте холодных интерьеров дома и галлереи Сьюзан и солнечных техасских пейзажах (хотя видно, что свою родину Том Форд не очень жалует). Цветовые акценты расставляются с помощью красного — цвета насилия, хотя экранного физического насилия в фильме практически нет — только психологическое.
6. В целом, фильм не столько наполнен чистыми эмоциями, как было в «Одиноком мужчине», сколько очень пытается вызвать эмоции у зрителя.

*** 1917, 2019. Cours, le caporal, cours !

1917 2020 Sam Mendes
Selon le titre le huitième film de Sam Mendes est consacré à la Première Guerre mondiale. L’intrigue se déroule sur environ vingt-quatre heures de la vie du caporal William Schofield (George MacKay) qui doit étant accompagné par le caporal Tom Blake (Dean-Charles Chapman) distribuer d’urgence un ordre du général Erinmore (Colin Firth) au colonel MacKenzie (Benedict Cumberbatch). Le chemin passera par un no man’s land — le territoire juste laissé par les Allemagnes. Théoriquement il n’y a pas d’ennemi, mais qui sait quels dangers attendent les soldats. L’ordre doit être distribué vers le matin, parce que le colonel MacKenzie va commencer une contre-attaque, ne sachant pas que la retraite des Allemagnes est la partie d’un plan réfléchi il y a longtemps. En route la perte d’un camarade, un sauvetage d’une bébé et quelques échauffourées avec l’ennemi attendent notre héros.

1917 2020 Sam Mendes
Cinématographe, cinéma, kínēma (du grec) : le film, c’est un mouvement par sa nature. Réalisant ça, Sam Mendes a tourné un film n’ayant que le mouvement. La forme est très simple : un chemin du point A au point B. On peut nommer peu de films avec tel sujet. Même dans «Mad Max: Fury Road», composant aussi seulement du mouvement, il y a un retour. Même dans «Le salaire de la peur» il y a un moment de retour bien que très-très court. Chez Sam Mendes il n’y a pas presque de pause — la circulation commence dès le vrai début du film et nous captive et capture. C’est un forme cinématique facile à regarder et en même temps très difficile à tourner, parce que pour un mouvement perpétuel Sam Mendes utilise la technique du plan-séquence, plus précisément de deux : avant et après la perte de conscience de William imaginée pour sauter la plupart de la nuit. Bien sûr dans un film de guerre cher et complique c’est très difficile d’appliquer cette technique et donc Sam Mendes et Roger Deakins utilisent le montage caché comme dans «The Rope» ou «Birdman». Oui, le film est très éloigné de l’élégance du film d’Iñárritu, de sa possibilité de presser le temps et de saturer le film par les connotations. À la guerre il n’y en a pas, les dernières, — tu dois atteindre l’objectif, tu dois aider aux Français et tu dois tuer les Allemagnes qui n’évaluent pas la miséricorde. Le sujet est très simple, mais justement sa simplicité nous permet nous donner à cette attraction formaliste. Le style de Mendes qui est très proche aux jeux vidéo (ce n’est pas par hasard que le film est tourné par le studio de Steven Spielberg) attire le public et met chaque spectateur dans la peau d’un soldat. C’est très significatif que la première large du film coïncide au centenaire de la promulgation du traité de Versailles – la vrai fin de la Grande Guerre.
Ici, le chemin est linéaire, les dialogues sont assez primitives, la musique modeste ne se tait que pendant la mort de Tom Blake et la rencontre avec son frère. Il semble que Sam Mendes ait décidé de tourner un film plus simple que ses films sur James Bond. En fait on doit chercher le grain de cet œuvre dans les deux choses — le jeu de George MacKay et le travail de Roger Deakins. George MacKay se personnifie dans un soldat ordinaire avec telle réalité et force qu’il est devenu un personnage hors de temps. Son image élancée peut être imaginée dans n’importe quelle guerre de l’Europe depuis le début du Moyen Âge — parfois il semble que son personnage soit venu dans le film d’une miniature médiévale ou d’une peinture du Greco. George MacKay, taciturne, pensif et persévérant rejoue très facilement tous les autres acteurs, même Benedict Cumberbatch, qui a joué son épisode si platement que vous ne croyez pas que ce soit lui. Si George MacKay est un acteur peu célèbre maintenant, le génie de Roger Deakins est très connu. L’un des (sinon le plus) directeurs de la photographie les plus talentueux dans le monde, pour lui, avec ses quarante ans d’expérience, c’est difficile de nous vraiment étonner, mais en tous cas il a créé l’image très digne. Cela s’applique non seulement aux mouvements de caméra bien réfléchis et impressionnants mais à la décision de couleurs. C’est incroyable, comment Roger Deakins crée au début du film l’image assez monochrome — il utilise seulement des nuances du brun poussiéreux de l’uniforme de soldat et juste un peu de gris. Ensuite, pendant la nuit on a plongé le héros dans l’enfer, dans le monde du feu et de l’ombre (un jeu de couleurs répété à la fin de «Skyfall»). À la lumière de l’aube le caporal traverse les eaux noires de Styx et au fur et à mesure que le héros approche aux soldats britanniques, le vert, le couleur de la vie, remplit l’image. Pour peu de temps à propos — l’attaque va commencer et le blanc deviendra le couleur dominant, le couleur de la mort qui entourera un brave caporal.
Mais la mort ne peut pas être la fin de cette histoire. À la fin du film nous voyons de nouveau la vie — William s’assied sous un arbre entouré par l’herbe ondulant. Dans ce moment du silence et la pacification Sam Mendes par un geste élégant transforme la ligne dans le cercle, parce que le film a commencé par l’image de William asseyant sous l’arbre, parce que la vie continue au-delà de la mort et parce que ce n’est pas l’histoire d’un soldat abstrait, mais celle d’un grand-père de Sam Mendes.

