*** Benedetta, 2021. Churchgirls

Benedetta 2021
Le dernier film de Paul Verhoeven est consacré à la vie de Benedetta Carlini (1590-1661), une nonne italienne de XVIIe siècle. Déformant parfois librement les faits historiques, Verhoeven raconte l’histoire d’une fille Benedetta (Virginie Efira) qui a été placée par ses parents riches dans un couvent en Toscane. Dans le saint monastère, l’héroïne tombent amoureux d’une fille. La soeur Bartolomea (Daphné Patakia) est une paysanne qui a enfuit de son père à cause de viols constants. En même temps, Benedetta, une jeune fille impressionnable, commence à avoir des visions du Christ. Ensuite, elle découvre des stigmates sur elle-même après le sommeil, ce qui alarme l’abbesse Felicita (Charlotte Rampling), parce que François d’Assise a obtenu les siens pendant la prière. Cependant, Benedetta, évidemment choisie par le Christ, est choisie comme une nouvelle abbesse. Une cellule séparée donne enfin à la nonne la possibilité de s’adonner à des passions lesbiennes avec sa sœur. Ce que Benedetta ne sait pas, c’est l’existence d’un trou dans le mur à l’aide duquel l’ex-abbesse obtiendra la possibilité de devenir la témoin d’un coït très blasphématoire. Mais Benedetta a déjà goûté le pouvoir et ne le cédera pas sans se battre…

Benedetta 2021
C’est un vrai plaisir de regarder le film d’un réalisateur qui continue à travailler activement à l’âge d’environ 80 ans sans avoir perdu son expérience et professionnalise. Tout d’abord, «Benedetta» est un beau film (photographie par Jeanne Lapoirie). Si «Elle», le film avant-dernier de Verhoeven, était presque fincherien — sombre et brun, privé des couleurs vivants, «Benedetta» est un film dont la décision coloriste est basée sur un poncif très répandu dans les années récentes — «teal and orange». Bien que l’action de film se déroule en Italie ensoleillée, les scènes extérieures du jour peu en peu cèdent leur place aux scènes intérieurs et les scènes de la nuit. La combinaison du clair de lune et des bougies et torches, banale mais à la mode, donne à une histoire sombre son éclat. De plus, l’utilisation par Verhoeven des rideaux translucides dans ses mis-en-scènes érotiques nous envoye vers von Sternberg et Mizoguchi, des vrais masters des voiles.
En filmant l’histoire d’une nonne-lesbienne, le réalisateur marche sur une pente glissante. Un faux pas — et le créateur s’est glissé dans le marais de «nunsploitation». Dans la filmographie de jeune Verhoeven nous pouvons trouver un film de la renaissance «Flesh and Blood» (1985) dont la représentation naturaliste de sexe et de violence est proche à «Flavia, la monaca musulmana» (1974), l’un des film de nunsploitation classique. En 2021 Verhoeven essaie de trouver un chemin artistique plus profond et réaliste (bien sur, il n’en va pas de même pour la mise en scène des corps féminins, trop beaux et soignés pour la Renaissance, et de plus avec des aisselles rasées). Dans le scénario de David Birke et Paul Verhoeven, on unit trois lignes de la dramaturgie principales : l’amour, la foi et le pouvoir. Aucun éléments peuvent exister sans l’autre et ça crée un récit solide et dynamique. L’image de Bartolomea est simple — c’est une petite diabolique manipulatrice de cheveux noirs qui ne cherche que ses propres plaisirs dans le couvent. Elle a fuit son père cruel et maintenant elle-même joue un rôle masculin en séduisant sa soeur spirituelle et en la pénétrant comme un homme d’une manière choquante pour une personne religieuse. C’est une tout autre affaire — l’image de Benedetta, le personnage le plus compliqué de ce film. Benedetta, sans doute, a beaucoup de force mystique qui peut créer des miracles et stupéfier des gens. Au fur et à mesure de son élévation vers le poste d’abbesse et le statut d’une sainte vivante, nous voyons un changement fort de son comportement, son visage, sa manière d’agir. Sous nos yeux, une douce fille naïve, possédée par d’étranges visions primitives, se transforme en prophétesse démoniaque, possédée par des esprits des ténèbres, dont les yeux peuvent bruler par une flamme noire. Ici on peut, naturellement, se rappeler Nomi manipulatrice de «Showgirls», mais en fait, elle était une criminelle agressive dès le début de film, tandis que Benedetta est une vraie fille vierge au début du film.
Bien que le film n’ait pas la force de commentaire large sociale d'»Elle», le film avant-dernier de Verhoeven, un travail plus radical et choquant (qui peut être choqué par les scènes de torture ou de la peste dans un film sur Renaissance ?), «Benedetta» est le film qui mérite l’attention de spectateur, surtout dans le paysage du cinéma d’aujourd’hui où les sujets religieux ne sont pas si répandus qu’au milieu de XX-e siècle.

