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*** The Tragedy of Macbeth, 2021. Welles est plus vivant que tous les vivants.
Enfin, le duo de frères Coens s’est séparé. Le film récent, étant sorti cinq ans après le dernier long-métrage de Joel et Ethan, est signé seulement par le frère aîné Joel. Selon le titre, le film est une autre adaptation de la tragédie immortelle de Shakespeare. Cette fois, un couple marié d’aristocrates écossais ayant des prétentions au trône est joué par Denzel Washington et Frances McDormand, l’épouse de réalisateur. L’adaptation est assez fidèle, bien que légèrement raccourci, donc Joel n’a pas eu besoin de son frère et ses talents de dramaturge. Il n’y a pas aussi de trucs postmodernes et ruptures de clichés et stéréotypés de genres, et l’action se déroule en Ecosse médiévale.
Les particularités du style du réalisateur sont immédiatement évidents dans le film — l’image est noir et blanc et le format de cadre est académique – 1,37:1. Les mis-en-scènes sont très théâtrales, presque tout le film est tourné dans un plateau de tournage est le décor est très simple et laconique, atteignant l’abstraction géométrique des tours et des murs du château. Une autre chose qui saute aux yeux, c’est un acteur noir dans le rôle principal. Pourquoi on utilise tel casting qui a provoqué des questions déjà au stade de l’annonce de l’équipe du film ? Pourquoi Joel Coen, un réalisateur de grandes possibilités, se limite par un décor conditionnel au lieu de tournage dans les vrai marais, comme, par exemple, Akira Kurosawa a fait dans sa version de la pièce ? Il semble que la réponse soit en fait très simple. Joel Coen juste voudrait faire un remake de la version de «Macbeth» tourné par Orson Welles en 1948. Avant son départ en Europe, Orson Welles a réussi à tourné ce film dans un plateau de tournage avec les restes de décors et de costumes des autres films. Son style très laconique de huis clos est répété fidèlement par Joel Coen qui juste a construit un vrai château là où Wells dut se contenter d’une grotte. Quelques acteurs noirs (e. g. Corey Hawkins comme Macduff) peuvent être expliqués par la tolérance et la lutte contre inégalité. Leur présence peut être expliquée par l’image «cinquante nuances du gris» qui brouille quelque peu les différences entre les acteurs avec des couleurs de peau différentes. Mais aussi, on doit se rappeler qu’en 1936, Orson Welles a déjà mis en scène cette pièce au théâtre sous le titre «Voodoo Macbeth» et uniquement avec des acteurs noirs. Donc, Denzel Washington est une autre hommage à Orson Welles.
Le film de Joel Coen est un pur délice cinématographique pour les cinéphiles nostalgiques à cause de l’utilisation de l’image noir et blanc de la proportion académique et du tournage de pavillon. Mieux que ça, un grand directeur de la photographie Bruno Delbonnel qui a déjà travaillé pour Coens crée une image contrastée géométrique, une pur abstraction dans le style de meilleurs films de Fritz Lang des années 1920. La netteté et la clarté de son travail coupe l’œil, et Orson Welles lui-même l’envierait. Également, il faut noter que la musique dans le film de 2021 est plus élégante et subtile que celle d’Orson Welles.
À première vue, il peut sembler que des nouvelles ambitions créatives se sont réveillées en Joel Coen qui voulait essayer quelque chose de fondamentalement nouveau en termes de style. Mais en réalité, le film en cause s’inscrit très bien dans la filmographie de Coens. Presque toujours, ils cherchaient moins à créer quelque chose de nouveau que de retourner l’ancien, c’est-à-dire, les films américains de passé y compris les films des années 1930-1940. «The Tragedy of Macbeth» est un exemple suivant d’un remake, mais cette fois, un peu plus exact que d’habitude.
Тезисно:
1. Первый полнометражный фильм, снятый после распада (кратковременного?) дуэта братьев Коэн, является очередной экранизацией трагедии Шекспира. Режиссёром выступил только Джоэл Коэн.
2. Стилистически сразу бросаются в глаза следующие яркие элементы авторского решения: академический формат кадра, чёрно-белое изображение, чёрно-белый кастинг (Дензел Вашингтон в главной роли), нарочитая условность декораций, нарочитая театральность, которая включает в себя фронтальные мизансцены и звуковые реверберации характерные для помещения даже в формально натурных сценах.
3. Фильм отличает очень красивое, геометрически-абстрактное и контрастное художественное решение, осуществлённое Бруно Дельбонелем.
4. Поначалу кажется, что это в Джоэле Коэна проснулись (уже в который раз после «Серьёзного человека») творческие амбиции, и он решил показать, что он не просто режиссёр жанровых постмодернистских картин, играющих с драматургическими клише, а режиссёр, способный оригинальным образом поставить классическое произведение (действие всех прочих картин братьев всегда происходило в США не раньше середины XIX века).
5. Однако, можно легко заметить, что все вышеперечисленные элементы стиля были использованы Орсоном Уэллсом в его двух «Макбетах»: в театре в 1936 году, и в кино в 1948. По сути, перед нами больше ремейк, а не реэкранизация, упражнение в стиле, попытка повторить работу Уэллса на новом витке развития кино, с более интересной музыкой и более технически совершенным изображением. В этом контексте фильм как раз идеально вписывается в фильмографию братьев Коэн, которые всю жизнь занимаются пересъёмкой старых американских картин.