P. S. Le 6 avril 1917, la journée de l’action, est le jour d’entrée en guerre des États-Unis. Pas si simple comme dans «Dunkirk» mais la présence et le rôle des États-Unis est déposé.

*** Joker, 2019. Stand up — head up

Joker 2019
Ayant participé dans deux film sur Batman, Joker enfin a obtenu un film propre réalisé par Todd Phillips. Arthur Fleck (Joaquin Phoenix) travaille comme clown, habite avec sa mère et vit presque seulement dans le monde de ses rêves — la réalité est cruel et sombre, tandis que dans l’imagination Arthur est un comédien invité à l’émission de télé très populaire de Murray Franklin (Robert de Niro) et il a une liaison avec une jolie voisine solitaire. Un gars mince et craintif, Arthur est inscrit auprès d’un psychothérapeute. Suite aux coupes budgétaires le service d’aide psychothérapeutique est fermé et c’est seulement l’un des problèmes tombés sur la tête d’Arthur dans quelques jours. Arthur est frappé par les ados dans la rue, il perd son travail, perd sa mère et sa première performance comme comédien dans un club échoue. Pire que ça — quelqu’un envoie l’enregistrement de la performance d’Arthur à Murray Franklin qui se moque de lui et l’appelle Joker. Privé de médicaments, Joker commence à venger à toute la société pour sa vie inutile. Il s’avère que la violence est le chemin le plus facile pour Arthur pour prouver qu’il n’est pas nul, vu qu’un collègue lui a donné un jour un pistolet. En tuant trois mauvais garçons riches travaillant pour Thomas Wayne (le père de Batman) dans le métro, Arthur devient le porte-parole de la haine des pauvres contre les riches et son masque de clown devient le symbole de cette protestation. Étant donné que le masque est le seul indice, la police ne peut pas attraper le tueur. Resté libre, Arthur va à l’émission de Murray Franklin et après un court monologue tue son moqueur en direct provoquant une vague immense de violence qui noie la ville Gotham dans le sang et le feu.