** Dune, 2021.

Une quarantaine d’années après l’échec de David Lynch, Denis Villeneuve a essayé d’adapter au grand écran le roman éponyme célèbre de Frank Herbert. L’action se déroule dans un futur lointain. Le duc Leto Atréides (Oscar Isaac) devient un gouverneur de la planète Arrakis ou Dune. Cette planète est très importante pour l’Empire transgalactyque à cause de grands vers produisant «l’Épice», une drogue indispensable pour les voyages interstellaires. Bientôt, l’Empereur Shaddam IV a envoyé sur Dune ses légions pour aider à baron Vladimir Harkonnen (Stellan Skarsgård) d’écraser la maison d’Atréides. Le duc et ses gardes sont tués, mais son fils Paul (Timothée Chalamet) et sa concubine Jessica (Rebecca Ferguson) se cache dans les déserts de Dune avec les peuple autochtone de cette planète, les Fremen, qui prennent Paul pour l’Élu des anciennes prophéties. À suivre…
Dune 2021

La première chose qui doit être prononcée juste au debut d’une conversation sur «Dune», c’est le fait que le film de Villeneuve n’est pas un film complet à valeur requise. On doit le considérer juste comme un tiser, une exercice de style, des tests d’écran. La super-tâche de Villeneuve, qui est un fan du roman depuis sa jeunesse, est sans doute non seulement de créer le film sur Dune, mais de créer le monde de Dune et y habiter aussi longtemps que possible, juste comme Alexeï German pendant le tournage de ses deux derniers films. Le processus est beaucoup plus important pour le réalisateur qu’un résultat. C’est pourquoi le film est longue et lent comme une série, c’est pourquoi on a l’intention de créer au moins deux films.
Le matériel du roman s’est avéré plus grand est sérieux pour les ambitions de Villeneuve. Malgré la vitesse baisse de narration, les pensées globales d’Herbert sur la politique, le pouvoir, l’écologie ont enfui le film. En effet, c’est une situation ordinaire pour les adaptations de grands romans et une situation attendue, vu que Villeneuve est plutôt le réalisateur de petite forme. Ce qui est bien pire, c’est la perte d’émotions dans le film. Le laconisme émasculé de la représentation visuelle, dont nous parlerons bientôt, a également affecté le jeu d’acteurs et les images des personnages. Presque tout l’ensemble des acteurs joue non seulement avec réserve, mais aussi d’une manière très stéréotypée, soit un monarque sage d’Isaac, le méchant principal de Skarsgård, un guerrier courageux de Momoa etc. C’est un ensemble de stéréotypes appropriés dans Star Wars, mais pas dans un film qui prétend être de la science-fiction intellectuelle (et il ne peut en être autrement, car Villeneuve, malheureusement, ne sait pas tourner les scènes de bataille et d’action). Bien que le talent de Skarsgård soit incomparable à celui de Kenneth McMillan, le baron de 2021 est incomparablement plus ennuyeux que celui de 1984. Vu que tous les acteurs sous-jouent, un jeu émotionnel sur le point d’hystérique de Rebecca Ferguson semble très «trop» dans ce film. Quant à Timothée Chalamet, il n’a ni force intérieur ni talent pour jouer un messie. Il juste joue un personnage qui ne peut que prétendre d’être lui depuis le vrai début de film. C’est triste que Keanu Reeves est vieux aujourd’hui, parce qu’il a toujours réussi à jouer les rôles d’élus.
Qu’est que le film, privé dans sa narration de l’amour, de l’humeur, du suspense, de la peur, de toutes les émotions fortes (l’une scène de Lynch où le baron boit le sang d’un jeune homme, malgré le jeu très non naturel de deuxième plan, est plus interessante et émotionnelle que tout le film pris en considération), peut nous donner ? La beauté. Pas la beauté d’un désert comme quelqu’un écrit, parce que le désert d’Arrakis est mort et sombre. Si vous voulez de voir un désert vraiment cinématographique, il faut regarder «The Sheltering Sky» de Bernardo Bertolucci ou «Mad Max: Fury Road» de Georges Miller. La beauté de style laconique sur tous les niveaux de la direction artistique. Les paysages rocheux vides riment avec d’immenses salles vides, rappelant toujours des grottes. La couleur des décors et des costumes (il n’y a pas tout à fait du baroque lynchien) s’accordent parfaitement à la moindre nuance et forment une palette détaillée, construite sur seulement deux couleurs : le jaune et le gris. Bien que l’espace de l’écran est plat et unidimensionnel comme d’habitude dans le cinéma de grand public hollywoodien, la photographie de Greig Fraser est incroyable beaux. Je ne me souviens pas un film où le chef opérateur travaille si bien avec des objets hors la zone de mise au point de l’objectif et utilise si bien l’image floue en raison de l’utilisation d’hologrammes, de boucliers protecteurs, d’ailes d’ornithoptères, ou du fait que les personnages sont cachés par une tempête de sable.
C’est à dire, «Dune» n’est pas un film pour réfléchir ou sentir (pas pour écouter non plus, parce que la musique de Zimmer est très de fond et ordinaire et le niveau de sons est pauvre), c’est un film pour voir et regarder.

