*** The Last Duel, 2021. #LadiesToo

Last Duel 2021
Le film de Ridley Scott est consacré à l’une des histoires de viol médiévales les plus connues en France. Un chevalier brusque et courageux Jean de Carrouges (Matt Damon) apprend que son épouse Marguerite de Thibouville (Jodie Comer) a été violée pendant son absence d’une semaine. Le méchant est Jacques le Gris (Adam Driver), l’ancien ami de Jean, un coureur de jupes et un protégé du compte puissant Pierre d’Alençon (Ben Affleck). Grâce au dernier, Jacques vient d’obtenir le poste de capitaine, qui devait être hérité par Jean. Se rendant compte qu’au tribunal la parole de la femme ne vaut rien contre la parole de l’homme, Jean se rend chez le roi Charles VI (Alex Lawther) et appelle officiellement Jacques le Gris au jugement divin, c’est-à-dire un duel mortel entre deux chevaliers. Selon un usage cruel, dans le cas de la mort de son mari, Marguerite sera brûlée pour le faux témoignage contre un homme.

Last Duel
Le générique de fermeture indique que l’histoire montrée est basée sur des faits réels. Ici, on peut gronder un peu sur le sujet d’une crise de scénario à Hollywood d’aujourd’hui — pourquoi au lieu d’un scénario originel, Nicole Holofcener, Ben Affleck et Matt Damon nous proposent une autre adaptation à l’écran d’un livre déjà publié («The Last Duel: A True Story of Trial by Combat in Medieval France» d’Eric Jager). Mais d’un autre côté, nous devrions plutôt dire merci aux auteurs du film, qui ont dépensé 100 millions de dollars pour un cinéma médiéval. À une époque dominée par les franchises de super-héros en spandex, Ridley Scott (qui est aussi un chevalier officiel comme son héros) nous rappelle qu’il est l’un des rares cinéastes vivant qui possède le don presque oublié de la création des films historiques. Des films où le combat au corps à corps n’est pas parce que cela semble spectaculaire à l’écran, bien qu’il soit le temps des canons laser, mais parce que c’est ainsi qu’ils se sont réellement battus. Sur l’écran, on voit des combats privés de prétentions enfantines, les combats du film avec le classement R qui n’est pas populaire aujourd’hui.
Tous les éléments principaux de ce film peuvent être trouvés dans les autres films de la filmographie scottienne. Il a déjà commencé sa carrière au cinéma par un film sur le duel, qui même s’appelle «The Duellists». Il a tourné des films sur le Moyen Âge («Kingdom of Heaven», «Robin Hood»). Il a tourné un film où le viol est un événement principal pour le sujet (mais dans «Thelma & Louise», s’était possible pour une femme de juste prendre un revolver et tuer un violeur). Maintenant, le réalisateur très expérimenté mêle l’agréable à l’utile et tourne un film qui s’intègre parfaitement dans sa filmographie. Sous les mots «agréable» et «utile», nous sous-entendons respectivement une présentation de l’époque et un commentaire sur le mouvement de #MeToo. Ridley Scott soi-même est une viсtime collatérale de cette lutte hollywoodienne contre des violeurs et agresseurs de l’industrie cinématographique — Scott a été obligé de licencier Kevin Spacey de son projet «All the Money in the World» dont la plupart a été retournée très vite avec Christopher Plummer. Maintenant, à l’époque de l’humanité et «l’égalité», pour les victimes de viols c’est très difficile parfois d’obtenir la vérité — on doit briser le «victim blaming» méprisant d’une société encore atone et patriarcale. On peut imaginer quel effort titanesque cela a coûté à une femme du XIVe siècle, une femme qui a au moins les privilèges de la noblesse.
La comparaison entre «The Last Duel» et «Rashomon» est vraiment inévitable. Pour raconter un vrai fait-divers, les scénaristes de Ridley Scott choisissent la forme déjà utilisée par Ryūnosuke Akutagawa pour décrire une viol imaginaire. 153 minutes du chronométrage sont divisées entre trois histoires ou, plus précisément, trois versions de l’événement, ou trois «vérités». La vérité du mari et suivie par la vérité du violeur et juste après deux hommes, on donne à la femme la permission de parler. C’est un vrai plaisir cinématographique à part — sur le fond de plans répétitifs, de capturer d’autres répliques ou angles, qui, d’une part, nous donnent un regard en trois dimensions sur l’histoire et, d’autre part, nous privent de la vérité, car il est insaisissable (bien que pendant le fondu enchaîné du générique du troisième chapitre, dans la phrase «la vérité selon Marguerite de Thibouville» le premier mot reste isolé quelques seconds après la disparition du nom). Seulement dans le troisième dit, rempli de larmes de femmes, on voit cette lutte contre la société. Marguerite n’est aperçue qu’une chose. Elle est la possession de son mari — ce n’est pas le viol qui est condamné, mais une tentative sur la propriété d’un chevalier. La détermination d’une femme à dire toute la vérité est condamnée par sa meilleure amie, condamnée par sa belle-mère (également une ancienne victime de viol). Le mari ne l’aime pas — pour lui, le mariage était plutôt un moyen d’améliorer sa situation financière. Jean de Carrouges est tendre à l’adresse de son épouse seulement dans sa vérité. Marguerite le décrit comme un homme grossier, préoccupé dans le lit par son propre plaisir et la volonté d’avoir un héritier. Au procès, une femme enceinte sera forcée de mentir, en répondant à des questions astucieuses sur le plaisir («la petite mort») qu’elle aurait dû avoir au lit avec son mari (et peut-être avec l’agresseur imaginaire). On voit clairement, que Marguerite a encore du bon chance — pour son mari, cette situation est non seulement la possibilité de restaurer son bon nom, mais surtout la première et la dernière possibilité de tenter tuer légitimement son offenseur et concurrent pour le poste militaire prestigieux et les territoires (Pierre d’Alençon a donné une partie de possessions foncières de la famille de Thibouville à Jacques le Gris).
Le commentaire scottien sur des actualités du monde occidental est assez du mainstream, avec peu d’ambiguïté. C’est logique, d’autant plus que le projet appartient au studio Disney, un studio plutôt conservateur et prudent. Ce qui est important au-delà de l’agenda et de la narration dynamique (avec une fin évidemment prévisible), c’est la façon dont l’histoire est racontée. Ridley Scott, qui s’est montré à son début comme un digne successeur de Kubrick, continue de tourner des films perfectionnistes à la manière de «Barry Lyndon». Scott ne se limite pas par Damon et Driver (le casting est très bon en général, sauf qu’il y a peu de mal à l’intérieur du Driver) sur fond d’un château (à propos, le château de Carrouges est encore existant et il était demeuré par les descendants du brave chevalier jusqu’au début du XX-e siècle). Le réalisateur tente de créer le monde médiéval avec beaucoup d’action sur le dernier plan de l’image. Cette plénitude d’action donne aussi un fond acoustique, et Scott, dans se film, ne détourne pas de la musique exégétique (qui est, en tout cas, bien et même tente d’être un peu médiévale). L’image de Dariusz Wolski est construite sur un contraste fort entre l’intérieur et l’extérieur. Les intérieurs sont chauds, ils sont éclairés authentiquement par des cheminées et des bougies (un bonjour parfait à Kubrick). Les extérieurs sont froids et gris — l’action se déroule plutôt aux temps froids. La scène culminante est un gâchis gris-brun de neige, d’acier et de boue. Ce n’est que dans l’épilogue que l’on voit enfin la lumière du soleil et la verdure éclatante. La beauté et la tranquillité d’un monde d’une mère, d’une femme privée enfin de l’agression masculine, un monde où Thelma et Louise ne sont jamais arrivées.