Joker 2019
La nostalgie c’est l’un des vecteurs les plus importants du cinéma américain d’aujourd’hui. Deux exemples très significatifs de cette tendance ce sont «Once Upon a Time in Hollywood» et «The Irishman» qui rivalisent avec «Joker» pour l’Oscar du meilleur film. Le temps d’action de «Joker» est 1981 — la fin d’une décennie très orageuse quand la quantité d’assassinats a brusquement monté et les films cruels du Nouvel Hollywood ont rempli les écrans. C’est impossible de ne pas lier le film de Todd Phillips avec les films de cette époque-là. Parmi le cinéma de cette époque deux films viennent premièrement à l’esprit : «Death Wish» (1974) et «The King of Comedy» (1983). Il semble que les premiers meurtres commis dans le métro au moyen d’un revolver donné soient venus de «Death Wish» où un pacifiste joué par Charles Bronson ouvrit la saison de la chasse aux criminels pour le bonheur de tous les new yorkais ordinaire. Mais Paul Kersey, l’un des vigilants cinématiques les plus célèbres, aide la police à mettre de l’ordre dans la ville tandis que Joker la plonge dans le chaos et la violence. Ce n’est pas la différence des utiles c’est la différence des exécuteurs. Paul Kersey est un homme raisonnable conduit au désespoir, Joker est dès le début un psychopathe utilisant des antidépresseurs. Joker est une version plus grave de Rupert Pupkin et le film de Todd Phillips est inséparable de celui de Martin Scorsese. Rupert Pupkin joué par Rober De Niro était un fou qui rêvait de passer dans l’émission de Jerry Langford et à la fin il a obtenu ses dix minutes de la gloire. Pupkin n’a qu’un seul rêve et en réalité pas trop dangereux. Il n’est pas intéressé par la situation qui l’entoure. On peut vraiment imaginer que Murray Franklin joué par Rober De Niro lui-même, un comique qui n’est pas très talentueux, c’est Rubert Pupkin après une bonne trentaine d’années. Maintenant un autre comique de stand-up raté grandit. Celui qui veut non seulement assister à l’émission mais aussi faire un geste cruel exprimant le désespoir des couches inférieures. Joker devient le nouveau messie, le messie toujours plus proche aux gens ordinaires que son adversaire éternel — Batman (on voit ça clairement dans les films de Christopher Nolan).
Le succès festival de «Joker» et «The Shape of Water» montre la puissance du cinéma de genre moderne et le changement d’échelle des valeurs dans le septième art. Le succès festival de «Joker» et «La vie d’Adèle» prouve qu’aujourd’hui les band-dessinés sont quelque chose plus grande et significatif qu’un divertissement pour les adolescents. C’est évident que sans utilisation de la marque «DC» et le nom de l’ennemi juré de Batman l’histoire d’un autre guignard ne sera pas si populaire. Mais même la plaque signalétique de «DC», est-ce qu’elle peut expliquer un milliard de dollars de frais de cinéma ? Il y a quelques autres éléments qui rend le film attrayant pour le grand public. «Joker» est tourné très traditionnellement et le scénario linéaire est écrit par l’un des zombies (j’utilise le mot de Charlie Kaufman) qui ont assisté à l’un des master-class de Robert McKee et mémorisé le mot «l’événement induisant» (il y en a beaucoup : l’humiliation, le chômage, la mort de la mère, manque des tablettes etc.). Le jeu de Joaquin Phoenix — c’est vraiment une seule pierre précieuse dans le film. Une autre réincarnation magnifique de cet acteur qui devient de plus en plus fort au fil du temps est le plaisir cinématographique incroyable et un exploit d’acteur. Mais honnêtement cela peut ne pas suffire. Peut-être la force de «Joker» c’est la possibilité de saisir le zietgeist, les vraies pensées dans les têts des gens qui s’enfuient la réalité aux séances de Marvel mais dans la profondeur de leurs cœurs ils veulent changer la réalité à la manière d’Arthur Fleck.

** Marriage Story, 2019. Ren vs Romanoff

En fait le film de Noah Baumbach est consacré au divorce plutôt qu’au mariage. Charlie Barber (Adam Driver) est un réalisateur de théâtre new-yorkais dont la femme Nicole (Scarlett Johansson) a quitté Los-Angeles pour travailler et habiter avec Charlie. Après huit ans du mariage Nicole réalise qu’elle veut être indépendante et faire sa carrière de la réalisatrice sans son mari autoritaire. Il n’y aurait pas de problèmes si les Barbers n’avaient pas un garçon de sept ans Henry (Azhy Robertson) qui devient la pomme de discorde et presque la seule chose qui peut être divisée parmi les ex-conjoints. Nicole a déménagé à sa mère à Los-Angeles et elle s’arme des services d’une avocate très agressive Nora Fanshaw (Laura Dern) qui initie un procès judicaire. Charlie qui pensait naïvement que c’était possible de trouver une solution pacifique doit aller à Los-Angeles et embaucher aussi un avocat.