1. «Дюна» Вильнёва не является полноценным фильмом, и не должна таковым восприниматься. Это скорее тизер и упражнение в стиле.
2. Сверхзадача обожающего роман режиссёра — создать себе мир «Дюны» и пожить в нём как можно дольше за счёт студии WB. Отсюда общая медитативность и пейзажность картины.
3. На уровне production management фильм очень цельный — идеально выверенная лаконичная палитра тусклого жёлтого и насыщенного серого. Полный минимализм, корабли самых простых геометрических форм и отсутствие яркого барочного стиля, который местами пытался создать когда-то Линч.
4. Абсолютно завораживающая работа оператор Грега Фрэйзера. Как всегда в Голливудском мейнстриме, здесь нет глубокого многопланового пространства, но как Фрэйзер работает с зонами нерезкости! Я давно не видел фильма, где так красиво умеют использовать расфокус и общую размытость кадра.
5. Пейзажи хороши, но они очень сдержанно сняты. Пустыня здесь, как и полагается, абсолютно мёртвая, без души. Хотите красивую пустыню — смотрите Бертолуччи или Миллера.
6. На этом фоне работа со звуком очень и очень скромная, а музыка Циммера скорее фоновая и не запоминается.
7. Материал, конечно, оказался слишком серьёзным для Вильнёва. В итоге даже при обилии диалогов (от этого трудно избавиться) и почти сериальном темпе пропадают политические и прочие экологические подтексты Герберта.
8. Также не хватает эмоционального наполнения. Актёры очень сдержанно играют и, скорее недоигрывают или играют шаблоны (мудрый сказочный царь Оскар Айзека). В итоге эмоциональная игра Ребекки Фергюсон смотрится как жуткое переигрывание. Что касается Тимоти Шаламе, то, простите, но он лишь играет человека, претендующего на статус избранного, причём с первого кадра. У него в силу возраста или ещё чего-то нет внутренней силы. Жалею, что Киану Ривз стар, чтобы сыграть Пола. У него такие роли очень хорошо получались.
9. В фильме нет любви, нет саспенса, нет ярких батальных сцен (Вильнёв их не умеет снимать), нет подлинных эмоций. Это тоже элемент стиля, но для меня одна сцена у Линча, когда барон пьёт кровь юноши, при всей наигранности второго плана, более эмоциональная и сильная, чем весь фильм Вильнёва.