P. S. Le duel entre Carrouges et Le Gris est, en fait, l’avant-dernier. Le dernier duel judiciaire français, c’était un combat de Guy Chabot de Jarnac contre François de Vivonne en 1547.

Тезисно:
1. На уровне сюжета перед нами история предпоследней легальной дуэли во Франции — рыцарь Жан де Карруж (Дэймон) вызывает на суд божий Жака лё Гри (Драйвер), изнасиловавшего его жену Маргариту (Комер). Это история полностью базируется на реальных фактах, довольно известных во Франции.
2. Фильм прекрасно вписывается в фильмографию режиссёра, который уже снимал и про дуэли, и про Средние века, и про изнасилование.
3. Ридли Скотт — большой молодец. Хотя бы потому, что в эпоху претенциозно-детских спандексовых франшиз снимает дорогое кино о Средних Веках. Ведь хорошо снимать историческое кино — почти забытое ныне умение среди крупных режиссёров.
4. Фильм очень красивый за счёт выверенной холодной палитры и «баррилиндоновского» освещения интерьеров, построенного только на свечах и огне каминов.
5. История рассказана в стиле «Расёмона», точнее, литературного первоисточника Акутагавы. Точно также нам дают три версии («правды») истории: правда мужа, правда злодея и правда жертвы. Разумеется, они не совпадают, и отдельное кинематографическое удовольствие — ловить чуть изменённые ракурсы или реплики, когда повторяются уже виденные кадры какой-то сцены.
6. Актуальность высказывания не вызывает сомнений — авторы фильма поддерживают движение #MeToo и дают исторический комментарий. Сегодня-то жертвам насилия сложно доказать правду и приходится бороться с осуждением патриархального общества, а что уж говорить про Средние века, когда слово женщины ничего не значило, да и сама она считалась собственностью мужа. Маргарите стоит титанических усилий добиться правды на унизительнейших публичных допросах.
7. В фильме Скотт попытался построить мир — насытить кадры второплановым действием, чтобы действительно погрузить зрителя в эпоху.
8. Музыки в картине не много благодаря насыщенному звуковому фону, и она старается быть средневековой, а не стандартной голливудской.

Useless fact about USA literature

Бесполезный факт — известно, что в США почти не смотрят фильмы на других языках и не делают дубляж, но ещё интереснее тот факт, что англоязычные страны (UK, USA) настолько самодостаточны в культурном плане, что точно также абсолютно игнорируют любую переводную литературу. Из 5000 самых читаемых книг в Англии в 2014 году переводных было 2.1 процента! В США в последние годы это число находится где-то в районе 3-5%.

*** 1917, 2019. Cours, le caporal, cours !

1917 2020 Sam Mendes
Selon le titre le huitième film de Sam Mendes est consacré à la Première Guerre mondiale. L’intrigue se déroule sur environ vingt-quatre heures de la vie du caporal William Schofield (George MacKay) qui doit étant accompagné par le caporal Tom Blake (Dean-Charles Chapman) distribuer d’urgence un ordre du général Erinmore (Colin Firth) au colonel MacKenzie (Benedict Cumberbatch). Le chemin passera par un no man’s land — le territoire juste laissé par les Allemagnes. Théoriquement il n’y a pas d’ennemi, mais qui sait quels dangers attendent les soldats. L’ordre doit être distribué vers le matin, parce que le colonel MacKenzie va commencer une contre-attaque, ne sachant pas que la retraite des Allemagnes est la partie d’un plan réfléchi il y a longtemps. En route la perte d’un camarade, un sauvetage d’une bébé et quelques échauffourées avec l’ennemi attendent notre héros.

1917 2020 Sam Mendes
Cinématographe, cinéma, kínēma (du grec) : le film, c’est un mouvement par sa nature. Réalisant ça, Sam Mendes a tourné un film n’ayant que le mouvement. La forme est très simple : un chemin du point A au point B. On peut nommer peu de films avec tel sujet. Même dans «Mad Max: Fury Road», composant aussi seulement du mouvement, il y a un retour. Même dans «Le salaire de la peur» il y a un moment de retour bien que très-très court. Chez Sam Mendes il n’y a pas presque de pause — la circulation commence dès le vrai début du film et nous captive et capture. C’est un forme cinématique facile à regarder et en même temps très difficile à tourner, parce que pour un mouvement perpétuel Sam Mendes utilise la technique du plan-séquence, plus précisément de deux : avant et après la perte de conscience de William imaginée pour sauter la plupart de la nuit. Bien sûr dans un film de guerre cher et complique c’est très difficile d’appliquer cette technique et donc Sam Mendes et Roger Deakins utilisent le montage caché comme dans «The Rope» ou «Birdman». Oui, le film est très éloigné de l’élégance du film d’Iñárritu, de sa possibilité de presser le temps et de saturer le film par les connotations. À la guerre il n’y en a pas, les dernières, — tu dois atteindre l’objectif, tu dois aider aux Français et tu dois tuer les Allemagnes qui n’évaluent pas la miséricorde. Le sujet est très simple, mais justement sa simplicité nous permet nous donner à cette attraction formaliste. Le style de Mendes qui est très proche aux jeux vidéo (ce n’est pas par hasard que le film est tourné par le studio de Steven Spielberg) attire le public et met chaque spectateur dans la peau d’un soldat. C’est très significatif que la première large du film coïncide au centenaire de la promulgation du traité de Versailles – la vrai fin de la Grande Guerre.
Ici, le chemin est linéaire, les dialogues sont assez primitives, la musique modeste ne se tait que pendant la mort de Tom Blake et la rencontre avec son frère. Il semble que Sam Mendes ait décidé de tourner un film plus simple que ses films sur James Bond. En fait on doit chercher le grain de cet œuvre dans les deux choses — le jeu de George MacKay et le travail de Roger Deakins. George MacKay se personnifie dans un soldat ordinaire avec telle réalité et force qu’il est devenu un personnage hors de temps. Son image élancée peut être imaginée dans n’importe quelle guerre de l’Europe depuis le début du Moyen Âge — parfois il semble que son personnage soit venu dans le film d’une miniature médiévale ou d’une peinture du Greco. George MacKay, taciturne, pensif et persévérant rejoue très facilement tous les autres acteurs, même Benedict Cumberbatch, qui a joué son épisode si platement que vous ne croyez pas que ce soit lui. Si George MacKay est un acteur peu célèbre maintenant, le génie de Roger Deakins est très connu. L’un des (sinon le plus) directeurs de la photographie les plus talentueux dans le monde, pour lui, avec ses quarante ans d’expérience, c’est difficile de nous vraiment étonner, mais en tous cas il a créé l’image très digne. Cela s’applique non seulement aux mouvements de caméra bien réfléchis et impressionnants mais à la décision de couleurs. C’est incroyable, comment Roger Deakins crée au début du film l’image assez monochrome — il utilise seulement des nuances du brun poussiéreux de l’uniforme de soldat et juste un peu de gris. Ensuite, pendant la nuit on a plongé le héros dans l’enfer, dans le monde du feu et de l’ombre (un jeu de couleurs répété à la fin de «Skyfall»). À la lumière de l’aube le caporal traverse les eaux noires de Styx et au fur et à mesure que le héros approche aux soldats britanniques, le vert, le couleur de la vie, remplit l’image. Pour peu de temps à propos — l’attaque va commencer et le blanc deviendra le couleur dominant, le couleur de la mort qui entourera un brave caporal.
Mais la mort ne peut pas être la fin de cette histoire. À la fin du film nous voyons de nouveau la vie — William s’assied sous un arbre entouré par l’herbe ondulant. Dans ce moment du silence et la pacification Sam Mendes par un geste élégant transforme la ligne dans le cercle, parce que le film a commencé par l’image de William asseyant sous l’arbre, parce que la vie continue au-delà de la mort et parce que ce n’est pas l’histoire d’un soldat abstrait, mais celle d’un grand-père de Sam Mendes.