Marriage Story 2019
Les temps changent. Jadis un drame judiciaire «Kramer vs Kramer» est devenu le film le plus profitable de l’année aux États-Unis. Maintenant les drames familiaux ne peuvent pas faire la concurrence aux films de super-héros (où les deux acteurs principaux jouent activement). Vers le dixième minute on comprend que c’est le réalisateur qui a écrit le scénario. Vers le quinzième minute on comprend qu’il n’y a pas de travail de l’ingénieur du son — presque tout le son est synchrone et de plus il n’y a pas de musique. Faute de travail expressif avec le son et l’image, les acteurs deviennent la base du film. Adam Driver, un homme réservé combat avec obstination pour le fils contre Scarlett Johansson qui pleure trop. Il étoufferait sa femme pas son autorité sans Lora Dern — une femme très dégagée et sûre de soi — le personnage le plus éclatant dans ce film. Charlie n’a pas de proches et la mère et la sœur de Nicole sont très comiques. La chose la plus intéressante concernant l’ensemble des acteurs c’est la passivité et la tranquillité de Henry. Il n’a ni de crise de nerfs ni d’émotions fortes. De surcroît, et c’est très significatif — pour les parents Henry est presque l’objet, la chose de statut. Ils sont prêts à le déchirer en deux pendant le procès mais l’enfant de presque huit ans ne sait même pas lire ! L’infantilisme et l’amour-propre — c’est les problèmes les plus importants des héros. Et bien sûr — le système judiciaire américain qui est la cible de la satire de l’auteur. N’ayant pas ni désir ni pratique de pourparlers, les ex-conjoints ont dépensé d’énormes sommes d’argent pour garder leur indépendance financière et partager Henry, qui est resté un objet, 55 sur 45. La seule victoire éphémère dans cette bataille — c’est la carrière de réalisatrice commencée pour Nicole, mais elle n’est pas le héros principal de ce film. Quant à Charlie, la bataille lui a ouvert les yeux, il a gagné beaucoup d’expérience et la compréhension tardive des sentiments des autres. Pourrait-il en profiter davantage ? C’est la question. Valait-il des centaines de milliers de dollars et une psyché mutilée d’un enfant ? C’est l’autre question. Ce théâtre en conserve devrait-il être trente minutes plus courtes ? C’est la troisième question mais on ne la posera pas — après «The Irishman» également tourné par Netflix, c’est inutile.

Le cinéma a 124 ans !

Joyeux anniversaire le cinéma !
Voici mon cadeau pour l’art le plus important dans le monde : le film «L’histoire du cinéma».

Сегодня кино исполняется 124 года. По этому поводу я публикую фильм «История кино». Без шуток считаю это самой своей значительной работой на сегодняшний день, даром, что весь фильм — это 2549 кадров. Фильм относится к жанру экспериментального кино, смотреть его можно любым способом, но при одном условии — только на максимально большом экране! Если вам кажется, что вы что-то заметили, скорее всего, это в фильме есть. 16+.
С днём рождения!

** The Irishman, 2019. Seuls les vétérans vont au combat

The Irishman 2019
Martin Scorsese et Robert De Niro se sont unis en 2019 pour tourner un film après la pause de 24 ans depuis «Casino». Le nouveau film de Scorsese appellé «The Irishman» est consacré à la mafia comme trois autres films de ce duo. Robert De Niro joue un sicaire au service de la mafia — Frank Sheeran surnommé «The Irishman». Ironiquement l’une des grand-mères de De Niro portait le nom O’Reilly, donc l’acteur lui-même est partiellement l’Irlandais. Pendant la Seconde Guerre Mondiale Frank Sheeran combattait en Italie où il a appris la langue et il a appris à tuer sans procès juste par ordre d’un officier supérieur. En revenant aux États-Unis Frank Sheeran travaille comme chauffeur mais bientôt il commence à travailler pour un gangster — Russell Bufalino (Joe Pesci). Il s’avère que Frank est un sicaire idéal — doué en meurtre, taciturne et plein de sang-froid. Quand la mafia établit des contacts Jimmy Hoffa (Al Pacino) — le président du syndicat des conducteurs routiers américains très populaire, Frank Sheeran va effectivement au service du dirigeant syndicaliste. Au cours de nombreuses années Frank Sheeran résolvait des problèmes de Hoffa, ils sont devenus amis. Mais quand Hoffa a décidé qu’il gérerait le syndicat sans contrôle mafieux, on a dit à Frank que Jimmy Hoffa devrait été tué. L’Irlandais a fait son travail parfaitement — personne n’a trouvé ni tueur ni donneur d’ordres, Jimmy Hoffa s’est dissous dans l’air. Le seul inconvénient que le tueur a obtenu, c’était la perte absolue de contact avec sa fille Peggy (Anna Paquin) qui toujours aimait Jimmy Hoffa et qui a deviné le rôle de son père dans sa disparition. Après la prison où Frank s’est trouvé pour une autre raison, Frank Sheeran finit ses jours dans une maison de retraite, oublié par tout le monde sauf les agents du FBI qui espèrent que le vieillard avoue avoir tué un ami avant de mourir.

