*** House of Gucci, 2021. Lady Macbeth du district de Milan

Ridley Scott a consacré son dernier projet à la maison de mode Gucci et à l’histoire de guerres féodales autour de la marque. Le premier pas vers la chute était une rencontre dans une boîte de nuit Maurizio Gucci (Adam Driver) avec une Italienne très passionnée et persistante — Patricia Reggiani (Lady Gaga). Rudolfo, le père de Mauricio (Jeremy Irons), un esthète sophistiqué avec une très bonne intuition, a refusé de bénir cette union, et Maurizio a été contraint de quitter sa maison riche et de prendre un travail comme ouvrier dans un dépôt de bus de son beau-père. Après le mariage inévitable, Patricia a commencé d’établir des contacts avec Aldo Gucci (Al Pacino), un frère de Rudolfo. En profitant de l’incompréhension et l’aversion mutuelles entre deux frères et entre Aldo et son fils Paolo (Jared Leto), Patricia a vissé son mari dans le coeur de la maison de couture : très vite, il est devenu un gestionnaire supérieur à New-York chez son oncle. Avec les mains de Paolo, Maurizio envoye Aldo en prison, et suite à la morte de Rudolfo, le héros principal devient le seul propriétaire de l’entreprise. Ici commence le deuxième et très court chapitre de la vie de Maurizio. À la recherche d’argent pour développer son entreprise, il se tourne vers des investisseurs arabes et rompt presque en même temps avec Patricia, réalisant qu’elle est sa Lady Macbeth. Dépourvu de talent managérial, Maurizio est contraint de vendre entièrement sa part aux Arabes, et très vite, il est tué par son ex-femme à l’aide de deux tueurs siciliens à cause de la jalousie et de l’avarice.
House of Gucci

