Ayant participé dans deux film sur Batman, Joker enfin a obtenu un film propre réalisé par Todd Phillips. Arthur Fleck (Joaquin Phoenix) travaille comme clown, habite avec sa mère et vit presque seulement dans le monde de ses rêves — la réalité est cruel et sombre, tandis que dans l’imagination Arthur est un comédien invité à l’émission de télé très populaire de Murray Franklin (Robert de Niro) et il a une liaison avec une jolie voisine solitaire. Un gars mince et craintif, Arthur est inscrit auprès d’un psychothérapeute. Suite aux coupes budgétaires le service d’aide psychothérapeutique est fermé et c’est seulement l’un des problèmes tombés sur la tête d’Arthur dans quelques jours. Arthur est frappé par les ados dans la rue, il perd son travail, perd sa mère et sa première performance comme comédien dans un club échoue. Pire que ça — quelqu’un envoie l’enregistrement de la performance d’Arthur à Murray Franklin qui se moque de lui et l’appelle Joker. Privé de médicaments, Joker commence à venger à toute la société pour sa vie inutile. Il s’avère que la violence est le chemin le plus facile pour Arthur pour prouver qu’il n’est pas nul, vu qu’un collègue lui a donné un jour un pistolet. En tuant trois mauvais garçons riches travaillant pour Thomas Wayne (le père de Batman) dans le métro, Arthur devient le porte-parole de la haine des pauvres contre les riches et son masque de clown devient le symbole de cette protestation. Étant donné que le masque est le seul indice, la police ne peut pas attraper le tueur. Resté libre, Arthur va à l’émission de Murray Franklin et après un court monologue tue son moqueur en direct provoquant une vague immense de violence qui noie la ville Gotham dans le sang et le feu.
La nostalgie c’est l’un des vecteurs les plus importants du cinéma américain d’aujourd’hui. Deux exemples très significatifs de cette tendance ce sont «Once Upon a Time in Hollywood» et «The Irishman» qui rivalisent avec «Joker» pour l’Oscar du meilleur film. Le temps d’action de «Joker» est 1981 — la fin d’une décennie très orageuse quand la quantité d’assassinats a brusquement monté et les films cruels du Nouvel Hollywood ont rempli les écrans. C’est impossible de ne pas lier le film de Todd Phillips avec les films de cette époque-là. Parmi le cinéma de cette époque deux films viennent premièrement à l’esprit : «Death Wish» (1974) et «The King of Comedy» (1983). Il semble que les premiers meurtres commis dans le métro au moyen d’un revolver donné soient venus de «Death Wish» où un pacifiste joué par Charles Bronson ouvrit la saison de la chasse aux criminels pour le bonheur de tous les new yorkais ordinaire. Mais Paul Kersey, l’un des vigilants cinématiques les plus célèbres, aide la police à mettre de l’ordre dans la ville tandis que Joker la plonge dans le chaos et la violence. Ce n’est pas la différence des utiles c’est la différence des exécuteurs. Paul Kersey est un homme raisonnable conduit au désespoir, Joker est dès le début un psychopathe utilisant des antidépresseurs. Joker est une version plus grave de Rupert Pupkin et le film de Todd Phillips est inséparable de celui de Martin Scorsese. Rupert Pupkin joué par Rober De Niro était un fou qui rêvait de passer dans l’émission de Jerry Langford et à la fin il a obtenu ses dix minutes de la gloire. Pupkin n’a qu’un seul rêve et en réalité pas trop dangereux. Il n’est pas intéressé par la situation qui l’entoure. On peut vraiment imaginer que Murray Franklin joué par Rober De Niro lui-même, un comique qui n’est pas très talentueux, c’est Rubert Pupkin après une bonne trentaine d’années. Maintenant un autre comique de stand-up raté grandit. Celui qui veut non seulement assister à l’émission mais aussi faire un geste cruel exprimant le désespoir des couches inférieures. Joker devient le nouveau messie, le messie toujours plus proche aux gens ordinaires que son adversaire éternel — Batman (on voit ça clairement dans les films de Christopher Nolan).
Le succès festival de «Joker» et «The Shape of Water» montre la puissance du cinéma de genre moderne et le changement d’échelle des valeurs dans le septième art. Le succès festival de «Joker» et «La vie d’Adèle» prouve qu’aujourd’hui les band-dessinés sont quelque chose plus grande et significatif qu’un divertissement pour les adolescents. C’est évident que sans utilisation de la marque «DC» et le nom de l’ennemi juré de Batman l’histoire d’un autre guignard ne sera pas si populaire. Mais même la plaque signalétique de «DC», est-ce qu’elle peut expliquer un milliard de dollars de frais de cinéma ? Il y a quelques autres éléments qui rend le film attrayant pour le grand public. «Joker» est tourné très traditionnellement et le scénario linéaire est écrit par l’un des zombies (j’utilise le mot de Charlie Kaufman) qui ont assisté à l’un des master-class de Robert McKee et mémorisé le mot «l’événement induisant» (il y en a beaucoup : l’humiliation, le chômage, la mort de la mère, manque des tablettes etc.). Le jeu de Joaquin Phoenix — c’est vraiment une seule pierre précieuse dans le film. Une autre réincarnation magnifique de cet acteur qui devient de plus en plus fort au fil du temps est le plaisir cinématographique incroyable et un exploit d’acteur. Mais honnêtement cela peut ne pas suffire. Peut-être la force de «Joker» c’est la possibilité de saisir le zietgeist, les vraies pensées dans les têts des gens qui s’enfuient la réalité aux séances de Marvel mais dans la profondeur de leurs cœurs ils veulent changer la réalité à la manière d’Arthur Fleck.