The Irishman 2019
Dans «Casino», le dernier film de Scorsese avec De Niro, les personnages les plus aimés par moi c’étaient deux sicaires, deux hommes d’âge dodus qui à la fin du film enlèvent les témoins indésirables avec la tranquillité pratique. Après les gangsters éclatants où incontrôlables Scorsese enfin a jeté son coup d’oeil sur ces travailleurs de pistolet et de nœud d’anguille. Le sujet principal reste comme dans «Casino» ou «Goodfellas» — l’envolée et la chute des gangsters. Mais leur vie et le style de Scorsese ont changé. Dans «The Irishman» il n’y a pas encore de montage frappant et de costumes voyants. En échange il y a beaucoup d’hommes trop sérieux et d’intrigues ennuyeuses politiques. La caméra ne vole plus comme une danseuse de ballet (nous nous rappelons l’image très longue et très prétentieuse dans un club dans «Goodfellas»). Pourquoi ? La réponse est simple — elle est vieille. Comme Scorsese, De Niro et tous les autres acteurs principaux, parmi lesquels on peut remarquer Harvey Keitel — le héros principal de «Mean Street», le premier film de gangster de ce réalisateur. Scorsese a essayé pour la dernière fois de reconstruire son style dans «The Wolf of Wall Street». Maintenant le temps de réflexion est venu pour lui au lieu du temps de mouvement. Le réalisateur a 77 ans, De Niro et Pesci — 76, Pacino — 79, Keitel — 80. C’est impossible de créer quelque chose très active et dynamique avec cette équipe. En réalité le changement des intérêts de Scorsese était évident dans «Silence» où le réalisateur se concentrait sur la question de foi. Martin regarde dans le silence de la vie dans l’au-delà et il voudrait nous montrer les gangsters qui survit à la vieillesse profonde. C’est un objectif un peu difficile parce que pour la plupart de mafiosi c’est exploit de rencontrer la vieillesse sans une balle dans la tête.
Pas de doute, Scorsese est une légende vivante de film de gangster. En réalisant que c’est impossible d’entrer deux fois dans la même eau (il se rappelle qu’il y a 24 ans la cible de la critique était la ressemblance de «Casino» à «Goodfellas»), Scorsese a dû faire avec le genre ce que John Ford avait fait avec western dans «The Man Who Shot Liberty Valance». Les années vécues donnent à Scorsese un avantage — l’expérience de vie et la compréhension de la vieillesse — le sujet presque toujours exclu de ce genre. Bien sûr pour fermer le genre Scorsese a dû choisir le gangster en chef de tout l’univers du cinéma — Robert De Niro qui les a joués en quantités innombrables depuis Bloody Mama (1970) de Roger Corman chez Scorsese, Coppola, Tarantino, Mann, De Palma, Leone et même Remis. Maintenant le temps de compter est venu. Il n’y a pas encore de fougue juvénile, de courses et de fusillades cinématographiques — au lieu de ça on voit le travail monotone et risqué décoré d’aliénation totale. Paraphrasant la question d’Antonioni on peut demander : pourquoi les films sur la vie longue doivent être longues ? Seulement un budget gonflé peut être la justification. Le film durant 209 minutes pourrait être une heure plus court ou une heures plus longue — personne ne remarquerait pas la différence, parce que Scorsese sait à suivre le rythme. Mais c’est une demi-heure plus longue que «The Godfather» — un chef-d’œuvre classique et épique avec beaucoup de péripéties et de conflits internes. Y en a-t-il ? Pas du tout. Frank Sheeran est une machine à tuer, un criminel privé d’émotions qui n’a jamais ni faute ni doute. Sauf problème de fille il n’y en a presque pas d’autre. Les conflits internes sont absents dans le sujet éternel de la trahison. Frank a tué Hoffa presque sans hésitation. Bien sûr il y a de suspense et de l’intérêt dans cette scène, mais Frank a déjà pris la décision (une nuit blanche ne compte pas). Étonnamment, mais les effets-spécieux très chers et très critiqués se sont avérés utiles pour le sujet — on a tourné la visage de De Niro dans un masque sans émotion (ILM a presque réussi à rajeunir l’acteur mais en même temps on a effacé toutes les expressions faciales). Incroyable, mais le rajeunissement digital n’est pas un problème pour Joe Pesci qui n’a pas été tourné depuis une décennie. Un retraité du cinéma rejoue facilement son partenaire plus célèbre en créant un personnage vivant en comparaison par rapport à la statue de Frank Sheeran. Quant à Al Pacino qui partage l’écran avec De Niro pour la première fois dans un film sérieux, cet acteur a encore beaucoup d’énergie propre qui n’est pas suffisant pour jouer le plastique d’un homme de quarante ans, mais suffisant pour pousser son adversaire ancien de «Heat» dans un coin d’image.
Ce qui est le plus important et le plus cher d’un point de vue artistique, c’est les derniers trente minutes du film. Le choix du cercueil par un homme qui en mettait d’autres et qui s’achetait seulement des voitures. Les mains tremblantes tenant une canne qui ne tremblaient jamais en tenant un pistolet. La porte ouverte de celui qui la fermait toujours (la dernière rime à «The Godfather»). Les images qui aujourd’hui peuvent et doivent être tournés seulement par Scorsese. Le réalisateur qui avec son acteur se sont déjà préparés pour son demain.