P. S. Le 6 avril 1917, la journée de l’action, est le jour d’entrée en guerre des États-Unis. Pas si simple comme dans «Dunkirk» mais la présence et le rôle des États-Unis est déposé.

** Marriage Story, 2019. Ren vs Romanoff

En fait le film de Noah Baumbach est consacré au divorce plutôt qu’au mariage. Charlie Barber (Adam Driver) est un réalisateur de théâtre new-yorkais dont la femme Nicole (Scarlett Johansson) a quitté Los-Angeles pour travailler et habiter avec Charlie. Après huit ans du mariage Nicole réalise qu’elle veut être indépendante et faire sa carrière de la réalisatrice sans son mari autoritaire. Il n’y aurait pas de problèmes si les Barbers n’avaient pas un garçon de sept ans Henry (Azhy Robertson) qui devient la pomme de discorde et presque la seule chose qui peut être divisée parmi les ex-conjoints. Nicole a déménagé à sa mère à Los-Angeles et elle s’arme des services d’une avocate très agressive Nora Fanshaw (Laura Dern) qui initie un procès judicaire. Charlie qui pensait naïvement que c’était possible de trouver une solution pacifique doit aller à Los-Angeles et embaucher aussi un avocat.

Marriage Story 2019
Les temps changent. Jadis un drame judiciaire «Kramer vs Kramer» est devenu le film le plus profitable de l’année aux États-Unis. Maintenant les drames familiaux ne peuvent pas faire la concurrence aux films de super-héros (où les deux acteurs principaux jouent activement). Vers le dixième minute on comprend que c’est le réalisateur qui a écrit le scénario. Vers le quinzième minute on comprend qu’il n’y a pas de travail de l’ingénieur du son — presque tout le son est synchrone et de plus il n’y a pas de musique. Faute de travail expressif avec le son et l’image, les acteurs deviennent la base du film. Adam Driver, un homme réservé combat avec obstination pour le fils contre Scarlett Johansson qui pleure trop. Il étoufferait sa femme pas son autorité sans Lora Dern — une femme très dégagée et sûre de soi — le personnage le plus éclatant dans ce film. Charlie n’a pas de proches et la mère et la sœur de Nicole sont très comiques. La chose la plus intéressante concernant l’ensemble des acteurs c’est la passivité et la tranquillité de Henry. Il n’a ni de crise de nerfs ni d’émotions fortes. De surcroît, et c’est très significatif — pour les parents Henry est presque l’objet, la chose de statut. Ils sont prêts à le déchirer en deux pendant le procès mais l’enfant de presque huit ans ne sait même pas lire ! L’infantilisme et l’amour-propre — c’est les problèmes les plus importants des héros. Et bien sûr — le système judiciaire américain qui est la cible de la satire de l’auteur. N’ayant pas ni désir ni pratique de pourparlers, les ex-conjoints ont dépensé d’énormes sommes d’argent pour garder leur indépendance financière et partager Henry, qui est resté un objet, 55 sur 45. La seule victoire éphémère dans cette bataille — c’est la carrière de réalisatrice commencée pour Nicole, mais elle n’est pas le héros principal de ce film. Quant à Charlie, la bataille lui a ouvert les yeux, il a gagné beaucoup d’expérience et la compréhension tardive des sentiments des autres. Pourrait-il en profiter davantage ? C’est la question. Valait-il des centaines de milliers de dollars et une psyché mutilée d’un enfant ? C’est l’autre question. Ce théâtre en conserve devrait-il être trente minutes plus courtes ? C’est la troisième question mais on ne la posera pas — après «The Irishman» également tourné par Netflix, c’est inutile.

** The Ipcress File, 1965. Le candidat albanais

The Ipcress File 1965
Dans ce film d’espionnage britannique réalisé par Sidney J. Furie, Michael Caine joue le rôle d’un agent de contre-espionnage Harry Palmer. Autrefois il a été sauvé du tribunal militaire par le colonel Ross (Guy Doleman) qui est maintenant le chef de Harry. Ross le tient en laisse courte et utilise pour des tâches ennuyeuses comme la surveillance. Harry trouve la chance de faire ses preuves quand il est muté dans un département voisin sous la direction du major Dalby (Nigel Green). On a donné à Harry mission de trouver un certain docteur Radcliffe (Aubrey Richards) enlevé par un Albanais Eric Grantby (Frank Gatliff). En se lançant avec zèle dans les affaires, notre héros dégourdi et ayant des relations avec Scotland Yard parvient très vite à trouver Radcliffe, mais celui-ci n’est pas capable de continuer son travail comme scientifique à cause du lavage de cerveau. De mal en pis, pendant la libération du docteur Harry a tué un agent de la CIA qui s’intéresse aussi au problème de l’exode des cerveaux au Royaume-Uni. Désormais des ennuis sont partout : Ross demande de microfilmer quelques documents de Dalby sous la menace de la reprise du tribunal, quelqu’un fusille la voiture de Harry, l’agent de la CIA mort est trouvé dans son appartement et les documents importants disparaissent de sa table au travail. Étant très perplexe, Harry prend la décision de quitter le pays juste pour se trouver finalement dans une oubliette dans un autre coin de l’Europe…