** Nocturnal Animals, 2016.
Sept ans après le succès de son premier film, Tom Ford a décidé de s’asseoir une deuxième fois dans le fauteuil de réalisateur. Encore une fois son film devient une adaptation — il est basé sur le livre «Tony and Susan» d’Austin Wright. L’héroïne de «Nocturnal Animals» est une propriétaire d’une galerie à Los Angeles Susan Morrow (Amy Adams). Sa vie privée n’est pas très heureuse à cause de l’adultère de son mari, un homme d’affaires, et de ses problèmes financiers. Un jour, Susan reçoit un roman manuscrit de son premier époux Edward Sheffield (Jake Gyllenhaal). Les relations a été rompues de la manière cruele à l’initiative de Susan sous l’influence de sa mère et ses propres doutes. Le livre est intitulé «Nocturnal animals» comme un surnom de Susan, dont les dépressions ont entraîné des troubles du sommeil. Le roman criminel raconte l’histoire d’une famille nucléaire texane : un mari Tony Hastings (Jake Gyllenhaal), une femme Laura (Isla Fisher) et leur fille India (Ellie Bamber). Sur une route de nuit déserte, les Hastings sont attaqués par trois rustres dirigés par Ray Marcus (Aaron Taylor-Johnson). Suite à une querelle, Tony est jeté dans le désert et Laura et India sont violées et tuées. Faute de preuves irréfutables, Ray est libéré par le juge local. Frappé par cette injustice non moins que Tony, un policier local Bobby Andes (Michael Shannon) mourant d’un cancer, propose de résoudre la question de la justice de ses propres mains… Pendant toute la lecture du roman, nous regardons Susan se rappelant les circonstances de la rencontre et l’évolution des relations avec Edward.
Le deuxième film de Ford est aussi, comme «A Single Man», consacré à la solitude et les émotions de perdre un être cher. Mais dans ce cas-là, le film est beaucoup plus cruel et sombre, il est privé d’une touche romantique de mélodrame. En évitant les scènes de violence directe, Ford se concentre sur la violence psychologique contre l’héroïne et le spectateur en même temps. Au milieu du film, il y a un dialogue de Susan sur le fond d’une peinture ne contenant qu’un seul mot blanc — «revenge». Tout le livre d’Edward est une vengeance par rapport de la femme qui a brutalement détruit leur relation. Pire que ça, jeune Susan a piqué sa fierté en refusant de voir du talent d’un écrivain en lui. Sa punition sera une longue lecture de la souffrance des héros (et pas que ça…)
La structure du film nous donne la possibilité de nous mettre à la place de l’héroïne, de comprendre la profondeur de ses émotions pendant la lecture. Pour illustrer la perception de Susan, Ford montre à l’écran tout le sujet du livre. «Nocturnal animals» soulignent une plus grande profondeur d’immersion dans l’histoire au cinéma par rapport à la littérature — il n’y a pas de différence pour le spectateur entre le héros du film est le héros d’un livre à l’intérieur du film, un personnage inventé deux fois. Nous sommes presque obligés de sympathiser également avec Susan et Tony. Pour Susan, c’est l’histoire de sa vie – elle lit le livre sur la perte d’une femme et d’une fille par un homme, et ce livre est écrit par un homme qui a perdu sa femme et sa fille. Pour nous faire croire que Susan vit l’histoire comme une histoire très personnelle, Tom Ford utilise une technique intéressante de travaille avec l’acteur. Premièrement, il prend le même Jake Gyllenhaal pour deux rôles dans la réalité et dans le livre. Deuxièmement, il prend deux paires d’actrices très similaires pour jouer les rôles de la femme et sa fille. Susan comprend que Edward décrit ses souffrances, qu’il s’identifie de quelque manière à Tony. En même temps, elle comprend que l’histoire est une miroir symbolique de leur histoire d’amour et donc, elle vit presque elle-même dans l’image de Laura (bien sur seulement presque, parce que Susan ne peut pas et ne veut pas s’identifier à une femme violée et tuée).
Cette structure qui joue avec les parallélismes, symboliques et visuels, est le coeur du film. Séparément, les deux histoires sont inexpressives et leurs péripéties ne suffisent pas pour un film à part entière. L’histoire mélodramatique est très simple — une femme avait autrefois refusé l’amour, préférant un futur homme d’affaires à un écrivain novice, mais à la fin, elle a tout perdu. La deuxième histoire est encore plus standard — une «vigesplotation» classique sur un homme qui venge pour la mort de sa famille. Ce n’est qu’aux points d’intersection que le vrai cinéma émerge tissant les beaux paysages texans (soit dit en passant, le réalisateur filme magnifiquement son pays natal, mais sans concession) avec les intérieurs très stériles et froides de la maison et la galerie de Susan. Bien que ce ne soit pas toujours sans défauts — par exemple, Susan a la même expression tourmentée encore et encore presque chaque fois qu’on nous donne un gros plan d’elle après un extrait du livre. Et portant dans ce film, il y a moins d’émotions authentiques que dans le précédent, et beaucoup plus de désir d’évoquer des émotions (recourant parfois à des images kitsch, comme deux corps de marbre sur un canapé rouge vif au milieu d’un désert).
Тезисно:
1. В основе второго фильма Тома Форда лежит параллелизм двух историй — галеристка читает роман, который ей прислал её первый муж, когда-то очень жестоко отвергнутый. В романе рассказывается история простого техасца, у которого изнасиловали и убили жену и дочь.
2. Второй фильм подряд посвящён потере любимого человека — видимо, это важная тема для автора.
3. Писателя и его героя играет один и тот же Джейк Джилленхолл, а вот героиню романа играет не Эми Адамс, которая играет Сьюзан — главную героиню фильма, а очень на неё похожая Айла Фишер. Подобный кастинг позволяет Форду выразить погружение Сьюзан в написанную историю и её очень личное восприятие.
4. Без этих параллелей, обыгрываемых в том числе и монтажно, картина бы не сработала — каждая история сама по себе (личная жизнь Сьюзан и сюжет романа о мести) очень проста и на полнометражный фильм не тянет.
