*** The Tragedy of Macbeth, 2021. Welles est plus vivant que tous les vivants.

Tragedy of Macbeth
Enfin, le duo de frères Coens s’est séparé. Le film récent, étant sorti cinq ans après le dernier long-métrage de Joel et Ethan, est signé seulement par le frère aîné Joel. Selon le titre, le film est une autre adaptation de la tragédie immortelle de Shakespeare. Cette fois, un couple marié d’aristocrates écossais ayant des prétentions au trône est joué par Denzel Washington et Frances McDormand, l’épouse de réalisateur. L’adaptation est assez fidèle, bien que légèrement raccourci, donc Joel n’a pas eu besoin de son frère et ses talents de dramaturge. Il n’y a pas aussi de trucs postmodernes et ruptures de clichés et stéréotypés de genres, et l’action se déroule en Ecosse médiévale.
Les particularités du style du réalisateur sont immédiatement évidents dans le film — l’image est noir et blanc et le format de cadre est académique – 1,37:1. Les mis-en-scènes sont très théâtrales, presque tout le film est tourné dans un plateau de tournage est le décor est très simple et laconique, atteignant l’abstraction géométrique des tours et des murs du château. Une autre chose qui saute aux yeux, c’est un acteur noir dans le rôle principal. Pourquoi on utilise tel casting qui a provoqué des questions déjà au stade de l’annonce de l’équipe du film ? Pourquoi Joel Coen, un réalisateur de grandes possibilités, se limite par un décor conditionnel au lieu de tournage dans les vrai marais, comme, par exemple, Akira Kurosawa a fait dans sa version de la pièce ? Il semble que la réponse soit en fait très simple. Joel Coen juste voudrait faire un remake de la version de «Macbeth» tourné par Orson Welles en 1948. Avant son départ en Europe, Orson Welles a réussi à tourné ce film dans un plateau de tournage avec les restes de décors et de costumes des autres films. Son style très laconique de huis clos est répété fidèlement par Joel Coen qui juste a construit un vrai château là où Wells dut se contenter d’une grotte. Quelques acteurs noirs (e. g. Corey Hawkins comme Macduff) peuvent être expliqués par la tolérance et la lutte contre inégalité. Leur présence peut être expliquée par l’image «cinquante nuances du gris» qui brouille quelque peu les différences entre les acteurs avec des couleurs de peau différentes. Mais aussi, on doit se rappeler qu’en 1936, Orson Welles a déjà mis en scène cette pièce au théâtre sous le titre «Voodoo Macbeth» et uniquement avec des acteurs noirs. Donc, Denzel Washington est une autre hommage à Orson Welles.
Le film de Joel Coen est un pur délice cinématographique pour les cinéphiles nostalgiques à cause de l’utilisation de l’image noir et blanc de la proportion académique et du tournage de pavillon. Mieux que ça, un grand directeur de la photographie Bruno Delbonnel qui a déjà travaillé pour Coens crée une image contrastée géométrique, une pur abstraction dans le style de meilleurs films de Fritz Lang des années 1920. La netteté et la clarté de son travail coupe l’œil, et Orson Welles lui-même l’envierait. Également, il faut noter que la musique dans le film de 2021 est plus élégante et subtile que celle d’Orson Welles.

Tragedy of Macbeth
À première vue, il peut sembler que des nouvelles ambitions créatives se sont réveillées en Joel Coen qui voulait essayer quelque chose de fondamentalement nouveau en termes de style. Mais en réalité, le film en cause s’inscrit très bien dans la filmographie de Coens. Presque toujours, ils cherchaient moins à créer quelque chose de nouveau que de retourner l’ancien, c’est-à-dire, les films américains de passé y compris les films des années 1930-1940. «The Tragedy of Macbeth» est un exemple suivant d’un remake, mais cette fois, un peu plus exact que d’habitude.

Тезисно:
1. Первый полнометражный фильм, снятый после распада (кратковременного?) дуэта братьев Коэн, является очередной экранизацией трагедии Шекспира. Режиссёром выступил только Джоэл Коэн.
2. Стилистически сразу бросаются в глаза следующие яркие элементы авторского решения: академический формат кадра, чёрно-белое изображение, чёрно-белый кастинг (Дензел Вашингтон в главной роли), нарочитая условность декораций, нарочитая театральность, которая включает в себя фронтальные мизансцены и звуковые реверберации характерные для помещения даже в формально натурных сценах.
3. Фильм отличает очень красивое, геометрически-абстрактное и контрастное художественное решение, осуществлённое Бруно Дельбонелем.
4. Поначалу кажется, что это в Джоэле Коэна проснулись (уже в который раз после «Серьёзного человека») творческие амбиции, и он решил показать, что он не просто режиссёр жанровых постмодернистских картин, играющих с драматургическими клише, а режиссёр, способный оригинальным образом поставить классическое произведение (действие всех прочих картин братьев всегда происходило в США не раньше середины XIX века).
5. Однако, можно легко заметить, что все вышеперечисленные элементы стиля были использованы Орсоном Уэллсом в его двух «Макбетах»: в театре в 1936 году, и в кино в 1948. По сути, перед нами больше ремейк, а не реэкранизация, упражнение в стиле, попытка повторить работу Уэллса на новом витке развития кино, с более интересной музыкой и более технически совершенным изображением. В этом контексте фильм как раз идеально вписывается в фильмографию братьев Коэн, которые всю жизнь занимаются пересъёмкой старых американских картин.

