Enfin, le duo de frères Coens s’est séparé. Le film récent, étant sorti cinq ans après le dernier long-métrage de Joel et Ethan, est signé seulement par le frère aîné Joel. Selon le titre, le film est une autre adaptation de la tragédie immortelle de Shakespeare. Cette fois, un couple marié d’aristocrates écossais ayant des prétentions au trône est joué par Denzel Washington et Frances McDormand, l’épouse de réalisateur. L’adaptation est assez fidèle, bien que légèrement raccourci, donc Joel n’a pas eu besoin de son frère et ses talents de dramaturge. Il n’y a pas aussi de trucs postmodernes et ruptures de clichés et stéréotypés de genres, et l’action se déroule en Ecosse médiévale.
Les particularités du style du réalisateur sont immédiatement évidents dans le film — l’image est noir et blanc et le format de cadre est académique – 1,37:1. Les mis-en-scènes sont très théâtrales, presque tout le film est tourné dans un plateau de tournage est le décor est très simple et laconique, atteignant l’abstraction géométrique des tours et des murs du château. Une autre chose qui saute aux yeux, c’est un acteur noir dans le rôle principal. Pourquoi on utilise tel casting qui a provoqué des questions déjà au stade de l’annonce de l’équipe du film ? Pourquoi Joel Coen, un réalisateur de grandes possibilités, se limite par un décor conditionnel au lieu de tournage dans les vrai marais, comme, par exemple, Akira Kurosawa a fait dans sa version de la pièce ? Il semble que la réponse soit en fait très simple. Joel Coen juste voudrait faire un remake de la version de «Macbeth» tourné par Orson Welles en 1948. Avant son départ en Europe, Orson Welles a réussi à tourné ce film dans un plateau de tournage avec les restes de décors et de costumes des autres films. Son style très laconique de huis clos est répété fidèlement par Joel Coen qui juste a construit un vrai château là où Wells dut se contenter d’une grotte. Quelques acteurs noirs (e. g. Corey Hawkins comme Macduff) peuvent être expliqués par la tolérance et la lutte contre inégalité. Leur présence peut être expliquée par l’image «cinquante nuances du gris» qui brouille quelque peu les différences entre les acteurs avec des couleurs de peau différentes. Mais aussi, on doit se rappeler qu’en 1936, Orson Welles a déjà mis en scène cette pièce au théâtre sous le titre «Voodoo Macbeth» et uniquement avec des acteurs noirs. Donc, Denzel Washington est une autre hommage à Orson Welles.
Le film de Joel Coen est un pur délice cinématographique pour les cinéphiles nostalgiques à cause de l’utilisation de l’image noir et blanc de la proportion académique et du tournage de pavillon. Mieux que ça, un grand directeur de la photographie Bruno Delbonnel qui a déjà travaillé pour Coens crée une image contrastée géométrique, une pur abstraction dans le style de meilleurs films de Fritz Lang des années 1920. La netteté et la clarté de son travail coupe l’œil, et Orson Welles lui-même l’envierait. Également, il faut noter que la musique dans le film de 2021 est plus élégante et subtile que celle d’Orson Welles.
À première vue, il peut sembler que des nouvelles ambitions créatives se sont réveillées en Joel Coen qui voulait essayer quelque chose de fondamentalement nouveau en termes de style. Mais en réalité, le film en cause s’inscrit très bien dans la filmographie de Coens. Presque toujours, ils cherchaient moins à créer quelque chose de nouveau que de retourner l’ancien, c’est-à-dire, les films américains de passé y compris les films des années 1930-1940. «The Tragedy of Macbeth» est un exemple suivant d’un remake, mais cette fois, un peu plus exact que d’habitude.
Тезисно:
1. Первый полнометражный фильм, снятый после распада (кратковременного?) дуэта братьев Коэн, является очередной экранизацией трагедии Шекспира. Режиссёром выступил только Джоэл Коэн.
2. Стилистически сразу бросаются в глаза следующие яркие элементы авторского решения: академический формат кадра, чёрно-белое изображение, чёрно-белый кастинг (Дензел Вашингтон в главной роли), нарочитая условность декораций, нарочитая театральность, которая включает в себя фронтальные мизансцены и звуковые реверберации характерные для помещения даже в формально натурных сценах.
3. Фильм отличает очень красивое, геометрически-абстрактное и контрастное художественное решение, осуществлённое Бруно Дельбонелем.
4. Поначалу кажется, что это в Джоэле Коэна проснулись (уже в который раз после «Серьёзного человека») творческие амбиции, и он решил показать, что он не просто режиссёр жанровых постмодернистских картин, играющих с драматургическими клише, а режиссёр, способный оригинальным образом поставить классическое произведение (действие всех прочих картин братьев всегда происходило в США не раньше середины XIX века).
5. Однако, можно легко заметить, что все вышеперечисленные элементы стиля были использованы Орсоном Уэллсом в его двух «Макбетах»: в театре в 1936 году, и в кино в 1948. По сути, перед нами больше ремейк, а не реэкранизация, упражнение в стиле, попытка повторить работу Уэллса на новом витке развития кино, с более интересной музыкой и более технически совершенным изображением. В этом контексте фильм как раз идеально вписывается в фильмографию братьев Коэн, которые всю жизнь занимаются пересъёмкой старых американских картин.