5. Фильм играет на контрасте холодных интерьеров дома и галлереи Сьюзан и солнечных техасских пейзажах (хотя видно, что свою родину Том Форд не очень жалует). Цветовые акценты расставляются с помощью красного — цвета насилия, хотя экранного физического насилия в фильме практически нет — только психологическое.
6. В целом, фильм не столько наполнен чистыми эмоциями, как было в «Одиноком мужчине», сколько очень пытается вызвать эмоции у зрителя.
*** A Single Man, 2009. Debut de Tom Ford
Un couturier célèbre Tom Ford a crée sa propre maison de mode en 2004 après avoir quitté Gucci. Puis, le couturier en voulait plus, et Tom Ford a fait ses débuts au cinéma en tant que réalisateur avec son propre argent en 2009. Son début s’appelle «A Single Man», le film est un adaptation à l’écran du roman du même titre de Christopher Isherwood. Le héros du film est un professeur américain d’origine britannique George Falconer (Colin Firth). Il vient de perdre son amant suite à un accident de voiture et maintenant, George va se suicider. Au propre, la majeure partie du film est consacrée à un jour de la vie d’un homosexuel malheureux qui essaie de s’accrocher à au moins quelque chose dans la vie quotidienne grise. George donne sa conférence ordinaire à l’université où il lit un monologue sur les minorités. Sur le lieu de travail, un étudiant mignon Kenny (Nicholas Hoult) essaie de mieux connaître son professeur, ressentant sa solitude et sa perte. George rejette la proposition de son étudiant de boire ensemble et juste après le travail il rejette encore une proposition d’un prostitué dans les rues de Los-Angeles. Les pensées suicidaires ne laissez pas partir le héros – il achète des cartouches pour son revolver, met de l’ordre dans les affaires, rédige un testament et des dernières notes à ses proches. Soudain, une sonnerie du téléphone tire le professeur de ses derniers ennuis. Une voisine solitaire Charlotte (Julianne Moore), avec qui George a eu une brève liaison dans sa jeunesse, l’invite à prendre un verre de gin. Vu que Charlotte est presque la seule personne qui a quelque sympathie à George (les autres voisins sont homophobes), le professeur accepte son invitation. Les tentatives d’une femme ivre de séduire un homosexuel conduisent à une querelle. George s’enfuit de sa voisine et se rend dans un bar, où il rencontre de manière inattendue Kenny…
C’est évident que Tom Ford a eu ses propres causes pour dépenser son argent sur ce film autre que la vanité. Étant une adaptation, «A Single Man» n’est pas un vrai film d’auteur, néanmoins, Tom Ford a rempli son film d’éléments autobiographiques comme un scorpion de compagnie ou un sourcil rasé sous l’influence de drogues. Tom Ford vivait avec un partenaire de 12 ans son aîné, et la mort d’une personne chère est évidemment un sujet qui tient à coeur au réalisateur, un sujet sur lequel il aimerait jouer et réfléchir. Comme acteur principal, Tom Ford a choisi Colin Firth, un Britannique raffiné, qui a joué des intellectuels finement sensibles toute sa vie. L’acteur a une tâche sérieuse et intéressante – de montrer son amour envers un personnage qui n’apparaît à l’écran que dans quelques flashbacks. Un lauréat du prix à la Mostra de Venise pour ce rôle, Colin Firth est le seul centre dramaturgique de ce drama. Il n’y a que deux personnages honoré des scènes longues de dialogue avec George – c’est Kenny et Charlotte. Kenny de Nicholas Hoult est un peu simple et ingénu dans ses tentatives droites de séduire son professeur au milieu des années 1960, encore conservatrices. Julianne Moore est une actrice de même haut niveau (ou même plus élevé) de talent, qui peut être égale à Colin Firth à l’écran. C’est dommage que seulement une scène est consacrée à Charlotte dont l’ivresse limite sa présentation. Quant à Colin Firth, il joue très bien, mais il joue une image universelle et un peu poncif – une image d’un intellectuel souffrant d’amour. Son conflit intérieur et assez clair et simple et son amant Jim peut assez facilement être remplacé par une amante, parce que les connotations homosexuelles ne sont pas très prononcées dans le rôle de Firth et ne sont pas à la base de tous les événements de l’histoire.
En commençant par le cinéma, le couturier veut vraiment montrer qu’il comprend le septième art. Tom Ford ne se limite pas par la génie de Colin Firth, un acteur autonome. Tom Ford doit prouver qu’il est un réalisateur. Comment ? À l’aide du langage cinématographique complexe. Nous avons un exemple d’un film perceptive, subjectif, un film où presque une image sur deux exprime le point de vue du héros. L’élément du style le plus évident et le plus importante, c’est l’utilisation des couleurs. Plus précisément, les changements de couleur à l’intérieur ou entre les cadres. Selon l’humeur du protagoniste, les tons bruns mesurés de son appartement stérile ou de son université peuvent être ternes ou au contraire très saturés, si ce qu’il voit, que ce soit un œil de femme, une fleur ou un chien, réveille dans George pour une seconde le sens de la vie oublié. C’est une méthode artistique très formaliste, mais un même temps, très efficace pour plonger le spectateur dans le monde du paradis perdu de George. Parfois, c’est très évident que le réalisateur fait ses études, cherche son style en collant les scènes influencé par Hitchcock ou Wong. En plus, les plans de macro et les jump-cuts nous aident à voir le monde à travers les yeux du héros. Dommage que l’ingéniosité de Tom Ford-réalisateur aboutisse souvent à des scènes de dialogues, qui se transforment parfois en champs-contre champs banals. En général, Tom Ford a réussi d’entrer dans le monde cinématographique avec un film bon et professionnel. Un film qui nous touche principalement non avec sa beauté et style (ce qu’on peut attendre d’un couturier), mais avec ses émotions.