** Don’t Look Up, 2021

Un grand météorite s’approche de la Terre… Un début classique pour un film de catastrophe devient chez Adam McKay le début d’un film satirique. Deux astronomes, Dr. Randall Mindy (Leonardo Di Caprio) et Kate Dibiasky (Jennifer Lawrence) découvrent un météorite qui va tuer la Terre dans six mois. Une réunion d’urgence avec le président des États-Unis ne donne aucun résultat — un général du Pentagone s’avère être un escroc, et le président est une femme narcissique stupide (Meryl Streep), préoccupée uniquement par sa сote de popularité. Ensuite, les héros obtiennent du temps d’antenne sur une émission de télé super populaire. En vain – les scientifiques «n’ont pas suivi de cours de communication médiatique». En résultat, Kate est marquée du sceau d’hystérique, son copain la quitte après l’émission. Dr. Randall plaît beaucoup à la joli présentatrice Brie Evantee (Cate Blanchett) qui lui fait son amant. En tout cas, l’actualité de la météorite s’estompe dans l’ombre en raison du mariage d’une chanteuse de pop. Après un certain temps, l’administration du pays, avec la présidente, revient sur le problème de la météorite, réalisant le potentiel de propagande de la lutte contre un objet extraterrestre. Un milliardaire et magnat des médias un peu autistique Peter Isherwel (Mark Rylance) se porte volontaire pour aider au monde, mais au dernier moment il refuse de détruire la météorite, y ayant trouvé des gisements de métaux des terres rares. Le plan visant à extraire soigneusement le trésor de la pierre cosmique a pris trop de temps à se développer, et en même temps les Russes n’ont jamais appris à lancer des fusées spatiales pour éliminer eux-mêmes la menace…
Dont Look Up

Netflix nous présente un film de sketch plutôt qu’un vrai film long-métrage. En fait, c’est presque un pur pièce de télévision avec beaucoup de dialogues, qui s’intègre parfaitement sur le petit écran. Le scénario a été écrit avant de l’épidémie de COVID-19, mais le film deviendra un commentaire parfait sur l’épidémie et sur toute la guerre de l’information qui accompagne la lutte mondiale contre la maladie. Cependant, au lieu d’un virus ou d’une météorite, absolument tout peut être substitué dans un tel complot. L’idée principale ne changera pas – l’humanité d’aujourd’hui vient de perdre l’esprit critique et est en dépendance totale vis-à-vis des réseaux sociaux et des flux d’actualités d’une minute. Les penses d’auteurs se prévalent sur le contenu et la forme. Ce n’est pas tant parce que les personnages sont stéréotypés et caricaturaux : c’est ainsi que cela devrait être par genre : un magnat sans empathie, un chef de cabinet de la Maison-Blanche très stupide etc. C’est parce qu’il n’y a pas de dramaturgie clair et séquentiel de l’histoire. Le temps de récit pendant ces six mois d’attente saut constamment et la plupart de personnage reste sans changement (par exemple, Mark Rylance dont le potentiel d’acteur est supérieur à celui présenté dans le film). D’autre part, le héros de Di Caprio est nouveau dans chaque scène — tantôt un scientifique timide, tantôt un amoureux éhonté d’une star de la télévision, qui a quitté sa femme et ses deux fils, puis à nouveau un mari fidèle, lisant un mot d’adieu sincère lors du dernier dîner de famille. Les scènes elles-mêmes sont d’actualité et drôles, mais il est dommage qu’elles n’aient pas été liées à une seule ligne dramatique et émotionnelle.

Тезисно:
1. Фильм представляет собой яркую сатиру на современное общество, зависимое от сиюминутного контента соцсетей.
2. Формально фильм о метеорите, но сценарий идеально ложится на современную ситуацию с эпидемией COVID-19.
3. Обладая ярким актёрским составом, фильм по сути распадается на ряд скетчевых сцен. Время повествования хаотично скачет, решения героев непредсказуемо меняются туда-сюда на ходу, а персонажи или крайне шаблонные (что соответствует жанру), или же наоборот постоянно и неоправданно быстро меняются от сцены к сцене (герой Ди Каприо).
4. Картина телевизионная по стилю, как раз хорошо годится именно для маленького экрана.

*** House of Gucci, 2021. Lady Macbeth du district de Milan

Ridley Scott a consacré son dernier projet à la maison de mode Gucci et à l’histoire de guerres féodales autour de la marque. Le premier pas vers la chute était une rencontre dans une boîte de nuit Maurizio Gucci (Adam Driver) avec une Italienne très passionnée et persistante — Patricia Reggiani (Lady Gaga). Rudolfo, le père de Mauricio (Jeremy Irons), un esthète sophistiqué avec une très bonne intuition, a refusé de bénir cette union, et Maurizio a été contraint de quitter sa maison riche et de prendre un travail comme ouvrier dans un dépôt de bus de son beau-père. Après le mariage inévitable, Patricia a commencé d’établir des contacts avec Aldo Gucci (Al Pacino), un frère de Rudolfo. En profitant de l’incompréhension et l’aversion mutuelles entre deux frères et entre Aldo et son fils Paolo (Jared Leto), Patricia a vissé son mari dans le coeur de la maison de couture : très vite, il est devenu un gestionnaire supérieur à New-York chez son oncle. Avec les mains de Paolo, Maurizio envoye Aldo en prison, et suite à la morte de Rudolfo, le héros principal devient le seul propriétaire de l’entreprise. Ici commence le deuxième et très court chapitre de la vie de Maurizio. À la recherche d’argent pour développer son entreprise, il se tourne vers des investisseurs arabes et rompt presque en même temps avec Patricia, réalisant qu’elle est sa Lady Macbeth. Dépourvu de talent managérial, Maurizio est contraint de vendre entièrement sa part aux Arabes, et très vite, il est tué par son ex-femme à l’aide de deux tueurs siciliens à cause de la jalousie et de l’avarice.
House of Gucci