*** Silence, 2016. Il n’est de mot que dans le silence

Silence 2016
Après «The Wolf of Wall Street» — une comédie délurée — Martin Scorsese a porté les yeux sur un sujet plus spiritualiste. Il est venu de la représentation d’un pécheur endurci à celle d’un homme juste. «Silence» est un film historique dont l’action prend place au Japon au début du XVIIe siècle. À cette époque-là le christianisme était interdit au Pays du soleil levant et le père Ferreira (Liam Neeson), le dernier prêtre catholique au Japon, a abjuré sa foi catholique après les tortures et les meurtres de ses disciples. En apprenant cette nouvelle, deux jésuites portugais jeunes, Sebastião Rodrigues (Andrew Garfield) et Francisco Garupe (Adam Driver), partent de Macao au Japon pour trouver et sauver le père Ferreira. Deux pères débarquent près d’un petit village Tomogi dont les habitants sont chrétiens clandestins. Malheureusement un inquisiteur Inoue (Issei Ogata) y arrive et il prend quatre otages parmi les villageois. Ils doivent piétiner une image de Jésus (un fumi-e) et ils font ça sur les conseils du père Rodriguez. Mais après cette formalité Inoue leur propose un test plus difficile — de cracher sur une croix de bois. Trois otages se renoncent et ils se font brûler. Seulement Kichijiro (Yōsuke Kubozuka), le guide des héros qui a déjà abjuré une fois, répète son acte impie. Suite à cette tragédie (tous les villageois étaient les témoins à l’exécution) les pères se séparent pour éviter l’inquisition.
À partir de maintenant nous restons avec le père Rodriguez. Il retrouve Kichijiro et il accepte sa pénitence juste pour être bientôt trahi par le japonais. Capturé par les inquisiteurs, Sebastião Rodrigues regarde la mort de Francisco Garupe qui essaie de libérer quatre chrétiens noyés. Ensuite le héros du film est ensuite emmené dans un temple bouddhiste, où Inoue et le père Ferreira qui a changé la religion et le nom essaient de convaincre le prisonnier de laisser ses tentatives de baptiser le Japon parce que «c’est un marais ou toutes les racines se dessèchent». Le père Rodrigues refuse et commence à préparer au tortures et au baptême du sang. Mais le portugais n’a pas mesuré la perfidie japonais — au lieu du père Rodrigues Inoue torture les chrétiens japonais qui ont déjà abjuré. Aussi Sebastião Rodrigues piétine-t-il un fumi-e et ensuite il change son nom et marie la femme japonaise. Après beaucoup d’années de la vie bouddhiste immaculée sous la surveillance infatigable de l’inquisition, Sebastião Rodrigues meurt et est brûle avec un crucifix caché dans les mains qui a été mis par sa femme.