Тезисно:
1. Дебют модельера Тома Форда в кино — гей-драма о лос-анджелесском профессоре (Колин Фёрт), потерявшем своего возлюбленного и находящегося в шаге от самоубийства.
2. Фильм снят Фордом на свои деньги и является экранизацией. Впрочем, режиссёр попытался ввести в фильм некоторые элементы из своей собственной биографии, а тема потери возлюбленного явно волнует автора, партнёр которого был на 12 лет старше.
3. Колин Фёрт — самоиграющий центр картины, на нём строятся все сцены и зрительские эмоции. Другие актёры, которые возникали бы больше, чем на две сцены, практически отсутствуют — даже Джулианна Мур при всех своих талантах низведена до одного пьяного диалога.
4. Колин Фёрт играет то, что всегда умел и охотно делал — играет страдания влюблённого интеллектуала. С одной стороны, его роль сложная — он играет любовь к персонажу, которого нет на экране (кроме пары флешбеков), с другой — он не столько создаёт конкретный характер, сколько играет эмоциональный, но общий шаблонный (generic) образ героя мелодрамы. В принципе, потерю партнёра можно было бы довольно легко заменить на потерю партнёрши без принципиального изменения рисунка роли.
5. Чтобы показать, что он пришёл в кино не просто так, что он действительно режиссёр, Том Форд старательно использует киноязык — создаёт перцептивный, субъективный фильм, в котором очень важную роль играет попытка передать мир глазами героя настолько точно, насколько это возможно. Например, постоянно убирая и добавляя прямо в кадре насыщенность цвета, Форд выделяет те объекты серых будней героя, которые ещё способны подарить ему хоть какую-то радость жизни на пороге смерти.
6. В целом, нарочитый формализм игр с макро, джамп-катом и цветокоррекцией не мешает воспринимать эмоциональное содержание картины, за создание которого Фёрт получил приз в Венеции как лучший актёр.
** Don’t Look Up, 2021
Un grand météorite s’approche de la Terre… Un début classique pour un film de catastrophe devient chez Adam McKay le début d’un film satirique. Deux astronomes, Dr. Randall Mindy (Leonardo Di Caprio) et Kate Dibiasky (Jennifer Lawrence) découvrent un météorite qui va tuer la Terre dans six mois. Une réunion d’urgence avec le président des États-Unis ne donne aucun résultat — un général du Pentagone s’avère être un escroc, et le président est une femme narcissique stupide (Meryl Streep), préoccupée uniquement par sa сote de popularité. Ensuite, les héros obtiennent du temps d’antenne sur une émission de télé super populaire. En vain – les scientifiques «n’ont pas suivi de cours de communication médiatique». En résultat, Kate est marquée du sceau d’hystérique, son copain la quitte après l’émission. Dr. Randall plaît beaucoup à la joli présentatrice Brie Evantee (Cate Blanchett) qui lui fait son amant. En tout cas, l’actualité de la météorite s’estompe dans l’ombre en raison du mariage d’une chanteuse de pop. Après un certain temps, l’administration du pays, avec la présidente, revient sur le problème de la météorite, réalisant le potentiel de propagande de la lutte contre un objet extraterrestre. Un milliardaire et magnat des médias un peu autistique Peter Isherwel (Mark Rylance) se porte volontaire pour aider au monde, mais au dernier moment il refuse de détruire la météorite, y ayant trouvé des gisements de métaux des terres rares. Le plan visant à extraire soigneusement le trésor de la pierre cosmique a pris trop de temps à se développer, et en même temps les Russes n’ont jamais appris à lancer des fusées spatiales pour éliminer eux-mêmes la menace…
Netflix nous présente un film de sketch plutôt qu’un vrai film long-métrage. En fait, c’est presque un pur pièce de télévision avec beaucoup de dialogues, qui s’intègre parfaitement sur le petit écran. Le scénario a été écrit avant de l’épidémie de COVID-19, mais le film deviendra un commentaire parfait sur l’épidémie et sur toute la guerre de l’information qui accompagne la lutte mondiale contre la maladie. Cependant, au lieu d’un virus ou d’une météorite, absolument tout peut être substitué dans un tel complot. L’idée principale ne changera pas – l’humanité d’aujourd’hui vient de perdre l’esprit critique et est en dépendance totale vis-à-vis des réseaux sociaux et des flux d’actualités d’une minute. Les penses d’auteurs se prévalent sur le contenu et la forme. Ce n’est pas tant parce que les personnages sont stéréotypés et caricaturaux : c’est ainsi que cela devrait être par genre : un magnat sans empathie, un chef de cabinet de la Maison-Blanche très stupide etc. C’est parce qu’il n’y a pas de dramaturgie clair et séquentiel de l’histoire. Le temps de récit pendant ces six mois d’attente saut constamment et la plupart de personnage reste sans changement (par exemple, Mark Rylance dont le potentiel d’acteur est supérieur à celui présenté dans le film). D’autre part, le héros de Di Caprio est nouveau dans chaque scène — tantôt un scientifique timide, tantôt un amoureux éhonté d’une star de la télévision, qui a quitté sa femme et ses deux fils, puis à nouveau un mari fidèle, lisant un mot d’adieu sincère lors du dernier dîner de famille. Les scènes elles-mêmes sont d’actualité et drôles, mais il est dommage qu’elles n’aient pas été liées à une seule ligne dramatique et émotionnelle.
Тезисно:
1. Фильм представляет собой яркую сатиру на современное общество, зависимое от сиюминутного контента соцсетей.