Le réalisateur est un maître, un classique vivant. En racontant cette histoire presque entièrement composée de dialogues et donc ayant une limite mise en scénique, Ridley Scott se concentre plut tôt sur les acteurs. Le casting de film est incroyable – presque chacun est un lauréat d’Oscar (même pour une chanson) ou un lauréat futur (Adam Driver, sans doute). Ridley Scott a même trouvé la place dans cet ensemble pour l’épouse du propriétaire actuel de Gucci – François-Henri Pinault dont la femme Salma Hayek joue un rôle épisodique. Le seul problème du casting de quatre grands acteurs dans les rôles de Guccis et de Lady Gaga comme Patricia, un problème déjà beaucoup cité et noté, c’est manque de vrai ensemble. Tout le monde est bon, mais souvent tout le monde joue sa propre rôle. Lady Gaga est très excentrique et active – mais c’est exactement ce à quoi elle a droit par son rôle — une simple femme stupide qui a grimpé dans la haute société et dont les astuces simples ne la rendaient pas heureuse à long terme. La ligne de Rudolfo Gucci est marquée par la discrétion. Jeremy Irons passe la plupart de son rôle dans l’obscurité de sa villa. Un intellectuel et l’homme d’art mourant, une espèce menacée, un héros romantique («j’ai fait ce foulard pour Grace Kelly !») est une image fréquente de cet acteur. La seule scène où Irons exprime les émotions fortes, c’est un scandal avec Paolo qui a osé utiliser du marron dans ses dessins de vêtements. Assez curieusement, ç’a mis en fureur ce vieux Gucci bien plus que la fuite de son fils de la maison vers une niaise aux gros seins. L’ombre de Rudolfo est son avocat silencieux – Domenico De Sole joué par Jack Huston. Cet homme patient en noir deviendra éventuellement le PDG de la maison de mode après le départ de Maurizio. Adam Driver s’intègre dans ce film beaucoup mieux que dans «The Last Duel». Star Wars a déjà montré qu’il ne peut pas jouer les méchants. Dans «House of Gucci», le flegmatisme de l’acteur, son sourire ironique et son estime de soi intérieure, que Driver apporte à chacun de ses rôles, aide à Driver de devenir le vrai centre du film, un personnage beaucoup plus complexe que celui de Lady Gaga qui crée une image réaliste, authentique et vive, mais plate. La ligne d’Aldo est plus excentrique, surtout Paolo Gucci. Jared Leto, un fan de Gucci dans la vie ordinaire, comme d’habitude, il veut plus que tout que tout le monde voie comment il joue. Son dessin du rôle avec un maquillage complexe et beaucoup d’émotions jouées devient plus important pour l’acteur que le personnage lui-même, qui finit par rejouer gravement et s’envole de l’ensemble (ce rôle a causé le plus de plaintes des vivant Guccis). Quant à Al Pacino, l’acteur le plus grand de ce casting nous donne non seulement l’image d’un homme d’affaires sûr de lui, le rôle ordinaire pour lui, que Al Pacino peut jouer même sans se réveiller. Al Pacino est presque le seul acteur dans le film qui joue la vrai tragédie, une tragédie shakespearienne. Dans cette intrigue sur la lutte pour le pouvoir et l’argent, c’est lui qui est la principale victime de l’intrigue. L’acteur se montre très clairement la victime de la trahison, quoique brièvement (dans «The Irishman», par exemple, son personnage n’a aucun temps de comprendre quoi que ce soit).
Dans l’interprétation de Ridley Scott, l’histoire de Gucci est l’histoire de Macbeth. Le scénario a diminué gravement la quantité de Guccis (en réalité, Aldo avait quatre enfants, Maurizio, deux), et l’histoire a été simplifiée. Ridley Scott raconte une histoire d’une femme obsédée par une passion pour l’argent, qui a utilisé son mari faible pour les intrigues, et a finalement presque rien reçu. À proprement parler, Patricia a perdu beaucoup d’années de sa vie dans la prison, mais elle est libre maintenant et plus riche qu’avant son mariage à Maurizio. Ce drame est sérieux et joué par des gens respectables, donc Ridley Scott limite les images ensoleillées de dolce vita italienne. Souvent, on voit des intérieurs semi-obscurs des maisons de Rudolfo et Maurizio. En même temps, Ridley Scott est à un pas du style d’un film mafieux comme «The Godfather» (à l’exception d’une scène avec une vache, un hommage pur à Coppola). Les tons froids et gris remplacent peu à peu le soleil des premières scènes. Les costumes de ce film sont très beaux et variés (jusqu’au niveau de Wong Kar-wai – nouveaux vêtements dans chaque plan même au sein d’une scène dramatique cohérente), mais il n’y a pas de couleurs chics de Gucci moderne, seulement les costumes classiques et réservés (sauf pour la roturière Patricia). Dans le monde de Guccis, il n’y a pas de chaleur et de la lumière du foyer (c’est très ironique que la cheminée n’apparaît que dans les scènes d’aliénation des époux), parce qu’il n’y a pas de la famille. Le nom et le statut sont bien plus importants pour les créateurs de mode que les vrais liens et valeurs familiaux. Et la phrase «aucun membre de la famille Gucci ne reste dans l’entreprise» devient la principale leçon que l’auteur veut nous transmettre.

Тезисно:
1. Рассказ истории об убийстве Маурицио Гуччи его бывшей женой построен преимущественно на диалогах.
2. В данных условиях, Ридли Скотт старается сосредоточиться на актёрах, так как мизансценически его фильм довольно ограничен.
3. Кастинг фильма прекрасен (почти сплошь одни лауреаты премии Оскар), но каждый актёр играет какую-то свою роль. И если эксцентризм Леди Гаги драматургически оправдан (простушка, которая попыталась влезть на самый верх), то например, Джаред Лето играет очень нарочито и переигрывает (именно его роль больше всего критиковали оставшиеся в живых Гуччи).
4. Аль Пачино и Адам Драйвер прекрасны и на своём месте. Пачино дали сыграть трагедию предательства, которую он не сыграл только что в «Ирландце».
5. Сюжет борьбы за модный дом упрощён и превращён в современное подобие «Леди Макбет» с трагедийным финалом, когда в итоге никто не получает ничего.
6. В фильме довольно мало солнечных пейзажей и ярких костюмов. Историю кровавой борьбы за власть Скотт рассказывает в полутёмных интерьерах вилл, где действуют одинокие холодные персонажи, лишённые крепких семейных связей. Фамилия для них важнее реальной семьи, что и приводит к трагедии.