Le réalisateur est un maître, un classique vivant. En racontant cette histoire presque entièrement composée de dialogues et donc ayant une limite mise en scénique, Ridley Scott se concentre plut tôt sur les acteurs. Le casting de film est incroyable – presque chacun est un lauréat d’Oscar (même pour une chanson) ou un lauréat futur (Adam Driver, sans doute). Ridley Scott a même trouvé la place dans cet ensemble pour l’épouse du propriétaire actuel de Gucci – François-Henri Pinault dont la femme Salma Hayek joue un rôle épisodique. Le seul problème du casting de quatre grands acteurs dans les rôles de Guccis et de Lady Gaga comme Patricia, un problème déjà beaucoup cité et noté, c’est manque de vrai ensemble. Tout le monde est bon, mais souvent tout le monde joue sa propre rôle. Lady Gaga est très excentrique et active – mais c’est exactement ce à quoi elle a droit par son rôle — une simple femme stupide qui a grimpé dans la haute société et dont les astuces simples ne la rendaient pas heureuse à long terme. La ligne de Rudolfo Gucci est marquée par la discrétion. Jeremy Irons passe la plupart de son rôle dans l’obscurité de sa villa. Un intellectuel et l’homme d’art mourant, une espèce menacée, un héros romantique («j’ai fait ce foulard pour Grace Kelly !») est une image fréquente de cet acteur. La seule scène où Irons exprime les émotions fortes, c’est un scandal avec Paolo qui a osé utiliser du marron dans ses dessins de vêtements. Assez curieusement, ç’a mis en fureur ce vieux Gucci bien plus que la fuite de son fils de la maison vers une niaise aux gros seins. L’ombre de Rudolfo est son avocat silencieux – Domenico De Sole joué par Jack Huston. Cet homme patient en noir deviendra éventuellement le PDG de la maison de mode après le départ de Maurizio. Adam Driver s’intègre dans ce film beaucoup mieux que dans «The Last Duel». Star Wars a déjà montré qu’il ne peut pas jouer les méchants. Dans «House of Gucci», le flegmatisme de l’acteur, son sourire ironique et son estime de soi intérieure, que Driver apporte à chacun de ses rôles, aide à Driver de devenir le vrai centre du film, un personnage beaucoup plus complexe que celui de Lady Gaga qui crée une image réaliste, authentique et vive, mais plate. La ligne d’Aldo est plus excentrique, surtout Paolo Gucci. Jared Leto, un fan de Gucci dans la vie ordinaire, comme d’habitude, il veut plus que tout que tout le monde voie comment il joue. Son dessin du rôle avec un maquillage complexe et beaucoup d’émotions jouées devient plus important pour l’acteur que le personnage lui-même, qui finit par rejouer gravement et s’envole de l’ensemble (ce rôle a causé le plus de plaintes des vivant Guccis). Quant à Al Pacino, l’acteur le plus grand de ce casting nous donne non seulement l’image d’un homme d’affaires sûr de lui, le rôle ordinaire pour lui, que Al Pacino peut jouer même sans se réveiller. Al Pacino est presque le seul acteur dans le film qui joue la vrai tragédie, une tragédie shakespearienne. Dans cette intrigue sur la lutte pour le pouvoir et l’argent, c’est lui qui est la principale victime de l’intrigue. L’acteur se montre très clairement la victime de la trahison, quoique brièvement (dans «The Irishman», par exemple, son personnage n’a aucun temps de comprendre quoi que ce soit).
Dans l’interprétation de Ridley Scott, l’histoire de Gucci est l’histoire de Macbeth. Le scénario a diminué gravement la quantité de Guccis (en réalité, Aldo avait quatre enfants, Maurizio, deux), et l’histoire a été simplifiée. Ridley Scott raconte une histoire d’une femme obsédée par une passion pour l’argent, qui a utilisé son mari faible pour les intrigues, et a finalement presque rien reçu. À proprement parler, Patricia a perdu beaucoup d’années de sa vie dans la prison, mais elle est libre maintenant et plus riche qu’avant son mariage à Maurizio. Ce drame est sérieux et joué par des gens respectables, donc Ridley Scott limite les images ensoleillées de dolce vita italienne. Souvent, on voit des intérieurs semi-obscurs des maisons de Rudolfo et Maurizio. En même temps, Ridley Scott est à un pas du style d’un film mafieux comme «The Godfather» (à l’exception d’une scène avec une vache, un hommage pur à Coppola). Les tons froids et gris remplacent peu à peu le soleil des premières scènes. Les costumes de ce film sont très beaux et variés (jusqu’au niveau de Wong Kar-wai – nouveaux vêtements dans chaque plan même au sein d’une scène dramatique cohérente), mais il n’y a pas de couleurs chics de Gucci moderne, seulement les costumes classiques et réservés (sauf pour la roturière Patricia). Dans le monde de Guccis, il n’y a pas de chaleur et de la lumière du foyer (c’est très ironique que la cheminée n’apparaît que dans les scènes d’aliénation des époux), parce qu’il n’y a pas de la famille. Le nom et le statut sont bien plus importants pour les créateurs de mode que les vrais liens et valeurs familiaux. Et la phrase «aucun membre de la famille Gucci ne reste dans l’entreprise» devient la principale leçon que l’auteur veut nous transmettre.

Тезисно:
1. Рассказ истории об убийстве Маурицио Гуччи его бывшей женой построен преимущественно на диалогах.
2. В данных условиях, Ридли Скотт старается сосредоточиться на актёрах, так как мизансценически его фильм довольно ограничен.
3. Кастинг фильма прекрасен (почти сплошь одни лауреаты премии Оскар), но каждый актёр играет какую-то свою роль. И если эксцентризм Леди Гаги драматургически оправдан (простушка, которая попыталась влезть на самый верх), то например, Джаред Лето играет очень нарочито и переигрывает (именно его роль больше всего критиковали оставшиеся в живых Гуччи).
4. Аль Пачино и Адам Драйвер прекрасны и на своём месте. Пачино дали сыграть трагедию предательства, которую он не сыграл только что в «Ирландце».
5. Сюжет борьбы за модный дом упрощён и превращён в современное подобие «Леди Макбет» с трагедийным финалом, когда в итоге никто не получает ничего.
6. В фильме довольно мало солнечных пейзажей и ярких костюмов. Историю кровавой борьбы за власть Скотт рассказывает в полутёмных интерьерах вилл, где действуют одинокие холодные персонажи, лишённые крепких семейных связей. Фамилия для них важнее реальной семьи, что и приводит к трагедии.