2. Формально фильм о метеорите, но сценарий идеально ложится на современную ситуацию с эпидемией COVID-19.
3. Обладая ярким актёрским составом, фильм по сути распадается на ряд скетчевых сцен. Время повествования хаотично скачет, решения героев непредсказуемо меняются туда-сюда на ходу, а персонажи или крайне шаблонные (что соответствует жанру), или же наоборот постоянно и неоправданно быстро меняются от сцены к сцене (герой Ди Каприо).
4. Картина телевизионная по стилю, как раз хорошо годится именно для маленького экрана.
*** House of Gucci, 2021. Lady Macbeth du district de Milan
Ridley Scott a consacré son dernier projet à la maison de mode Gucci et à l’histoire de guerres féodales autour de la marque. Le premier pas vers la chute était une rencontre dans une boîte de nuit Maurizio Gucci (Adam Driver) avec une Italienne très passionnée et persistante — Patricia Reggiani (Lady Gaga). Rudolfo, le père de Mauricio (Jeremy Irons), un esthète sophistiqué avec une très bonne intuition, a refusé de bénir cette union, et Maurizio a été contraint de quitter sa maison riche et de prendre un travail comme ouvrier dans un dépôt de bus de son beau-père. Après le mariage inévitable, Patricia a commencé d’établir des contacts avec Aldo Gucci (Al Pacino), un frère de Rudolfo. En profitant de l’incompréhension et l’aversion mutuelles entre deux frères et entre Aldo et son fils Paolo (Jared Leto), Patricia a vissé son mari dans le coeur de la maison de couture : très vite, il est devenu un gestionnaire supérieur à New-York chez son oncle. Avec les mains de Paolo, Maurizio envoye Aldo en prison, et suite à la morte de Rudolfo, le héros principal devient le seul propriétaire de l’entreprise. Ici commence le deuxième et très court chapitre de la vie de Maurizio. À la recherche d’argent pour développer son entreprise, il se tourne vers des investisseurs arabes et rompt presque en même temps avec Patricia, réalisant qu’elle est sa Lady Macbeth. Dépourvu de talent managérial, Maurizio est contraint de vendre entièrement sa part aux Arabes, et très vite, il est tué par son ex-femme à l’aide de deux tueurs siciliens à cause de la jalousie et de l’avarice.
Le réalisateur est un maître, un classique vivant. En racontant cette histoire presque entièrement composée de dialogues et donc ayant une limite mise en scénique, Ridley Scott se concentre plut tôt sur les acteurs. Le casting de film est incroyable – presque chacun est un lauréat d’Oscar (même pour une chanson) ou un lauréat futur (Adam Driver, sans doute). Ridley Scott a même trouvé la place dans cet ensemble pour l’épouse du propriétaire actuel de Gucci – François-Henri Pinault dont la femme Salma Hayek joue un rôle épisodique. Le seul problème du casting de quatre grands acteurs dans les rôles de Guccis et de Lady Gaga comme Patricia, un problème déjà beaucoup cité et noté, c’est manque de vrai ensemble. Tout le monde est bon, mais souvent tout le monde joue sa propre rôle. Lady Gaga est très excentrique et active – mais c’est exactement ce à quoi elle a droit par son rôle — une simple femme stupide qui a grimpé dans la haute société et dont les astuces simples ne la rendaient pas heureuse à long terme. La ligne de Rudolfo Gucci est marquée par la discrétion. Jeremy Irons passe la plupart de son rôle dans l’obscurité de sa villa. Un intellectuel et l’homme d’art mourant, une espèce menacée, un héros romantique («j’ai fait ce foulard pour Grace Kelly !») est une image fréquente de cet acteur. La seule scène où Irons exprime les émotions fortes, c’est un scandal avec Paolo qui a osé utiliser du marron dans ses dessins de vêtements. Assez curieusement, ç’a mis en fureur ce vieux Gucci bien plus que la fuite de son fils de la maison vers une niaise aux gros seins. L’ombre de Rudolfo est son avocat silencieux – Domenico De Sole joué par Jack Huston. Cet homme patient en noir deviendra éventuellement le PDG de la maison de mode après le départ de Maurizio. Adam Driver s’intègre dans ce film beaucoup mieux que dans «The Last Duel». Star Wars a déjà montré qu’il ne peut pas jouer les méchants. Dans «House of Gucci», le flegmatisme de l’acteur, son sourire ironique et son estime de soi intérieure, que Driver apporte à chacun de ses rôles, aide à Driver de devenir le vrai centre du film, un personnage beaucoup plus complexe que celui de Lady Gaga qui crée une image réaliste, authentique et vive, mais plate. La ligne d’Aldo est plus excentrique, surtout Paolo Gucci. Jared Leto, un fan de Gucci dans la vie ordinaire, comme d’habitude, il veut plus que tout que tout le monde voie comment il joue. Son dessin du rôle avec un maquillage complexe et beaucoup d’émotions jouées devient plus important pour l’acteur que le personnage lui-même, qui finit par rejouer gravement et s’envole de l’ensemble (ce rôle a causé le plus de plaintes des vivant Guccis). Quant à Al Pacino, l’acteur le plus grand de ce casting nous donne non seulement l’image d’un homme d’affaires sûr de lui, le rôle ordinaire pour lui, que Al Pacino peut jouer même sans se réveiller. Al Pacino est presque le seul acteur dans le film qui joue la vrai tragédie, une tragédie shakespearienne. Dans cette intrigue sur la lutte pour le pouvoir et l’argent, c’est lui qui est la principale victime de l’intrigue. L’acteur se montre très clairement la victime de la trahison, quoique brièvement (dans «The Irishman», par exemple, son personnage n’a aucun temps de comprendre quoi que ce soit).