*** Benedetta, 2021. Churchgirls

Benedetta 2021
Le dernier film de Paul Verhoeven est consacré à la vie de Benedetta Carlini (1590-1661), une nonne italienne de XVIIe siècle. Déformant parfois librement les faits historiques, Verhoeven raconte l’histoire d’une fille Benedetta (Virginie Efira) qui a été placée par ses parents riches dans un couvent en Toscane. Dans le saint monastère, l’héroïne tombent amoureux d’une fille. La soeur Bartolomea (Daphné Patakia) est une paysanne qui a enfuit de son père à cause de viols constants. En même temps, Benedetta, une jeune fille impressionnable, commence à avoir des visions du Christ. Ensuite, elle découvre des stigmates sur elle-même après le sommeil, ce qui alarme l’abbesse Felicita (Charlotte Rampling), parce que François d’Assise a obtenu les siens pendant la prière. Cependant, Benedetta, évidemment choisie par le Christ, est choisie comme une nouvelle abbesse. Une cellule séparée donne enfin à la nonne la possibilité de s’adonner à des passions lesbiennes avec sa sœur. Ce que Benedetta ne sait pas, c’est l’existence d’un trou dans le mur à l’aide duquel l’ex-abbesse obtiendra la possibilité de devenir la témoin d’un coït très blasphématoire. Mais Benedetta a déjà goûté le pouvoir et ne le cédera pas sans se battre…

Benedetta 2021
C’est un vrai plaisir de regarder le film d’un réalisateur qui continue à travailler activement à l’âge d’environ 80 ans sans avoir perdu son expérience et professionnalise. Tout d’abord, «Benedetta» est un beau film (photographie par Jeanne Lapoirie). Si «Elle», le film avant-dernier de Verhoeven, était presque fincherien — sombre et brun, privé des couleurs vivants, «Benedetta» est un film dont la décision coloriste est basée sur un poncif très répandu dans les années récentes — «teal and orange». Bien que l’action de film se déroule en Italie ensoleillée, les scènes extérieures du jour peu en peu cèdent leur place aux scènes intérieurs et les scènes de la nuit. La combinaison du clair de lune et des bougies et torches, banale mais à la mode, donne à une histoire sombre son éclat. De plus, l’utilisation par Verhoeven des rideaux translucides dans ses mis-en-scènes érotiques nous envoye vers von Sternberg et Mizoguchi, des vrais masters des voiles.
En filmant l’histoire d’une nonne-lesbienne, le réalisateur marche sur une pente glissante. Un faux pas — et le créateur s’est glissé dans le marais de «nunsploitation». Dans la filmographie de jeune Verhoeven nous pouvons trouver un film de la renaissance «Flesh and Blood» (1985) dont la représentation naturaliste de sexe et de violence est proche à «Flavia, la monaca musulmana» (1974), l’un des film de nunsploitation classique. En 2021 Verhoeven essaie de trouver un chemin artistique plus profond et réaliste (bien sur, il n’en va pas de même pour la mise en scène des corps féminins, trop beaux et soignés pour la Renaissance, et de plus avec des aisselles rasées). Dans le scénario de David Birke et Paul Verhoeven, on unit trois lignes de la dramaturgie principales : l’amour, la foi et le pouvoir. Aucun éléments peuvent exister sans l’autre et ça crée un récit solide et dynamique. L’image de Bartolomea est simple — c’est une petite diabolique manipulatrice de cheveux noirs qui ne cherche que ses propres plaisirs dans le couvent. Elle a fuit son père cruel et maintenant elle-même joue un rôle masculin en séduisant sa soeur spirituelle et en la pénétrant comme un homme d’une manière choquante pour une personne religieuse. C’est une tout autre affaire — l’image de Benedetta, le personnage le plus compliqué de ce film. Benedetta, sans doute, a beaucoup de force mystique qui peut créer des miracles et stupéfier des gens. Au fur et à mesure de son élévation vers le poste d’abbesse et le statut d’une sainte vivante, nous voyons un changement fort de son comportement, son visage, sa manière d’agir. Sous nos yeux, une douce fille naïve, possédée par d’étranges visions primitives, se transforme en prophétesse démoniaque, possédée par des esprits des ténèbres, dont les yeux peuvent bruler par une flamme noire. Ici on peut, naturellement, se rappeler Nomi manipulatrice de «Showgirls», mais en fait, elle était une criminelle agressive dès le début de film, tandis que Benedetta est une vraie fille vierge au début du film.
Bien que le film n’ait pas la force de commentaire large sociale d'»Elle», le film avant-dernier de Verhoeven, un travail plus radical et choquant (qui peut être choqué par les scènes de torture ou de la peste dans un film sur Renaissance ?), «Benedetta» est le film qui mérite l’attention de spectateur, surtout dans le paysage du cinéma d’aujourd’hui où les sujets religieux ne sont pas si répandus qu’au milieu de XX-e siècle.

** Dune, 2021.

Une quarantaine d’années après l’échec de David Lynch, Denis Villeneuve a essayé d’adapter au grand écran le roman éponyme célèbre de Frank Herbert. L’action se déroule dans un futur lointain. Le duc Leto Atréides (Oscar Isaac) devient un gouverneur de la planète Arrakis ou Dune. Cette planète est très importante pour l’Empire transgalactyque à cause de grands vers produisant «l’Épice», une drogue indispensable pour les voyages interstellaires. Bientôt, l’Empereur Shaddam IV a envoyé sur Dune ses légions pour aider à baron Vladimir Harkonnen (Stellan Skarsgård) d’écraser la maison d’Atréides. Le duc et ses gardes sont tués, mais son fils Paul (Timothée Chalamet) et sa concubine Jessica (Rebecca Ferguson) se cache dans les déserts de Dune avec les peuple autochtone de cette planète, les Fremen, qui prennent Paul pour l’Élu des anciennes prophéties. À suivre…
Dune 2021