Silence 2016
Ayant montré le Dieu sous l’apparence où il est apparu une seule fois («The Last Temptation of Christ») Scorsese essaie de montrer le Dieu de notre vie ordinaire — le Dieu invisible et inaudible. C’est une décision principale pour le réalisateur qui a voulu pendant la jeunesse de devenir un prêtre catholique. Scorsese a pris le titre d’un film de Bergman qui essayait pendant toute sa vie de surmonter le silence du Dieu. «Silence» nous renvoie aux films des années 1950-1960, des films du réalisme théologique. Bien sûr le réalisateur nous rappelle non seulement le cinéma européen mais aussi le cinéma japonais. C’est presque impossible pour un cinéphile de tourner un film sur le Japon en n’utilisant pas les images qui viennent de films d’Akira Kurosawa (e. g. le tribunal) ou Kenji Mizoguchi (un bateau dans le brouillard). Le point de vue de Scorsese est strictement réaliste (sauf la vision de l’image du Christ dans l’eau). Son montage voyante et ses mouvement du caméra prétentieux ont cédé leur place au point de vue statique. Les couleurs éclatantes se sont disparus et il en reste seulement trois — le vert des broussailles qui cachent les missionnaires, le bleu de la mer qui entoure ce pays imprenable et l’orange du feu qui éclaire des services divines clandestins et ensuite dévore des chrétiens. Le film presque manque du rouge, le couleur du sang, non seulement parce que les japonais préfèrent de brûler et noyer les martyrs pour priver les chrétiens de leurs os, mais parce que le réalisateur ne veut pas marteler le sujet des souffrances physique, préférant de porter l’accent sur la souffrance spirituelle.
Deux acteurs aident à Scorsese de transmettre les doutes de foi. En passant le temps de préparation dans les jeûnes et les prières Andrew Garfield a presque réussi de se délivrer du vernis hollywoodien. Quant à Adam Driver, dès les premières images du film il ressemble à un moine des peintures anciennes. En plus, les acteurs japonais trouvés pas Scorsese ont l’air authentique et en voyant le film on peut croire se déplacer au Japon du XVI-me siècle, au temps de la misère et des bagarres cruelles. Le point du vue de Scorsese sur le Japon est sévère, comme sur «Sansho the Bailiff» de Mizoguchi. Les paysans tourmentés par les travaux obligatoires durs et n’ayant pas de joie, perçoivent la vie dans l’au-delà chrétiens comme le dernier espoir et seulement les actions trop cruels des inquisiteurs peuvent casser ce barre. Mais le film n’est pas consacré au recouvrement de fois par les japonais. Le film est plutôt consacré à la perte de la foi par le héros principal. Au début il se sent comme un apôtre — il est prêt à aller dans le pays lointaine et très dangereux pour sauver son frère, pour donner la communion aux chrétiens clandestins et pour mourir pour le Christ si besoin. Chaque chemin d’un saint, c’est un chemin de doutes et faiblesses. Tel est même celui du Christ sans oublier le saint Pierre. Scorsese tourne une hagiographie et selon les canons il doit conduire son héros par ce chemin dur et cruel. Sebastião Rodrigues voit la puissance de foi incroyable des paysans qui sont prêts à mourir comme les premiers chrétiens, mais le moine ne voit pas le soutien du Dieu qui contemple la situation sans donner le moindre signe. Le paysage mort de ce pays sauvage n’écoute pas les voix de la prière. Il semble que le Dieu chrétien oublie vraiment ses fils au Japon. Scorsese montre le pire test de foi — l’épreuve de désespoir quant le prêtre doit continuer son chemin sans avoir le soutien du très Haut. De plus, on force Sebastião Rodrigues de mettre sur un plateau de balance son âme et son sauvetage et sur l’autre — les corps souffrant des japonais. À la fin il doit sacrifier son âme immortelle en abjurant pour arrêter les cris des martyrs et pour constituer le silence, dans lequel pour la première et dernière fois dans la vie il entendra la voix du Dieu.
Les voies de Dieu sont impénétrables. Parfois la persévérance de foi de martyrs provoque la diffusion de la religion. Parfois l’abjuration n’est qu’une formalité et on doit comprendre que sur une île isolée c’est impossible de sauvegarder le christianisme sans l’abjuration formelle car la foi vit dans le cœur. Saint Pierre a abjuré trois fois tandis que le héros de Scorsese l’a fait seulement une fois. Il a gardé la vie, il a gardé la foi et il l’a transmit à sa famille malgré la surveillance. Et malgré l’isolation du Japon et les répression, plus de 20000 chrétiens ont survécu à la liberté religieuse. Plusieurs parmi eux ont dû piétiner le fumi-e pour abjurer formellement. Aujourd’hui, à l’époque paisible, Scorsese tourne ce film pour formellement confirmer sa foi et pour nous donner une leçon aussi importante que belle.