Dans l’interprétation de Ridley Scott, l’histoire de Gucci est l’histoire de Macbeth. Le scénario a diminué gravement la quantité de Guccis (en réalité, Aldo avait quatre enfants, Maurizio, deux), et l’histoire a été simplifiée. Ridley Scott raconte une histoire d’une femme obsédée par une passion pour l’argent, qui a utilisé son mari faible pour les intrigues, et a finalement presque rien reçu. À proprement parler, Patricia a perdu beaucoup d’années de sa vie dans la prison, mais elle est libre maintenant et plus riche qu’avant son mariage à Maurizio. Ce drame est sérieux et joué par des gens respectables, donc Ridley Scott limite les images ensoleillées de dolce vita italienne. Souvent, on voit des intérieurs semi-obscurs des maisons de Rudolfo et Maurizio. En même temps, Ridley Scott est à un pas du style d’un film mafieux comme «The Godfather» (à l’exception d’une scène avec une vache, un hommage pur à Coppola). Les tons froids et gris remplacent peu à peu le soleil des premières scènes. Les costumes de ce film sont très beaux et variés (jusqu’au niveau de Wong Kar-wai – nouveaux vêtements dans chaque plan même au sein d’une scène dramatique cohérente), mais il n’y a pas de couleurs chics de Gucci moderne, seulement les costumes classiques et réservés (sauf pour la roturière Patricia). Dans le monde de Guccis, il n’y a pas de chaleur et de la lumière du foyer (c’est très ironique que la cheminée n’apparaît que dans les scènes d’aliénation des époux), parce qu’il n’y a pas de la famille. Le nom et le statut sont bien plus importants pour les créateurs de mode que les vrais liens et valeurs familiaux. Et la phrase «aucun membre de la famille Gucci ne reste dans l’entreprise» devient la principale leçon que l’auteur veut nous transmettre.
Тезисно:
1. Рассказ истории об убийстве Маурицио Гуччи его бывшей женой построен преимущественно на диалогах.
2. В данных условиях, Ридли Скотт старается сосредоточиться на актёрах, так как мизансценически его фильм довольно ограничен.
3. Кастинг фильма прекрасен (почти сплошь одни лауреаты премии Оскар), но каждый актёр играет какую-то свою роль. И если эксцентризм Леди Гаги драматургически оправдан (простушка, которая попыталась влезть на самый верх), то например, Джаред Лето играет очень нарочито и переигрывает (именно его роль больше всего критиковали оставшиеся в живых Гуччи).
4. Аль Пачино и Адам Драйвер прекрасны и на своём месте. Пачино дали сыграть трагедию предательства, которую он не сыграл только что в «Ирландце».
5. Сюжет борьбы за модный дом упрощён и превращён в современное подобие «Леди Макбет» с трагедийным финалом, когда в итоге никто не получает ничего.
6. В фильме довольно мало солнечных пейзажей и ярких костюмов. Историю кровавой борьбы за власть Скотт рассказывает в полутёмных интерьерах вилл, где действуют одинокие холодные персонажи, лишённые крепких семейных связей. Фамилия для них важнее реальной семьи, что и приводит к трагедии.
** Dune, 2021.
Une quarantaine d’années après l’échec de David Lynch, Denis Villeneuve a essayé d’adapter au grand écran le roman éponyme célèbre de Frank Herbert. L’action se déroule dans un futur lointain. Le duc Leto Atréides (Oscar Isaac) devient un gouverneur de la planète Arrakis ou Dune. Cette planète est très importante pour l’Empire transgalactyque à cause de grands vers produisant «l’Épice», une drogue indispensable pour les voyages interstellaires. Bientôt, l’Empereur Shaddam IV a envoyé sur Dune ses légions pour aider à baron Vladimir Harkonnen (Stellan Skarsgård) d’écraser la maison d’Atréides. Le duc et ses gardes sont tués, mais son fils Paul (Timothée Chalamet) et sa concubine Jessica (Rebecca Ferguson) se cache dans les déserts de Dune avec les peuple autochtone de cette planète, les Fremen, qui prennent Paul pour l’Élu des anciennes prophéties. À suivre…
La première chose qui doit être prononcée juste au debut d’une conversation sur «Dune», c’est le fait que le film de Villeneuve n’est pas un film complet à valeur requise. On doit le considérer juste comme un tiser, une exercice de style, des tests d’écran. La super-tâche de Villeneuve, qui est un fan du roman depuis sa jeunesse, est sans doute non seulement de créer le film sur Dune, mais de créer le monde de Dune et y habiter aussi longtemps que possible, juste comme Alexeï German pendant le tournage de ses deux derniers films. Le processus est beaucoup plus important pour le réalisateur qu’un résultat. C’est pourquoi le film est longue et lent comme une série, c’est pourquoi on a l’intention de créer au moins deux films.
Le matériel du roman s’est avéré plus grand est sérieux pour les ambitions de Villeneuve. Malgré la vitesse baisse de narration, les pensées globales d’Herbert sur la politique, le pouvoir, l’écologie ont enfui le film. En effet, c’est une situation ordinaire pour les adaptations de grands romans et une situation attendue, vu que Villeneuve est plutôt le réalisateur de petite forme. Ce qui est bien pire, c’est la perte d’émotions dans le film. Le laconisme émasculé de la représentation visuelle, dont nous parlerons bientôt, a également affecté le jeu d’acteurs et les images des personnages. Presque tout l’ensemble des acteurs joue non seulement avec réserve, mais aussi d’une manière très stéréotypée, soit un monarque sage d’Isaac, le méchant principal de Skarsgård, un guerrier courageux de Momoa etc. C’est un ensemble de stéréotypes appropriés dans Star Wars, mais pas dans un film qui prétend être de la science-fiction intellectuelle (et il ne peut en être autrement, car Villeneuve, malheureusement, ne sait pas tourner les scènes de bataille et d’action). Bien que le talent de Skarsgård soit incomparable à celui de Kenneth McMillan, le baron de 2021 est incomparablement plus ennuyeux que celui de 1984. Vu que tous les acteurs sous-jouent, un jeu émotionnel sur le point d’hystérique de Rebecca Ferguson semble très «trop» dans ce film. Quant à Timothée Chalamet, il n’a ni force intérieur ni talent pour jouer un messie. Il juste joue un personnage qui ne peut que prétendre d’être lui depuis le vrai début de film. C’est triste que Keanu Reeves est vieux aujourd’hui, parce qu’il a toujours réussi à jouer les rôles d’élus.