La première chose qui doit être prononcée juste au debut d’une conversation sur «Dune», c’est le fait que le film de Villeneuve n’est pas un film complet à valeur requise. On doit le considérer juste comme un tiser, une exercice de style, des tests d’écran. La super-tâche de Villeneuve, qui est un fan du roman depuis sa jeunesse, est sans doute non seulement de créer le film sur Dune, mais de créer le monde de Dune et y habiter aussi longtemps que possible, juste comme Alexeï German pendant le tournage de ses deux derniers films. Le processus est beaucoup plus important pour le réalisateur qu’un résultat. C’est pourquoi le film est longue et lent comme une série, c’est pourquoi on a l’intention de créer au moins deux films.
Le matériel du roman s’est avéré plus grand est sérieux pour les ambitions de Villeneuve. Malgré la vitesse baisse de narration, les pensées globales d’Herbert sur la politique, le pouvoir, l’écologie ont enfui le film. En effet, c’est une situation ordinaire pour les adaptations de grands romans et une situation attendue, vu que Villeneuve est plutôt le réalisateur de petite forme. Ce qui est bien pire, c’est la perte d’émotions dans le film. Le laconisme émasculé de la représentation visuelle, dont nous parlerons bientôt, a également affecté le jeu d’acteurs et les images des personnages. Presque tout l’ensemble des acteurs joue non seulement avec réserve, mais aussi d’une manière très stéréotypée, soit un monarque sage d’Isaac, le méchant principal de Skarsgård, un guerrier courageux de Momoa etc. C’est un ensemble de stéréotypes appropriés dans Star Wars, mais pas dans un film qui prétend être de la science-fiction intellectuelle (et il ne peut en être autrement, car Villeneuve, malheureusement, ne sait pas tourner les scènes de bataille et d’action). Bien que le talent de Skarsgård soit incomparable à celui de Kenneth McMillan, le baron de 2021 est incomparablement plus ennuyeux que celui de 1984. Vu que tous les acteurs sous-jouent, un jeu émotionnel sur le point d’hystérique de Rebecca Ferguson semble très «trop» dans ce film. Quant à Timothée Chalamet, il n’a ni force intérieur ni talent pour jouer un messie. Il juste joue un personnage qui ne peut que prétendre d’être lui depuis le vrai début de film. C’est triste que Keanu Reeves est vieux aujourd’hui, parce qu’il a toujours réussi à jouer les rôles d’élus.
Qu’est que le film, privé dans sa narration de l’amour, de l’humeur, du suspense, de la peur, de toutes les émotions fortes (l’une scène de Lynch où le baron boit le sang d’un jeune homme, malgré le jeu très non naturel de deuxième plan, est plus interessante et émotionnelle que tout le film pris en considération), peut nous donner ? La beauté. Pas la beauté d’un désert comme quelqu’un écrit, parce que le désert d’Arrakis est mort et sombre. Si vous voulez de voir un désert vraiment cinématographique, il faut regarder «The Sheltering Sky» de Bernardo Bertolucci ou «Mad Max: Fury Road» de Georges Miller. La beauté de style laconique sur tous les niveaux de la direction artistique. Les paysages rocheux vides riment avec d’immenses salles vides, rappelant toujours des grottes. La couleur des décors et des costumes (il n’y a pas tout à fait du baroque lynchien) s’accordent parfaitement à la moindre nuance et forment une palette détaillée, construite sur seulement deux couleurs : le jaune et le gris. Bien que l’espace de l’écran est plat et unidimensionnel comme d’habitude dans le cinéma de grand public hollywoodien, la photographie de Greig Fraser est incroyable beaux. Je ne me souviens pas un film où le chef opérateur travaille si bien avec des objets hors la zone de mise au point de l’objectif et utilise si bien l’image floue en raison de l’utilisation d’hologrammes, de boucliers protecteurs, d’ailes d’ornithoptères, ou du fait que les personnages sont cachés par une tempête de sable.
C’est à dire, «Dune» n’est pas un film pour réfléchir ou sentir (pas pour écouter non plus, parce que la musique de Zimmer est très de fond et ordinaire et le niveau de sons est pauvre), c’est un film pour voir et regarder.

1. «Дюна» Вильнёва не является полноценным фильмом, и не должна таковым восприниматься. Это скорее тизер и упражнение в стиле.
2. Сверхзадача обожающего роман режиссёра — создать себе мир «Дюны» и пожить в нём как можно дольше за счёт студии WB. Отсюда общая медитативность и пейзажность картины.
3. На уровне production management фильм очень цельный — идеально выверенная лаконичная палитра тусклого жёлтого и насыщенного серого. Полный минимализм, корабли самых простых геометрических форм и отсутствие яркого барочного стиля, который местами пытался создать когда-то Линч.
4. Абсолютно завораживающая работа оператор Грега Фрэйзера. Как всегда в Голливудском мейнстриме, здесь нет глубокого многопланового пространства, но как Фрэйзер работает с зонами нерезкости! Я давно не видел фильма, где так красиво умеют использовать расфокус и общую размытость кадра.
5. Пейзажи хороши, но они очень сдержанно сняты. Пустыня здесь, как и полагается, абсолютно мёртвая, без души. Хотите красивую пустыню — смотрите Бертолуччи или Миллера.
6. На этом фоне работа со звуком очень и очень скромная, а музыка Циммера скорее фоновая и не запоминается.
7. Материал, конечно, оказался слишком серьёзным для Вильнёва. В итоге даже при обилии диалогов (от этого трудно избавиться) и почти сериальном темпе пропадают политические и прочие экологические подтексты Герберта.
8. Также не хватает эмоционального наполнения. Актёры очень сдержанно играют и, скорее недоигрывают или играют шаблоны (мудрый сказочный царь Оскар Айзека). В итоге эмоциональная игра Ребекки Фергюсон смотрится как жуткое переигрывание. Что касается Тимоти Шаламе, то, простите, но он лишь играет человека, претендующего на статус избранного, причём с первого кадра. У него в силу возраста или ещё чего-то нет внутренней силы. Жалею, что Киану Ривз стар, чтобы сыграть Пола. У него такие роли очень хорошо получались.
9. В фильме нет любви, нет саспенса, нет ярких батальных сцен (Вильнёв их не умеет снимать), нет подлинных эмоций. Это тоже элемент стиля, но для меня одна сцена у Линча, когда барон пьёт кровь юноши, при всей наигранности второго плана, более эмоциональная и сильная, чем весь фильм Вильнёва.

