C’est, en fait, «Time to Die» au contraire au titre du 25e film officiel sur James Bond. L’ère d’un Bond suivant est terminé. Daniel Craig quitte la franchise juste après ce film de Cary Joji Fukunaga. C’est symboliquement que pendant la pause entre Bond 24 et Bond 25, deux James Bonds sont morts – Roger Moore (2017) et Sean Connery (2020). Dans le film de Fukunaga, Bond est un retraité qui vit seul après la rupture avec Madeleine Swann (Léa Seydoux) — Bond pense qu’elle l’a trahi il y a 5 ans quand Bond a failli mourir suite à un attentat en Italie sur la tombe de Vesper Lynd. Mais «il n’y a pas d’ex» parmi les agents spéciaux. James Bond est persuadé par Felix Leiter de CIA (Jeffrey Wright) de lui aider à trouver un certain Valdo Obruchev (David Dencik), un scientifique du MI6 qui a developper une arme biologique et qui a été kidnappé par un malfaiteur Lyutsifer Safin (Rami Malek). Cette arme «Héraclès» peut être diffusée comme un virus ordinaire, mais elle n’affecte qu’une personne avec un ADN spécifique. Après l’échec de CIA, Bond reviendra à MI6 avec la même tâche de trouver Safin et Obruchev, bien que M (Ralph Fiennes) ait déjà embauché un autre agent 007 — une femme Nomi (Lashana Lynch).
N’étant pas un Bond le plus vieux, Daniel Craig est, en tout cas, très vieux pour ce rôle. En effet, un agent retraité, pas très actif, est un très bon sujet pour partir dignement. Bien sûr, ça limite la quantité des scènes d’action, surtout de combat rapproché — c’est drôle de regarder Craig de se battre contre Dali Benssalah qui est presque deux fois plus jeune. Ce n’est pas étonnant que Bond ne le batte qu’avec une technologie de Q. La bondiade de Craig était, peut-être, la bondiade la plus cohérent grâce aux liens entre toutes les cinq séries. Il y avait beaucoup de personnages communs entre les séries, pas seulement Q, M, 007 et Moneypenny. Le chemin de 007 a été parcouru du début à la fin — de la première tâche à la dernière. Une certaine nombre de personnages principaux ont été tués, et c’est le temps de tourner définitivement la page. Comment ça a été fait ?
La chose la plus interessante de tous les films de Bond, c’est la réaction de la série sur les processus sociales, économiques et politiques de chaque époque. Quand on a réalisé qu’un jeu d’effets spéciaux n’était pas très convenable pour un thriller d’espionnage et c’est le territoire de la fantasy et de la science-fiction, on a prudemment renouvelé la franchise après «Die Another Day» (2002) comme quelque chose plus réaliste. Non seulement Bond de Craig était (et reste) le Bond le plus humain, mais «Skyfall», le meilleur film avec Craig, et peut-être, le meilleur dans toute la franchise sauf «Dr. No», a complètement renoncé aux gadgets : seulement une radio, une vieille voiture et des grenades artisanales dans le style des guérilleros de l’IRA. Les producteurs ont dans le temps pris en comte le rétrécissement de la société de consommation. «Skyfall» est la culmination de Craig. Quels signes des temps peut-on trouver dans le dénouement ? Premièrement, c’est le virus. Incroyable, mais les créateurs du film ont commencé à travailler sur le sujet d’un virus mortel un an et demi avant de la tragédie mondiale de coronavirus, dont la présence a retardé la première du film d’un an, créant un écart presque sans précédent de 6 ans entre les deux films. Aujourd’hui, quand même des super-héros ont des familles (Superman, Ironman), un homme à femmes aurait l’air très démodé. Les temps sont conservateurs maintenant, et le mouvement #MeToo a rend ce type de masculinité un peu toxique. Comme résultat, Bond se couche avec la femme juste une fois, et cette femme est la mère de son enfant. Soit dit en passant, avec la bravade (partie à cause de l’âge du héros) et la détente sexuelle, les paysages lumineux ont disparu aussi. Les aventures se déroulent dans les forêts désolées de Norvège, sur une base militaire froide, à Matera (il est difficile d’imaginer une ville plus étrangère pour Bond classique — l’une des régions les plus déprimées d’Italie).
Les mots du titre de cette revue font référence aux deux héroïnes. Premièrement, c’est Mathilde, une fille enfin née après 60 ans de promiscuité de son papa. Deuxièmement, c’est un nouveau l’agent 007, Nomi, une femme noire très adroite. Avant, ce type de femmes pouvait être juste une arme dans les mains du protagoniste (Halle Berry dans «Die Another Day») ou antagoniste (Grace Jones dans «A View to a Kill»). Maintenant, elle est une employée de MI6, et elle a même déjà obtenu le permis pour tuer. Elle n’a pas encore le permis pour boire tout ce qui brule et baiser tout ce qui bouge, mais, peut-être, c’est une question du temps. En tout cas, c’est une petite victoire de féminisme (bien que «male gaze» reste), déjà prédite par David Fincher dans «The Girl with the Dragon Tattoo».
Ce qui est étonnant, c’est le retour de poncifs et cliches démodés, comme si, après s’être adaptés à de nouvelles coutumes, les auteurs manquaient de fantaisie. La base russe où un méchant laid forge des armes pour détruire le monde. Sérieusement ? Un cliché de l’époque de Moore et Brosnan au XXIe siècle ? Nous espérons que ces sujets mourront avec la figure de Bond de Craig, et on va vraiment renouveler la franchise pour nous surprendre dans le bon sens.