Qu’est que le film, privé dans sa narration de l’amour, de l’humeur, du suspense, de la peur, de toutes les émotions fortes (l’une scène de Lynch où le baron boit le sang d’un jeune homme, malgré le jeu très non naturel de deuxième plan, est plus interessante et émotionnelle que tout le film pris en considération), peut nous donner ? La beauté. Pas la beauté d’un désert comme quelqu’un écrit, parce que le désert d’Arrakis est mort et sombre. Si vous voulez de voir un désert vraiment cinématographique, il faut regarder «The Sheltering Sky» de Bernardo Bertolucci ou «Mad Max: Fury Road» de Georges Miller. La beauté de style laconique sur tous les niveaux de la direction artistique. Les paysages rocheux vides riment avec d’immenses salles vides, rappelant toujours des grottes. La couleur des décors et des costumes (il n’y a pas tout à fait du baroque lynchien) s’accordent parfaitement à la moindre nuance et forment une palette détaillée, construite sur seulement deux couleurs : le jaune et le gris. Bien que l’espace de l’écran est plat et unidimensionnel comme d’habitude dans le cinéma de grand public hollywoodien, la photographie de Greig Fraser est incroyable beaux. Je ne me souviens pas un film où le chef opérateur travaille si bien avec des objets hors la zone de mise au point de l’objectif et utilise si bien l’image floue en raison de l’utilisation d’hologrammes, de boucliers protecteurs, d’ailes d’ornithoptères, ou du fait que les personnages sont cachés par une tempête de sable.
C’est à dire, «Dune» n’est pas un film pour réfléchir ou sentir (pas pour écouter non plus, parce que la musique de Zimmer est très de fond et ordinaire et le niveau de sons est pauvre), c’est un film pour voir et regarder.
*** The Last Duel, 2021. #LadiesToo
Le film de Ridley Scott est consacré à l’une des histoires de viol médiévales les plus connues en France. Un chevalier brusque et courageux Jean de Carrouges (Matt Damon) apprend que son épouse Marguerite de Thibouville (Jodie Comer) a été violée pendant son absence d’une semaine. Le méchant est Jacques le Gris (Adam Driver), l’ancien ami de Jean, un coureur de jupes et un protégé du compte puissant Pierre d’Alençon (Ben Affleck). Grâce au dernier, Jacques vient d’obtenir le poste de capitaine, qui devait être hérité par Jean. Se rendant compte qu’au tribunal la parole de la femme ne vaut rien contre la parole de l’homme, Jean se rend chez le roi Charles VI (Alex Lawther) et appelle officiellement Jacques le Gris au jugement divin, c’est-à-dire un duel mortel entre deux chevaliers. Selon un usage cruel, dans le cas de la mort de son mari, Marguerite sera brûlée pour le faux témoignage contre un homme.
Le générique de fermeture indique que l’histoire montrée est basée sur des faits réels. Ici, on peut gronder un peu sur le sujet d’une crise de scénario à Hollywood d’aujourd’hui — pourquoi au lieu d’un scénario originel, Nicole Holofcener, Ben Affleck et Matt Damon nous proposent une autre adaptation à l’écran d’un livre déjà publié («The Last Duel: A True Story of Trial by Combat in Medieval France» d’Eric Jager). Mais d’un autre côté, nous devrions plutôt dire merci aux auteurs du film, qui ont dépensé 100 millions de dollars pour un cinéma médiéval. À une époque dominée par les franchises de super-héros en spandex, Ridley Scott (qui est aussi un chevalier officiel comme son héros) nous rappelle qu’il est l’un des rares cinéastes vivant qui possède le don presque oublié de la création des films historiques. Des films où le combat au corps à corps n’est pas parce que cela semble spectaculaire à l’écran, bien qu’il soit le temps des canons laser, mais parce que c’est ainsi qu’ils se sont réellement battus. Sur l’écran, on voit des combats privés de prétentions enfantines, les combats du film avec le classement R qui n’est pas populaire aujourd’hui.
Tous les éléments principaux de ce film peuvent être trouvés dans les autres films de la filmographie scottienne. Il a déjà commencé sa carrière au cinéma par un film sur le duel, qui même s’appelle «The Duellists». Il a tourné des films sur le Moyen Âge («Kingdom of Heaven», «Robin Hood»). Il a tourné un film où le viol est un événement principal pour le sujet (mais dans «Thelma & Louise», s’était possible pour une femme de juste prendre un revolver et tuer un violeur). Maintenant, le réalisateur très expérimenté mêle l’agréable à l’utile et tourne un film qui s’intègre parfaitement dans sa filmographie. Sous les mots «agréable» et «utile», nous sous-entendons respectivement une présentation de l’époque et un commentaire sur le mouvement de #MeToo. Ridley Scott soi-même est une viсtime collatérale de cette lutte hollywoodienne contre des violeurs et agresseurs de l’industrie cinématographique — Scott a été obligé de licencier Kevin Spacey de son projet «All the Money in the World» dont la plupart a été retournée très vite avec Christopher Plummer. Maintenant, à l’époque de l’humanité et «l’égalité», pour les victimes de viols c’est très difficile parfois d’obtenir la vérité — on doit briser le «victim blaming» méprisant d’une société encore atone et patriarcale. On peut imaginer quel effort titanesque cela a coûté à une femme du XIVe siècle, une femme qui a au moins les privilèges de la noblesse.