The Ipcress File 1965
Les films froids pour la guerre froide ! «The Ipcress file» est le product de son époque et on peut nommer quelques événement qui ont influencé l’apparition de ce film et sa popularité. Le roman du même nom de Len Deighton est publié en 1962 — une année très importante pour la compréhension du film, de son style et ses sujets. Premièrement, 1962 — c’est l’année de la crise des missiles de Cuba, l’un des événements les plus graves de la guerre froide, quand le monde entier était à un pas du désastre et quand c’était évidant que la guerre suivante serait gagnée principalement par des scientifiques. Deuxièmement, deux films sont sortis sur les écrans: «The Manchurian Candidate» qui aborde les sujets du lavage de cerveau et de la hypnose, et «Dr. No» qui a introduit James Bond comme un type populaire de héros de film d’espionnage. Harry Palmer a été créé comme un antipode de James Bond. Bien sûr, il est aussi agile et audacieux, séduisant et un peu impertinent mais son comportement, son mode de vie et les méthodes de travail sont absolument différents de ceux de 007. Il n’y a pas de pathétique, de pose bon marché et d’irréalité chez Harry Palmer. Le héros de Sidney J. Furie habite dans un monde gris un peu ennuyeux où le remplissage de papiers prend beaucoup plus de temps que les fusillades et les chasses (qui d’ailleurs n’existent presque pas du tout). Harry Palmer ressemble aux héros de John Le Carré qui a commencé à écrire en 1961. Ceux-ci sont des hommes sérieux en costumes formels qui risquent ses vies pour la patrie en obtenant rien en retour. Voici un morceau de dialogue très significatif pour tout film d’espionnage sérieux:

— J’aurais pu être tué ou rendu fou, fou de rage.
— C’est pour ça que tu es payé.

Ici, en service secret, on n’a pas d’émotions et on utilise très souvent des codes alphanumériques qui peuvent signifier n’importe quoi : un code d’accès, un formulaire, les états de service, même un banc à Londres. Michael Caine enrichit son jeu flegmatique par son expérience de la guerre réel, un expérience qui lui donne un contenu interne suffisant pour allumer l’étoile de l’acteur qui brûle vivement jusqu’à aujourd’hui
Un complot pointu ne suffit pas pour se démarquer parmi les films d’espionnage. On a besoin d’un acteur très talentueux comme Richard Barton («The Spy Who Came in from the Cold») ou l’image très originale comme dans ce film. Le directeur de la photographie de «The Ipcress File» est Otto Heller, un vrai génie du cinéma britannique dont le travail avec les couleurs dans «The Ladykillers » et surtout «Peeping Tom» est inoubliable. Chez Sidney J. Furie il n’y a pas beaucoup de possibilité de créer des combinaisons de couleurs vives, parce que le film est principalement gris brun avec un peu de taches rouges qui portent de l’anxiété. Le talent de coloriste de Heller travaillera plus près de la finale quand nous nous rencontrons aux dernières techniques d’hypnose. Pourtant pendant toute la durée du film Otto Heller crée l’anxiété à l’aide de la composition. Des raccourcis très inattendus, un horizon irrégulier et l’utilisation active des objets sur le premier plan (il y a une image incroyable dans laquelle Heller à la fin du mouvement de la caméra met la tête d’un personnage éloigné dans un petit trou dans le mur au premier plan) transmettent avec la précision les sentiment du héros qui s’est perdu dans ce monde cruel et menteur. Peut-être on doit vraiment gagner un point de vue inhumain comme celui du caméra pour voir la vérité. Encore Dziga Vertov a dit que l’œil d’une caméra de cinéma est meilleur que celui de l’humain.

*** Silence, 2016. Il n’est de mot que dans le silence

Silence 2016
Après «The Wolf of Wall Street» — une comédie délurée — Martin Scorsese a porté les yeux sur un sujet plus spiritualiste. Il est venu de la représentation d’un pécheur endurci à celle d’un homme juste. «Silence» est un film historique dont l’action prend place au Japon au début du XVIIe siècle. À cette époque-là le christianisme était interdit au Pays du soleil levant et le père Ferreira (Liam Neeson), le dernier prêtre catholique au Japon, a abjuré sa foi catholique après les tortures et les meurtres de ses disciples. En apprenant cette nouvelle, deux jésuites portugais jeunes, Sebastião Rodrigues (Andrew Garfield) et Francisco Garupe (Adam Driver), partent de Macao au Japon pour trouver et sauver le père Ferreira. Deux pères débarquent près d’un petit village Tomogi dont les habitants sont chrétiens clandestins. Malheureusement un inquisiteur Inoue (Issei Ogata) y arrive et il prend quatre otages parmi les villageois. Ils doivent piétiner une image de Jésus (un fumi-e) et ils font ça sur les conseils du père Rodriguez. Mais après cette formalité Inoue leur propose un test plus difficile — de cracher sur une croix de bois. Trois otages se renoncent et ils se font brûler. Seulement Kichijiro (Yōsuke Kubozuka), le guide des héros qui a déjà abjuré une fois, répète son acte impie. Suite à cette tragédie (tous les villageois étaient les témoins à l’exécution) les pères se séparent pour éviter l’inquisition.
À partir de maintenant nous restons avec le père Rodriguez. Il retrouve Kichijiro et il accepte sa pénitence juste pour être bientôt trahi par le japonais. Capturé par les inquisiteurs, Sebastião Rodrigues regarde la mort de Francisco Garupe qui essaie de libérer quatre chrétiens noyés. Ensuite le héros du film est ensuite emmené dans un temple bouddhiste, où Inoue et le père Ferreira qui a changé la religion et le nom essaient de convaincre le prisonnier de laisser ses tentatives de baptiser le Japon parce que «c’est un marais ou toutes les racines se dessèchent». Le père Rodrigues refuse et commence à préparer au tortures et au baptême du sang. Mais le portugais n’a pas mesuré la perfidie japonais — au lieu du père Rodrigues Inoue torture les chrétiens japonais qui ont déjà abjuré. Aussi Sebastião Rodrigues piétine-t-il un fumi-e et ensuite il change son nom et marie la femme japonaise. Après beaucoup d’années de la vie bouddhiste immaculée sous la surveillance infatigable de l’inquisition, Sebastião Rodrigues meurt et est brûle avec un crucifix caché dans les mains qui a été mis par sa femme.