*** «The Calvary», 2014. Journal d’un curé de campagne

The Calvary 2014
Il n’y a pas d’exposition dans le deuxième film de John Michael McDonagh. L’intrigue se noue directement dans les premiers plans où un homme invisible, la victime d’un prêtre-pédophile, déclare à son prêtre (Brendan Gleeson) pendant la confession que celui-ci est un bon serviteur de culte mais pourtant il sera tué dimanche prochain pour les péchés de l’église. Donc il reste seulement sept jours pour père James pour se tirer de cette situation délicate. Le héros principal du film habite dans un coin perdu d’Irlande au bord d’un océan orageux froid. Bien que le village soit petit, évidemment il y a plus de problèmes que père James peut résoudre dans une semaine pour rencontrer la mort avec la bonne conscience. La paroisse est petite et en plus n’est pas très active. La fille célibataire du père James (Kelly Reilly) a besoin de son soin pour se délivrer des pensées suicidaires. Un jeune servant vole du vin de l’église et le deuxième prêtre est pusillanime. Père James va au cardinal mais celui-ci lui donne aucun conseil à propos de menaces. Lundi père James obtient un pistolet à tout hasard. Mardi il parle à un mec Milo (Killian Scott) qui n’a pas de succès avec les filles et à cause de ça veut s’engager à l’armée pour sublimer sa haine aux femmes en tuant «les ennemies». Dans la soirée père James fait l’administration du dernier sacrement d’un jeune français et il est forcé à parler à un médecin athée très cynique (Aidan Gillen). Mercredi un maniaque Freddy Joyce (Domhnall Gleeson) demande au prêtre aller dans la prison pour une conversation pénible dont en fait aucun d’entre eux a besoin. Ce soir-là père James perd son église dans le feu et jeudi il trouve son chien, son seule créature proche, poignardé avec un couteau. Vendredi père James, un possesseur d’une constitution très solide, ayant fatigué d’une grêle de dialogues provocateurs boit trop d’alcool et s’engage dans une bagarre auberge. Donc il reste seulement un jour (le samedi) pour un prêtre rebattu et abandonné par sa fille unique et son collègue unique pour se préparer à la rencontre avec un assassin mystérieux et prendre la seul décision juste…

The Calvary 2014
Après une satire qui prend sa place en Irlande rurale John Michael McDonagh y tourne un drame sérieux avec le même acteur dans le rôle principal. Ayant montré un pécheur local, maintenant McDonagh peint soigneusement un saint irlandais. Immense Brendan Gleeson portant sa soutane noire flottant dans le vent a un masque du mal du siècle sur sa visage. Ses rides sculpturales, sa barbe demi-d’argent, demi-rousse lui transforment dans un héros légendaire. Quand père James s’accoudant sur une grosse pierre raconte à sa fille une légende ancienne irlandaise, on peut vivement imagine Brendan Gleeson directement dans un maquillage du père James comme l’un des héros de cette légende. Une force séculaire est vue dans son image, comme il aurait été un moine irlandais qui il y a beaucoup de siècles y gardaient la culture et la religion en se défendant contre les vikings païens. Et McDonagh nous montre que si le temps a changé, ce changement n’est que partiel — aujourd’hui on continue encore de garder la foi au prix du sang et restaurer l’église de cendre. Pour créer une atmosphère hors du temps le réalisateur imprègne l’image avec des paysages captivants de l’Irlande — des champs vert foncé, l’océan immense et des roches noirs restant débout en silence comme les moins anciens pétrifiés. Le laconisme d’un paysage divinement beau entourant père James donne beaucoup de signification a sa figure noire solitaire.
Dès les premières scènes du film on sent l’esprit de deux réalisateurs religieux européens — d’Ingmar Bergman et de Robert Bresson, dont les films «Les Communiants» (1962) et «Journal d’un curé de campagne» (1951) ont évidemment influencé John Michael McDonagh. L’église vide remplie par des rayons obliques du soleil, des tentatives du prêtre de sauvegarder quelqu’un de suicide — ça vient de Bergman par la voie la plus directe. Mais le héros perdant sa foi de Bergman est un pasteur protestant tandis que celui de McDonagh est bien sur un catholique qui habite dans une société catholique ou on peut dire une société presque ex-catholique (bien que Orson Welles ait dit qu’il n y a pas d’ex-catholiques). Hors du sujet de pédophilie dans l’Église catholique qui a servi comme un point de départ pour la création du scénario, on note des relations de genre particulières il y a longtemps aux sociétés catholiques dans les films, par exemple ceux de Luis Buñuel et Federico Fellini. Trahisons ouvertes dans le mariage, la haine sanguinaire des femmes, l’absence totale des mariages heureux normaux. Ce fond sombre lance un défi aux compétences pastorales de notre prêtre. D’ailleurs McDonagh n’est pas venu pour flageller des débauchés et des corrompus se cachant dans cet endroit à première vue paisible et beau comme sur une carte postale — c’était le but du film précédent du réalisateur, bien que ce soit difficile de ne pas noter la rangée lumineuse de personnages mineurs — vivants et interessants. Aujourd’hui le réalisateur irlandais veut regarder dans l’âme de son héros dans lequel Brendan Gleeson s’est transformé expressivement (dans «The Guard» il simplement jouait son personnage) pour trouver les bases de l’église qui se dressait et se dressera sur les épaules de ces types vraiment folkloriques dont sagesse naturel et force interne sont plus importantes pour le Corps du Christ que les connaissances du livre des cardinaux. En effet c’est un vrai plaisir de trouver aujourd’hui un film profondément religieux qui serait si joliment tourné et joué de manière impressionnante.