** No Time to Die, 2021. Elle s’appelle Bond

C’est, en fait, «Time to Die» au contraire au titre du 25e film officiel sur James Bond. L’ère d’un Bond suivant est terminé. Daniel Craig quitte la franchise juste après ce film de Cary Joji Fukunaga. C’est symboliquement que pendant la pause entre Bond 24 et Bond 25, deux James Bonds sont morts – Roger Moore (2017) et Sean Connery (2020). Dans le film de Fukunaga, Bond est un retraité qui vit seul après la rupture avec Madeleine Swann (Léa Seydoux) — Bond pense qu’elle l’a trahi il y a 5 ans quand Bond a failli mourir suite à un attentat en Italie sur la tombe de Vesper Lynd. Mais «il n’y a pas d’ex» parmi les agents spéciaux. James Bond est persuadé par Felix Leiter de CIA (Jeffrey Wright) de lui aider à trouver un certain Valdo Obruchev (David Dencik), un scientifique du MI6 qui a developper une arme biologique et qui a été kidnappé par un malfaiteur Lyutsifer Safin (Rami Malek). Cette arme «Héraclès» peut être diffusée comme un virus ordinaire, mais elle n’affecte qu’une personne avec un ADN spécifique. Après l’échec de CIA, Bond reviendra à MI6 avec la même tâche de trouver Safin et Obruchev, bien que M (Ralph Fiennes) ait déjà embauché un autre agent 007 — une femme Nomi (Lashana Lynch).

No Time To Die 2021
N’étant pas un Bond le plus vieux, Daniel Craig est, en tout cas, très vieux pour ce rôle. En effet, un agent retraité, pas très actif, est un très bon sujet pour partir dignement. Bien sûr, ça limite la quantité des scènes d’action, surtout de combat rapproché — c’est drôle de regarder Craig de se battre contre Dali Benssalah qui est presque deux fois plus jeune. Ce n’est pas étonnant que Bond ne le batte qu’avec une technologie de Q. La bondiade de Craig était, peut-être, la bondiade la plus cohérent grâce aux liens entre toutes les cinq séries. Il y avait beaucoup de personnages communs entre les séries, pas seulement Q, M, 007 et Moneypenny. Le chemin de 007 a été parcouru du début à la fin — de la première tâche à la dernière. Une certaine nombre de personnages principaux ont été tués, et c’est le temps de tourner définitivement la page. Comment ça a été fait ?
La chose la plus interessante de tous les films de Bond, c’est la réaction de la série sur les processus sociales, économiques et politiques de chaque époque. Quand on a réalisé qu’un jeu d’effets spéciaux n’était pas très convenable pour un thriller d’espionnage et c’est le territoire de la fantasy et de la science-fiction, on a prudemment renouvelé la franchise après «Die Another Day» (2002) comme quelque chose plus réaliste. Non seulement Bond de Craig était (et reste) le Bond le plus humain, mais «Skyfall», le meilleur film avec Craig, et peut-être, le meilleur dans toute la franchise sauf «Dr. No», a complètement renoncé aux gadgets : seulement une radio, une vieille voiture et des grenades artisanales dans le style des guérilleros de l’IRA. Les producteurs ont dans le temps pris en comte le rétrécissement de la société de consommation. «Skyfall» est la culmination de Craig. Quels signes des temps peut-on trouver dans le dénouement ? Premièrement, c’est le virus. Incroyable, mais les créateurs du film ont commencé à travailler sur le sujet d’un virus mortel un an et demi avant de la tragédie mondiale de coronavirus, dont la présence a retardé la première du film d’un an, créant un écart presque sans précédent de 6 ans entre les deux films. Aujourd’hui, quand même des super-héros ont des familles (Superman, Ironman), un homme à femmes aurait l’air très démodé. Les temps sont conservateurs maintenant, et le mouvement #MeToo a rend ce type de masculinité un peu toxique. Comme résultat, Bond se couche avec la femme juste une fois, et cette femme est la mère de son enfant. Soit dit en passant, avec la bravade (partie à cause de l’âge du héros) et la détente sexuelle, les paysages lumineux ont disparu aussi. Les aventures se déroulent dans les forêts désolées de Norvège, sur une base militaire froide, à Matera (il est difficile d’imaginer une ville plus étrangère pour Bond classique — l’une des régions les plus déprimées d’Italie).
Les mots du titre de cette revue font référence aux deux héroïnes. Premièrement, c’est Mathilde, une fille enfin née après 60 ans de promiscuité de son papa. Deuxièmement, c’est un nouveau l’agent 007, Nomi, une femme noire très adroite. Avant, ce type de femmes pouvait être juste une arme dans les mains du protagoniste (Halle Berry dans «Die Another Day») ou antagoniste (Grace Jones dans «A View to a Kill»). Maintenant, elle est une employée de MI6, et elle a même déjà obtenu le permis pour tuer. Elle n’a pas encore le permis pour boire tout ce qui brule et baiser tout ce qui bouge, mais, peut-être, c’est une question du temps. En tout cas, c’est une petite victoire de féminisme (bien que «male gaze» reste), déjà prédite par David Fincher dans «The Girl with the Dragon Tattoo».
Ce qui est étonnant, c’est le retour de poncifs et cliches démodés, comme si, après s’être adaptés à de nouvelles coutumes, les auteurs manquaient de fantaisie. La base russe où un méchant laid forge des armes pour détruire le monde. Sérieusement ? Un cliché de l’époque de Moore et Brosnan au XXIe siècle ? Nous espérons que ces sujets mourront avec la figure de Bond de Craig, et on va vraiment renouveler la franchise pour nous surprendre dans le bon sens.