Silence 2016
Ayant montré le Dieu sous l’apparence où il est apparu une seule fois («The Last Temptation of Christ») Scorsese essaie de montrer le Dieu de notre vie ordinaire — le Dieu invisible et inaudible. C’est une décision principale pour le réalisateur qui a voulu pendant la jeunesse de devenir un prêtre catholique. Scorsese a pris le titre d’un film de Bergman qui essayait pendant toute sa vie de surmonter le silence du Dieu. «Silence» nous renvoie aux films des années 1950-1960, des films du réalisme théologique. Bien sûr le réalisateur nous rappelle non seulement le cinéma européen mais aussi le cinéma japonais. C’est presque impossible pour un cinéphile de tourner un film sur le Japon en n’utilisant pas les images qui viennent de films d’Akira Kurosawa (e. g. le tribunal) ou Kenji Mizoguchi (un bateau dans le brouillard). Le point de vue de Scorsese est strictement réaliste (sauf la vision de l’image du Christ dans l’eau). Son montage voyante et ses mouvement du caméra prétentieux ont cédé leur place au point de vue statique. Les couleurs éclatantes se sont disparus et il en reste seulement trois — le vert des broussailles qui cachent les missionnaires, le bleu de la mer qui entoure ce pays imprenable et l’orange du feu qui éclaire des services divines clandestins et ensuite dévore des chrétiens. Le film presque manque du rouge, le couleur du sang, non seulement parce que les japonais préfèrent de brûler et noyer les martyrs pour priver les chrétiens de leurs os, mais parce que le réalisateur ne veut pas marteler le sujet des souffrances physique, préférant de porter l’accent sur la souffrance spirituelle.
Deux acteurs aident à Scorsese de transmettre les doutes de foi. En passant le temps de préparation dans les jeûnes et les prières Andrew Garfield a presque réussi de se délivrer du vernis hollywoodien. Quant à Adam Driver, dès les premières images du film il ressemble à un moine des peintures anciennes. En plus, les acteurs japonais trouvés pas Scorsese ont l’air authentique et en voyant le film on peut croire se déplacer au Japon du XVI-me siècle, au temps de la misère et des bagarres cruelles. Le point du vue de Scorsese sur le Japon est sévère, comme sur «Sansho the Bailiff» de Mizoguchi. Les paysans tourmentés par les travaux obligatoires durs et n’ayant pas de joie, perçoivent la vie dans l’au-delà chrétiens comme le dernier espoir et seulement les actions trop cruels des inquisiteurs peuvent casser ce barre. Mais le film n’est pas consacré au recouvrement de fois par les japonais. Le film est plutôt consacré à la perte de la foi par le héros principal. Au début il se sent comme un apôtre — il est prêt à aller dans le pays lointaine et très dangereux pour sauver son frère, pour donner la communion aux chrétiens clandestins et pour mourir pour le Christ si besoin. Chaque chemin d’un saint, c’est un chemin de doutes et faiblesses. Tel est même celui du Christ sans oublier le saint Pierre. Scorsese tourne une hagiographie et selon les canons il doit conduire son héros par ce chemin dur et cruel. Sebastião Rodrigues voit la puissance de foi incroyable des paysans qui sont prêts à mourir comme les premiers chrétiens, mais le moine ne voit pas le soutien du Dieu qui contemple la situation sans donner le moindre signe. Le paysage mort de ce pays sauvage n’écoute pas les voix de la prière. Il semble que le Dieu chrétien oublie vraiment ses fils au Japon. Scorsese montre le pire test de foi — l’épreuve de désespoir quant le prêtre doit continuer son chemin sans avoir le soutien du très Haut. De plus, on force Sebastião Rodrigues de mettre sur un plateau de balance son âme et son sauvetage et sur l’autre — les corps souffrant des japonais. À la fin il doit sacrifier son âme immortelle en abjurant pour arrêter les cris des martyrs et pour constituer le silence, dans lequel pour la première et dernière fois dans la vie il entendra la voix du Dieu.
Les voies de Dieu sont impénétrables. Parfois la persévérance de foi de martyrs provoque la diffusion de la religion. Parfois l’abjuration n’est qu’une formalité et on doit comprendre que sur une île isolée c’est impossible de sauvegarder le christianisme sans l’abjuration formelle car la foi vit dans le cœur. Saint Pierre a abjuré trois fois tandis que le héros de Scorsese l’a fait seulement une fois. Il a gardé la vie, il a gardé la foi et il l’a transmit à sa famille malgré la surveillance. Et malgré l’isolation du Japon et les répression, plus de 20000 chrétiens ont survécu à la liberté religieuse. Plusieurs parmi eux ont dû piétiner le fumi-e pour abjurer formellement. Aujourd’hui, à l’époque paisible, Scorsese tourne ce film pour formellement confirmer sa foi et pour nous donner une leçon aussi importante que belle.

*** «The Calvary», 2014. Journal d’un curé de campagne

The Calvary 2014
Il n’y a pas d’exposition dans le deuxième film de John Michael McDonagh. L’intrigue se noue directement dans les premiers plans où un homme invisible, la victime d’un prêtre-pédophile, déclare à son prêtre (Brendan Gleeson) pendant la confession que celui-ci est un bon serviteur de culte mais pourtant il sera tué dimanche prochain pour les péchés de l’église. Donc il reste seulement sept jours pour père James pour se tirer de cette situation délicate. Le héros principal du film habite dans un coin perdu d’Irlande au bord d’un océan orageux froid. Bien que le village soit petit, évidemment il y a plus de problèmes que père James peut résoudre dans une semaine pour rencontrer la mort avec la bonne conscience. La paroisse est petite et en plus n’est pas très active. La fille célibataire du père James (Kelly Reilly) a besoin de son soin pour se délivrer des pensées suicidaires. Un jeune servant vole du vin de l’église et le deuxième prêtre est pusillanime. Père James va au cardinal mais celui-ci lui donne aucun conseil à propos de menaces. Lundi père James obtient un pistolet à tout hasard. Mardi il parle à un mec Milo (Killian Scott) qui n’a pas de succès avec les filles et à cause de ça veut s’engager à l’armée pour sublimer sa haine aux femmes en tuant «les ennemies». Dans la soirée père James fait l’administration du dernier sacrement d’un jeune français et il est forcé à parler à un médecin athée très cynique (Aidan Gillen). Mercredi un maniaque Freddy Joyce (Domhnall Gleeson) demande au prêtre aller dans la prison pour une conversation pénible dont en fait aucun d’entre eux a besoin. Ce soir-là père James perd son église dans le feu et jeudi il trouve son chien, son seule créature proche, poignardé avec un couteau. Vendredi père James, un possesseur d’une constitution très solide, ayant fatigué d’une grêle de dialogues provocateurs boit trop d’alcool et s’engage dans une bagarre auberge. Donc il reste seulement un jour (le samedi) pour un prêtre rebattu et abandonné par sa fille unique et son collègue unique pour se préparer à la rencontre avec un assassin mystérieux et prendre la seul décision juste…