La comparaison entre «The Last Duel» et «Rashomon» est vraiment inévitable. Pour raconter un vrai fait-divers, les scénaristes de Ridley Scott choisissent la forme déjà utilisée par Ryūnosuke Akutagawa pour décrire une viol imaginaire. 153 minutes du chronométrage sont divisées entre trois histoires ou, plus précisément, trois versions de l’événement, ou trois «vérités». La vérité du mari et suivie par la vérité du violeur et juste après deux hommes, on donne à la femme la permission de parler. C’est un vrai plaisir cinématographique à part — sur le fond de plans répétitifs, de capturer d’autres répliques ou angles, qui, d’une part, nous donnent un regard en trois dimensions sur l’histoire et, d’autre part, nous privent de la vérité, car il est insaisissable (bien que pendant le fondu enchaîné du générique du troisième chapitre, dans la phrase «la vérité selon Marguerite de Thibouville» le premier mot reste isolé quelques seconds après la disparition du nom). Seulement dans le troisième dit, rempli de larmes de femmes, on voit cette lutte contre la société. Marguerite n’est aperçue qu’une chose. Elle est la possession de son mari — ce n’est pas le viol qui est condamné, mais une tentative sur la propriété d’un chevalier. La détermination d’une femme à dire toute la vérité est condamnée par sa meilleure amie, condamnée par sa belle-mère (également une ancienne victime de viol). Le mari ne l’aime pas — pour lui, le mariage était plutôt un moyen d’améliorer sa situation financière. Jean de Carrouges est tendre à l’adresse de son épouse seulement dans sa vérité. Marguerite le décrit comme un homme grossier, préoccupé dans le lit par son propre plaisir et la volonté d’avoir un héritier. Au procès, une femme enceinte sera forcée de mentir, en répondant à des questions astucieuses sur le plaisir («la petite mort») qu’elle aurait dû avoir au lit avec son mari (et peut-être avec l’agresseur imaginaire). On voit clairement, que Marguerite a encore du bon chance — pour son mari, cette situation est non seulement la possibilité de restaurer son bon nom, mais surtout la première et la dernière possibilité de tenter tuer légitimement son offenseur et concurrent pour le poste militaire prestigieux et les territoires (Pierre d’Alençon a donné une partie de possessions foncières de la famille de Thibouville à Jacques le Gris).
Le commentaire scottien sur des actualités du monde occidental est assez du mainstream, avec peu d’ambiguïté. C’est logique, d’autant plus que le projet appartient au studio Disney, un studio plutôt conservateur et prudent. Ce qui est important au-delà de l’agenda et de la narration dynamique (avec une fin évidemment prévisible), c’est la façon dont l’histoire est racontée. Ridley Scott, qui s’est montré à son début comme un digne successeur de Kubrick, continue de tourner des films perfectionnistes à la manière de «Barry Lyndon». Scott ne se limite pas par Damon et Driver (le casting est très bon en général, sauf qu’il y a peu de mal à l’intérieur du Driver) sur fond d’un château (à propos, le château de Carrouges est encore existant et il était demeuré par les descendants du brave chevalier jusqu’au début du XX-e siècle). Le réalisateur tente de créer le monde médiéval avec beaucoup d’action sur le dernier plan de l’image. Cette plénitude d’action donne aussi un fond acoustique, et Scott, dans se film, ne détourne pas de la musique exégétique (qui est, en tout cas, bien et même tente d’être un peu médiévale). L’image de Dariusz Wolski est construite sur un contraste fort entre l’intérieur et l’extérieur. Les intérieurs sont chauds, ils sont éclairés authentiquement par des cheminées et des bougies (un bonjour parfait à Kubrick). Les extérieurs sont froids et gris — l’action se déroule plutôt aux temps froids. La scène culminante est un gâchis gris-brun de neige, d’acier et de boue. Ce n’est que dans l’épilogue que l’on voit enfin la lumière du soleil et la verdure éclatante. La beauté et la tranquillité d’un monde d’une mère, d’une femme privée enfin de l’agression masculine, un monde où Thelma et Louise ne sont jamais arrivées.
P. S. Le duel entre Carrouges et Le Gris est, en fait, l’avant-dernier. Le dernier duel judiciaire français, c’était un combat de Guy Chabot de Jarnac contre François de Vivonne en 1547.
Несколько забавных фактов о Голливудских мэйджорах.
1. Сэмюэль Голдвин никогда не работал и не был связан с со студией, носящей его имя — Metro-Goldwyn-Mayer.
2. Уильям Фокс никогда не работал и не был связан со студией, носящей его имя — XX Сentury Fox.
3. Луис Мейер не был владельцем студии, носящей его имя — Metro-Goldwyn-Mayer.
4. Из всех мэйджоров «Голливуда», в Голливуде географически сейчас находится только Paramount.
5. Фамилия братьев Уорнер — Вонсколасер (Гирш, Аарон, Шмуль и Ицхак).
Fly-in
Любители кино, представляю вам первый в мире кинотеатр системы fly-in в Asbury Park, New Jersey. Если в обычный драйв-ин зритель приезжал на машине, то сюда можно было заехать на самолёте из расположенного прямо рядом аэропорта. Открыт был 3 июня 1948 года и существовал как минимум до 1963 г. Вмещал около 20 самолётов.