1. Перед авторами стояла задача достойно перевернуть последнюю страницу Бондиады с Крейгом. Учитывая возраст актёра, который потерял форму раньше Роджера Мура, игравшего до 58, Бонда благоразумно сделали пенсионером, который уже 5 лет как не у дел (разница между Бондом 24 и Бондом 25 должна была составлять 5 лет).
2. Из-за возраста стало меньше эффектных сцен и трюков, особенно рукопашных схваток.
3. Авторы бондиады, как всегда, попытались чутко уловить общественные процессы, прежде всего, движение MeToo и другие победы феминизма. В результате донжуанство Бонда было уничтожено и бывший агент 00 ложиться в постель с женщиной один единственный раз, и то с матерью своего ребёнка (!).
4. Видимо, в результате этого консерватизма и старения героя, из фильма пропали яркие пейзажи — набор локаций (депрессивный юг Италии, Норвегия, военная база на Курилах) и визуальное решение довольно скромные.
5. Удивительна прозорливость сценаристов, отработавших тему смертельного вируса до эпидемии Ковид-19.
6. То, что новым агентом 007 стала чернокожая женщина, — это победа феминизма, предсказанная ещё Финчером в «Девушке с татуировкой дракона».
7. На фоне попыток придать Бонду максимум человечности (плейбой Железный Человек завёл семью, чем Бонд хуже), удивляет использование заезженных ещё во времена Мура и Броснана клише основной сюжетной линии. Русская военная база, на которой некрасивый главный злодей готовит оружие для уничтожения мира — слишком старомодно для XXI века.
8. Глава с Крейгом была самой цельной благодаря сюжетным связям между сериями. Сейчас, когда многие ключевые персонажи убиты, очевидно, нас ждёт очередной перезапуск, и хотелось бы, чтобы нас удивили в хорошем смысле слова.
9. Фильм, конечно, обладает излишним хронометражем. Это не мешает, но и не отметить это нельзя.
10. Название «Не время умирать», конечно, должно звучать «Время умирать».

*** The Last Duel, 2021. #LadiesToo

Last Duel 2021
Le film de Ridley Scott est consacré à l’une des histoires de viol médiévales les plus connues en France. Un chevalier brusque et courageux Jean de Carrouges (Matt Damon) apprend que son épouse Marguerite de Thibouville (Jodie Comer) a été violée pendant son absence d’une semaine. Le méchant est Jacques le Gris (Adam Driver), l’ancien ami de Jean, un coureur de jupes et un protégé du compte puissant Pierre d’Alençon (Ben Affleck). Grâce au dernier, Jacques vient d’obtenir le poste de capitaine, qui devait être hérité par Jean. Se rendant compte qu’au tribunal la parole de la femme ne vaut rien contre la parole de l’homme, Jean se rend chez le roi Charles VI (Alex Lawther) et appelle officiellement Jacques le Gris au jugement divin, c’est-à-dire un duel mortel entre deux chevaliers. Selon un usage cruel, dans le cas de la mort de son mari, Marguerite sera brûlée pour le faux témoignage contre un homme.