The Calvary 2014
Après une satire qui prend sa place en Irlande rurale John Michael McDonagh y tourne un drame sérieux avec le même acteur dans le rôle principal. Ayant montré un pécheur local, maintenant McDonagh peint soigneusement un saint irlandais. Immense Brendan Gleeson portant sa soutane noire flottant dans le vent a un masque du mal du siècle sur sa visage. Ses rides sculpturales, sa barbe demi-d’argent, demi-rousse lui transforment dans un héros légendaire. Quand père James s’accoudant sur une grosse pierre raconte à sa fille une légende ancienne irlandaise, on peut vivement imagine Brendan Gleeson directement dans un maquillage du père James comme l’un des héros de cette légende. Une force séculaire est vue dans son image, comme il aurait été un moine irlandais qui il y a beaucoup de siècles y gardaient la culture et la religion en se défendant contre les vikings païens. Et McDonagh nous montre que si le temps a changé, ce changement n’est que partiel — aujourd’hui on continue encore de garder la foi au prix du sang et restaurer l’église de cendre. Pour créer une atmosphère hors du temps le réalisateur imprègne l’image avec des paysages captivants de l’Irlande — des champs vert foncé, l’océan immense et des roches noirs restant débout en silence comme les moins anciens pétrifiés. Le laconisme d’un paysage divinement beau entourant père James donne beaucoup de signification a sa figure noire solitaire.
Dès les premières scènes du film on sent l’esprit de deux réalisateurs religieux européens — d’Ingmar Bergman et de Robert Bresson, dont les films «Les Communiants» (1962) et «Journal d’un curé de campagne» (1951) ont évidemment influencé John Michael McDonagh. L’église vide remplie par des rayons obliques du soleil, des tentatives du prêtre de sauvegarder quelqu’un de suicide — ça vient de Bergman par la voie la plus directe. Mais le héros perdant sa foi de Bergman est un pasteur protestant tandis que celui de McDonagh est bien sur un catholique qui habite dans une société catholique ou on peut dire une société presque ex-catholique (bien que Orson Welles ait dit qu’il n y a pas d’ex-catholiques). Hors du sujet de pédophilie dans l’Église catholique qui a servi comme un point de départ pour la création du scénario, on note des relations de genre particulières il y a longtemps aux sociétés catholiques dans les films, par exemple ceux de Luis Buñuel et Federico Fellini. Trahisons ouvertes dans le mariage, la haine sanguinaire des femmes, l’absence totale des mariages heureux normaux. Ce fond sombre lance un défi aux compétences pastorales de notre prêtre. D’ailleurs McDonagh n’est pas venu pour flageller des débauchés et des corrompus se cachant dans cet endroit à première vue paisible et beau comme sur une carte postale — c’était le but du film précédent du réalisateur, bien que ce soit difficile de ne pas noter la rangée lumineuse de personnages mineurs — vivants et interessants. Aujourd’hui le réalisateur irlandais veut regarder dans l’âme de son héros dans lequel Brendan Gleeson s’est transformé expressivement (dans «The Guard» il simplement jouait son personnage) pour trouver les bases de l’église qui se dressait et se dressera sur les épaules de ces types vraiment folkloriques dont sagesse naturel et force interne sont plus importantes pour le Corps du Christ que les connaissances du livre des cardinaux. En effet c’est un vrai plaisir de trouver aujourd’hui un film profondément religieux qui serait si joliment tourné et joué de manière impressionnante.

*** «Before the rain», 1994. Macédoine, Londres, Macédoine… et Macédoine

Before the Rain 1994
«Before the rain» est un film début de long métrage de Milcho Manchevski — un réalisateur macédonien. Le film se compose de trois parties nommées «Mots», «Visages» et «Images». Le héros principale de la première partie et un moine orthodoxe Kiril (Grégoire Colin) qui habite dans un petit monastère en Macédoine et qui a fait vœu de silence. Une nuit une jeune albanaise Zamira (Labina Mitevska) qui vient de tuer un Macédonien se cache dans sa cellule. Kiril ne défère pas la jeune fille dont il est tombé amoureux, mais la tromperie se dévoile et le père abbé expulse les jeunes qui se trouvent ensuite dans les mains d’Albanais et Zamira se fait tuer. La partie «Visages» est consacrée à une femme anglaise Anne (Katrin Cartlidge) qui travaille comme éditrice de photos et qui se jète entre son mari Nick (Jay Villiers) et son amant Aleksandar (Rade Šerbedžija) — un photographe très talentueux d’origine macédonien. Finalement Anne reste seule — Aleksandar quitte Londres pour revenir à son pays natale tandis que Nick est tué suite à une querelle ethnique dans un restaurant. Ensuite Aleksandar devient le héros principale des «Images». Il revient en Macédoine après seize ans d’absence et il revient dans l’autre pays, dans le pays qui est déchiré par la guerre entre les Macédoniens et les Albanais. Pourtant Aleksander vie comme il n’y a pas de guerre — il visite librement le village albanais où habite une veuve Hana (Silvija Stojanovska) qu’il aimait il y a longtemps. Les problèmes commencent quant Zamira, la fille d’Hana, tue un cousin d’Aleksander. Mû par son amour et par le sentiment de culpabilité (il a toujours juste pris des photos de la guerre et même a provoqué un meurtre) Aleksander libère Zamira pour être tué en punition par son frère. Zamira s’enfuie et se cache dans un monastère orthodoxe où habite un moine qui s’appelle Kiril…

Before the Rain 1994
Manchevski est entré dans le monde du cinéma de long métrage par un film fort dont la force a ses racines dans l’origine du réalisateur. L’auteur se tourmentant par des conflits ethniques dans son pays natale essaye de nous montrer sa douleur et il cherche les possibilités d’élever le niveau de la problème local au niveau paneuropéen. Dans ce but Manchevski, qui est également le scénariste du film, devise l’histoire en trois parties avec les héros différents. Il y en a trois : un jeune homme, une femme et un homme et deux lieux de l’action : la Macédoine et le Royaume-Uni. L’histoire anglaise est intégrée entre deux histoires macédoniennes et nous aide de les séparer et voir plus clairement la structure ternaire, ainsi que la décision coloristique des «Visages» est distinctif. Manchevski aime sa patrie et il peint les paysages macédoniens par les peintures vives et chaudes. Au contraire, Londres dans ce film est froide, sombre et presque monochrome. Nous pouvons partiellement comprendre la décision d’Aleksandar de quitte la ville anglaise pour revenir à Macédoine juste en comparant les couleurs de deux places. Au niveau du sujet Manchevski cherche toutes les possibilités d’unir les parties de manière poétique en trouvant des rimes. La rime la plus importante c’est évidemment les paroles ayant rapport au titre : «Il va pleurer». Ces paroles se prononcent plusieurs fois dans toutes les parties et postulent l’approche du danger, du conflit. Pour de vrai, nous pouvons voir le premier signe de la violence à venir en début de film où Manchevski cite le début de «La Horde sauvage» de Sam Peckinpah en montrant la cruauté d’enfants par rapport aux animaux. Bien sur dans le film de Manchevski on tue l’un l’autre, bien sur la cause des meurtres est la divergence ethnique et religieuse, mais en fait c’est la cause indirecte. L’éloquence du film réside dans le fait que les morts les plus importantes pour le sujet, celles de Zamira et Alexander, sont réalisées par leurs compatriotes — les héros sont tués par leurs cousins. Une fois la querelle a commencé le conflit deviendra de plus en plus sérieux tournant dans une spirale serrée et emportant sans interruption des vies de gens y compris les victimes accidentelles comme Nick dans la partie «Visages». C’est interessant que les noms des parties décrivent ceux qu’y manque. Il n’y pas de mots de Kiril parce qu’il garde le silence. Nick perd naturellement son visage à cause d’une balle folle et Aleksander ne produit pas d’images parce que les images sont la privilège d’un homme en dehors d’un conflit, tandis que Alexander, un macédonien, revient dans ce pays pour aller à l’intérieur du conflit et essayer de réconcilier des voisins de confessions différentes juste pour devenir la victime sacré.
Y a-t-il la sortie de ce conflit ? La vue du réalisateur est assez pessimiste. À l’aide de la dramaturgie, Manchevski noue l’histoire en un nœud serré, la baguant. Il n’y a ni début ni fin dans ce film. La fin des «Images» est le début des «Mots» et nous voyons Aleksander dans le cercueil dans «Images», tandis que dans «Visages» Anne regarde les photos du meurtre de Zamira et ensuite Aleksander quitte Londres pour aller à Macédoine, libérer Zamira et mourir. Manchevski a travaillé sans scénariste et on sent le manque de liens plus sérieux entre par exemple «Mots» et «Images» — juste une image d’Anna tenant des photos n’est pas, à mon avis, suffisante, pourtant on peut lire l’idée de l’auteur très claire. La guerre n’a ni début ni fin, elle existe toujours dans un cercle fermé et toujours des soldats d’UN se rouleront en cercle autour des combattants sans résultat et toujours les paysages balkaniques extrêmement beaux seront ensanglantés. Le sang sera toujours, parce que le sang ce n’est seulement pas la fin mais le début — ce n’est pas par hasard que les couches sanglants viennent en priorité de la mort d’Aleksander. Peut être le talent, la largeur d’âme et l’aspiration à la vérité d’Alexander sauvegarderait le monde ? Hélas, des fusils en Macédoine ne taisent pas jusqu’à ce jour-ci. Mais dans tous les cas, Manchevski nous a donné la beauté de ce pays malheureux, l’élégance de la construction dramatique et le charme très artistique de Rade Šerbedžija.

«The Constant Gardener», 2005. Врачи без границ

Constant Gardener 2005
Джон ле Карре — живой классик и один из самых серьёзных авторов шпионских романов за последние шесть десятилетий. За столь долгую карьеру ле Карре проявил себя как писатель, чутко реагирующий на изменения мирового политического процесса. Если когда-то он начал с романов о Холодной войне («Шпион, пришедший с холода»), то в 2001 году у британского писателя выходит роман «Преданный садовник», действие которого разворачивается в современной Кении, а главными злодеями становятся фармацевтические компании. Эту книгу четыре года спустя воплотит на экране Фернандо Мейреллес. Рэйф Файнс играет дипломата Джастина Куэйла, который на работе в Кении больше внимания уделяет своим цветам, нежели политической ситуации в стране. Совсем другое поведение показывает его супруга — Тесса (Рэйчел Вайс). Бывшая агрессивная сотрудница Amnesty International лезет с неудобными вопросами к местным чиновникам, и периодически где-то пропадает с местным врачом Арнольдом Блумом (Хьюберт Кунд). Даже беременность не может повлиять на активность Тессы, которая в итоге едет рожать в районную больницу, чтобы на себе испытать все тяжести жизни простых кениек. В результате подобных экспериментов Тесса теряет ребёнка, а вскоре её и Арнольда жестоко убивают местные боевики.
Разбитый горем муж, «домом которого была Тесса» после изучения бумаг покойной принимает решение довести до конца расследование которое вела его жена — она пыталась остановить исследования опасного нового препарата Дипракса, проводимые крупной международной фармацевтической компанией на смертельно больных кенийцах, которые представлялись бизнесменам расходным человеческим материалом. Практически в одиночку Джастину приходится восстанавливать справедливость, перемещаясь по миру, скрываясь от своих коллег и наёмников и подпитываясь неутихающей скорбью от потери жены…