Last Duel
Le générique de fermeture indique que l’histoire montrée est basée sur des faits réels. Ici, on peut gronder un peu sur le sujet d’une crise de scénario à Hollywood d’aujourd’hui — pourquoi au lieu d’un scénario originel, Nicole Holofcener, Ben Affleck et Matt Damon nous proposent une autre adaptation à l’écran d’un livre déjà publié («The Last Duel: A True Story of Trial by Combat in Medieval France» d’Eric Jager). Mais d’un autre côté, nous devrions plutôt dire merci aux auteurs du film, qui ont dépensé 100 millions de dollars pour un cinéma médiéval. À une époque dominée par les franchises de super-héros en spandex, Ridley Scott (qui est aussi un chevalier officiel comme son héros) nous rappelle qu’il est l’un des rares cinéastes vivant qui possède le don presque oublié de la création des films historiques. Des films où le combat au corps à corps n’est pas parce que cela semble spectaculaire à l’écran, bien qu’il soit le temps des canons laser, mais parce que c’est ainsi qu’ils se sont réellement battus. Sur l’écran, on voit des combats privés de prétentions enfantines, les combats du film avec le classement R qui n’est pas populaire aujourd’hui.
Tous les éléments principaux de ce film peuvent être trouvés dans les autres films de la filmographie scottienne. Il a déjà commencé sa carrière au cinéma par un film sur le duel, qui même s’appelle «The Duellists». Il a tourné des films sur le Moyen Âge («Kingdom of Heaven», «Robin Hood»). Il a tourné un film où le viol est un événement principal pour le sujet (mais dans «Thelma & Louise», s’était possible pour une femme de juste prendre un revolver et tuer un violeur). Maintenant, le réalisateur très expérimenté mêle l’agréable à l’utile et tourne un film qui s’intègre parfaitement dans sa filmographie. Sous les mots «agréable» et «utile», nous sous-entendons respectivement une présentation de l’époque et un commentaire sur le mouvement de #MeToo. Ridley Scott soi-même est une viсtime collatérale de cette lutte hollywoodienne contre des violeurs et agresseurs de l’industrie cinématographique — Scott a été obligé de licencier Kevin Spacey de son projet «All the Money in the World» dont la plupart a été retournée très vite avec Christopher Plummer. Maintenant, à l’époque de l’humanité et «l’égalité», pour les victimes de viols c’est très difficile parfois d’obtenir la vérité — on doit briser le «victim blaming» méprisant d’une société encore atone et patriarcale. On peut imaginer quel effort titanesque cela a coûté à une femme du XIVe siècle, une femme qui a au moins les privilèges de la noblesse.
La comparaison entre «The Last Duel» et «Rashomon» est vraiment inévitable. Pour raconter un vrai fait-divers, les scénaristes de Ridley Scott choisissent la forme déjà utilisée par Ryūnosuke Akutagawa pour décrire une viol imaginaire. 153 minutes du chronométrage sont divisées entre trois histoires ou, plus précisément, trois versions de l’événement, ou trois «vérités». La vérité du mari et suivie par la vérité du violeur et juste après deux hommes, on donne à la femme la permission de parler. C’est un vrai plaisir cinématographique à part — sur le fond de plans répétitifs, de capturer d’autres répliques ou angles, qui, d’une part, nous donnent un regard en trois dimensions sur l’histoire et, d’autre part, nous privent de la vérité, car il est insaisissable (bien que pendant le fondu enchaîné du générique du troisième chapitre, dans la phrase «la vérité selon Marguerite de Thibouville» le premier mot reste isolé quelques seconds après la disparition du nom). Seulement dans le troisième dit, rempli de larmes de femmes, on voit cette lutte contre la société. Marguerite n’est aperçue qu’une chose. Elle est la possession de son mari — ce n’est pas le viol qui est condamné, mais une tentative sur la propriété d’un chevalier. La détermination d’une femme à dire toute la vérité est condamnée par sa meilleure amie, condamnée par sa belle-mère (également une ancienne victime de viol). Le mari ne l’aime pas — pour lui, le mariage était plutôt un moyen d’améliorer sa situation financière. Jean de Carrouges est tendre à l’adresse de son épouse seulement dans sa vérité. Marguerite le décrit comme un homme grossier, préoccupé dans le lit par son propre plaisir et la volonté d’avoir un héritier. Au procès, une femme enceinte sera forcée de mentir, en répondant à des questions astucieuses sur le plaisir («la petite mort») qu’elle aurait dû avoir au lit avec son mari (et peut-être avec l’agresseur imaginaire). On voit clairement, que Marguerite a encore du bon chance — pour son mari, cette situation est non seulement la possibilité de restaurer son bon nom, mais surtout la première et la dernière possibilité de tenter tuer légitimement son offenseur et concurrent pour le poste militaire prestigieux et les territoires (Pierre d’Alençon a donné une partie de possessions foncières de la famille de Thibouville à Jacques le Gris).
Le commentaire scottien sur des actualités du monde occidental est assez du mainstream, avec peu d’ambiguïté. C’est logique, d’autant plus que le projet appartient au studio Disney, un studio plutôt conservateur et prudent. Ce qui est important au-delà de l’agenda et de la narration dynamique (avec une fin évidemment prévisible), c’est la façon dont l’histoire est racontée. Ridley Scott, qui s’est montré à son début comme un digne successeur de Kubrick, continue de tourner des films perfectionnistes à la manière de «Barry Lyndon». Scott ne se limite pas par Damon et Driver (le casting est très bon en général, sauf qu’il y a peu de mal à l’intérieur du Driver) sur fond d’un château (à propos, le château de Carrouges est encore existant et il était demeuré par les descendants du brave chevalier jusqu’au début du XX-e siècle). Le réalisateur tente de créer le monde médiéval avec beaucoup d’action sur le dernier plan de l’image. Cette plénitude d’action donne aussi un fond acoustique, et Scott, dans se film, ne détourne pas de la musique exégétique (qui est, en tout cas, bien et même tente d’être un peu médiévale). L’image de Dariusz Wolski est construite sur un contraste fort entre l’intérieur et l’extérieur. Les intérieurs sont chauds, ils sont éclairés authentiquement par des cheminées et des bougies (un bonjour parfait à Kubrick). Les extérieurs sont froids et gris — l’action se déroule plutôt aux temps froids. La scène culminante est un gâchis gris-brun de neige, d’acier et de boue. Ce n’est que dans l’épilogue que l’on voit enfin la lumière du soleil et la verdure éclatante. La beauté et la tranquillité d’un monde d’une mère, d’une femme privée enfin de l’agression masculine, un monde où Thelma et Louise ne sont jamais arrivées.

P. S. Le duel entre Carrouges et Le Gris est, en fait, l’avant-dernier. Le dernier duel judiciaire français, c’était un combat de Guy Chabot de Jarnac contre François de Vivonne en 1547.

Тезисно:
1. На уровне сюжета перед нами история предпоследней легальной дуэли во Франции — рыцарь Жан де Карруж (Дэймон) вызывает на суд божий Жака лё Гри (Драйвер), изнасиловавшего его жену Маргариту (Комер). Это история полностью базируется на реальных фактах, довольно известных во Франции.
2. Фильм прекрасно вписывается в фильмографию режиссёра, который уже снимал и про дуэли, и про Средние века, и про изнасилование.
3. Ридли Скотт — большой молодец. Хотя бы потому, что в эпоху претенциозно-детских спандексовых франшиз снимает дорогое кино о Средних Веках. Ведь хорошо снимать историческое кино — почти забытое ныне умение среди крупных режиссёров.
4. Фильм очень красивый за счёт выверенной холодной палитры и «баррилиндоновского» освещения интерьеров, построенного только на свечах и огне каминов.
5. История рассказана в стиле «Расёмона», точнее, литературного первоисточника Акутагавы. Точно также нам дают три версии («правды») истории: правда мужа, правда злодея и правда жертвы. Разумеется, они не совпадают, и отдельное кинематографическое удовольствие — ловить чуть изменённые ракурсы или реплики, когда повторяются уже виденные кадры какой-то сцены.
6. Актуальность высказывания не вызывает сомнений — авторы фильма поддерживают движение #MeToo и дают исторический комментарий. Сегодня-то жертвам насилия сложно доказать правду и приходится бороться с осуждением патриархального общества, а что уж говорить про Средние века, когда слово женщины ничего не значило, да и сама она считалась собственностью мужа. Маргарите стоит титанических усилий добиться правды на унизительнейших публичных допросах.
7. В фильме Скотт попытался построить мир — насытить кадры второплановым действием, чтобы действительно погрузить зрителя в эпоху.
8. Музыки в картине не много благодаря насыщенному звуковому фону, и она старается быть средневековой, а не стандартной голливудской.