Constant Gardener 2005
Джон ле Карре в литературе идёт за Джоном Хьюстоном в кино — победа над врагом как правило ничего не приносит героям его шпионских романов. В лучшем случае они просто остаются жить. Эта реалистическая обречённость, трезвый взгляд на мир вне рамок приключенческого боевика, с одной стороны, придают силу произведениям ле Карре, с другой — с первых же кадров задают пессимистический тон. Фернандо Мейреллес помещает в начало сюжетного повествования самую жестокую сцену фильма, сразу задавая настроение картины и усиливая зрительские впечатления от последующей нежной сцены любви между героями. Как обычно у ле Карре, мы не увидим погонь и перестрелок. Пистолет возникнет в фильме лишь в самом конце и так и не будет пущен в ход. Оружием героев в борьбе за гуманизм являются документы и изворотливый ум, оружие режиссёра — его актёры, прежде всего. Составленный преимущественно из диалогов и переживаний фильм полностью вытягивает на своих плечах Рэйф Файнс, чья тонкая игра на крупных планах насыщает картину глубоким психологизмом и точно отражает эволюцию внутреннего состояния героя, его перерождение от рядового потомственного дипломата до решительного пассионария, готового умереть за правое дело; его превращение в поистине любящего и внимательного мужа, которое по жестокой иронии судьбы происходит лишь после смерти супруги. В совокупности с чувственной Рэйчел Вайс, пусть даже и быстро исчезающей из экранного пространства, игра Файнса позволяет наполнить шпионский детектив живыми эмоциями и настоящей любовью, а суть основного конфликта — придать картине статус злободневного политического высказывания.
Для Фернандо Мейреллеса «Преданный садовник» является вторым полнометражным фильмом после прекрасного «Города Бога» (2002), где бразильский режиссёр погружает зрителя в факелы Рио-де-Жанейро. Сочувственный гуманизм проявился тогда во взгляде на трущобы изнутри. В Кении же Мейреллес демонстрирует взгляд на трущобы снаружи, через призму людей, для которых обитатели трущоб — лишь мусор, который можно спокойно использовать в своих бизнес-целях. Очевидно, тема эксплуатации современной Африки задела какие-то личные струны в душе автора. Снимает картину Мейреллес вдохновенно, постоянно находя всё новые и новые творческие решения для разных сцен. Первое, что бросается в глаза, — это, конечно, цвет картины. Единое колористическое решение фильма принципиально отсутствует. Цвет становится одним из главных рассказчиков истории, постоянно меняясь в зависимости от драматургического содержания. То мы видим яркие кричащие цвета переэкспонированной цветной плёнки в стиле Тони Скотта (для ряда экстерьеры кенийских сцен), то экран заливает тепло сцен семейной жизни главных героев. Англия, куда после трагедии высылают Джастина, лишив заграничного паспорта, выглядит абсолютно монохромной, серой и мрачной, как и полагается ландшафту фильмов по ле Карре. Кения и Судан в конце фильма, когда герой достигает своей цели и обретает, наконец, свой внутренний рай, очаровывает зрителя розовыми закатами и умопомрачительными по своей красоте пейзажными съёмками, которых так мало было в первой половине фильма. Мейреллес даёт Кении (режиссёр принципиально настоял на съёмках в стране действия романа вместо более привычной и удобной для кинобизнеса ЮАР) ровно столько, сколько нужно, чтобы передать общую атмосферу страны — красота природы возникнет по-настоящему лишь в самом конце, когда будет заслужена героем, а трущобы даются ровно в таких количествах, чтобы мы лишь бегло познакомились с жизнью их обитателей — ведь и главный герой практически в них не бывает. Зато Мейреллес способен одним выразительным движением камеры объединить в пространстве кадра изысканное гольф-поле для разведчиков и дельцов, уходящие до горизонта крыши рукодельных бараков и самолёт, который должен унести героя обратно домой. Один этот кадр дорого стоит, а ведь есть ещё и сочетание разных темпов монтажа для модной трясущейся камеры, творческое использование расфокуса и сверхкрупных планов. Выразительный визуальный ряд картины становится не столько обрамлением сюжета, сколько важным повествовательным средством в этой непростой жизненной драме, про которую самокритичный ле Карре в заключении написал, что «по сравнению с реальностью, моя история такая же неинтересная, как и поздравительная открытка».

«Suburbicon», 2017. Одноэтажный ад

Suburbicon 2017
События середины ХХ века всегда были в центре внимания режиссёрского взгляда Джорджа Клуни. И на этот раз в своей шестой работе он переносит зрителя в США 1959 года, в идиллический одноэтажный городок Субурбикон, буквально только что построенный. Ярко-зелёные газоны и словно сошедшие с рекламных проспектов дома, обставленные по последнему слову науки и техники, не очень устраивают главного героя — финансового директора Гарднера Лоджа (Мэтт Деймон). Да что говорить про дом, если Гарднера не устраивает его жена Роуз (Джулианна Мур) — он предпочёл бы жить с её сестрой-близнецом Маргарет (Джулианна Мур). В голове американца созревает план — убить жену, обставив это как ограбление, а на полученные по страховке деньги улететь с Маргарет на остров Аруба, который не выдает преступников. Разумеется, идеальное преступление оборачивается огромным множеством проблем, начиная с несговорчивых подельников и пронырливых страховых агентов и заканчивая сыном Гарднера по имени Ники (Ноа Джуп), который, к сожалению, слишком быстро раскрыл отцовский план и осознал, что является теперь обузой на пути Гарднера Лоджа к счастливой жизни на Карибском море…

Suburbicon 2017
Авторы сценария узнаются мгновенно. Это Джоэл и Итан Коэны, давно и успешно снимающие Джорджа Клуни в своих фильмах. «Субурбикон» построен вокруг самого типичного для братьев сюжета — американец средних лет хочет провернуть криминальное дельце, надеясь, что после этого его жизнь круто переменится в лучшую сторону. Разумеется, ему это не удаётся, причём не столько из-за того, что план изначально был обречён на провал, сколько из-за череды мелких случайностей. Авторы фильма берут идеализированную плакатную Америку времён своего детства и безжалостно её развенчивают, создавая гротескный мир, в котором с каждой секундой экранного времени всё труднее и труднее встретить нормального человека — от туповатых полицейских до водителей автобуса, подрабатывающих в свободное время наёмными убийцами (излюбленная братьями Коэн профессия). И дело здесь не только в чудаковатости, на которой держится комическая составляющая драматургии, сколько в том, что в определённый момент времени практически каждый герой фильма способен на убийство разной степени хладнокровности. Лучше всех в роли убийцы, конечно же, смотрится Джулианна Мур — хичкоковская блондинка в розовом платье на фоне современной кухни, выкрашенной в зелёный цвет.
Если бы картина осталась в форме бытовой криминальной драмы, как её задумали братья Коэн ещё в восьмидесятые (сценарий начали писать ещё в 1986 году), то «Субурбикон» превратился бы в изящный оммаж голливудской звезды своим режиссёрам. Однако, как видно по темам, которые избирает Клуни для своих режиссёрских работ, мы видим, что он крайне неравнодушен к политике. Именно эта тяга к мощному социальному высказыванию и стала той самой «обузой» в планах Клуни снять цельный фильм, который будет и развлекать, и соответствовать повестке дня. Джорджу Клуни, видимо, было мало заложенных в сценарий нескольких шуток о протестантах и евреях и он объединил сценарий братьев Коэн с экранизацией реального события из жизни маленького городка Левиттауна в Пенсильвании, где в 1957 году, за два года до событий в Субурбиконе, толпа пыталась выжить из города приехавшую афро-американскую семью Майерсов. Джордж Клуни переселяет Майерсов в Субурбикон и даже делает их соседями Гарднера Лоджа. Травля Майерсов, показанная вскользь, будет смонтирована параллельно с дикими событиями в доме главного героя, придавая событиям ещё большую абсурдность — трупы множатся в доме Лоджей в тот момент, когда в ста метрах от дома, на параллельной улице стоит несколько машин полиции. Однако, Майерсы никоим образом не влияют на жизнь своих соседей. Например, трогательная сценка со змеёй, которую дарит чернокожий мальчик белому сверстнику Ники никоим образом дальше не играет в развитии истории. По большому счёту, вся эта травля введена в повествование исключительно с политическими целями — показать, до какой степени неадекватности доходили когда-то жители одноэтажной Америки, убеждённые в том, что все ужасы в семье Лоджей как-то коррелируют с приездом первой негритянской семьи. Не вписанная никоим образом в жизнь главного героя, эта агитационная линия становится выпирающим бельмом на глазу ироничной чёрной комедии, разыгранной прекрасными актёрами.