Dans ce film d’espionnage britannique réalisé par Sidney J. Furie, Michael Caine joue le rôle d’un agent de contre-espionnage Harry Palmer. Autrefois il a été sauvé du tribunal militaire par le colonel Ross (Guy Doleman) qui est maintenant le chef de Harry. Ross le tient en laisse courte et utilise pour des tâches ennuyeuses comme la surveillance. Harry trouve la chance de faire ses preuves quand il est muté dans un département voisin sous la direction du major Dalby (Nigel Green). On a donné à Harry mission de trouver un certain docteur Radcliffe (Aubrey Richards) enlevé par un Albanais Eric Grantby (Frank Gatliff). En se lançant avec zèle dans les affaires, notre héros dégourdi et ayant des relations avec Scotland Yard parvient très vite à trouver Radcliffe, mais celui-ci n’est pas capable de continuer son travail comme scientifique à cause du lavage de cerveau. De mal en pis, pendant la libération du docteur Harry a tué un agent de la CIA qui s’intéresse aussi au problème de l’exode des cerveaux au Royaume-Uni. Désormais des ennuis sont partout : Ross demande de microfilmer quelques documents de Dalby sous la menace de la reprise du tribunal, quelqu’un fusille la voiture de Harry, l’agent de la CIA mort est trouvé dans son appartement et les documents importants disparaissent de sa table au travail. Étant très perplexe, Harry prend la décision de quitter le pays juste pour se trouver finalement dans une oubliette dans un autre coin de l’Europe…
Les films froids pour la guerre froide ! «The Ipcress file» est le product de son époque et on peut nommer quelques événement qui ont influencé l’apparition de ce film et sa popularité. Le roman du même nom de Len Deighton est publié en 1962 — une année très importante pour la compréhension du film, de son style et ses sujets. Premièrement, 1962 — c’est l’année de la crise des missiles de Cuba, l’un des événements les plus graves de la guerre froide, quand le monde entier était à un pas du désastre et quand c’était évidant que la guerre suivante serait gagnée principalement par des scientifiques. Deuxièmement, deux films sont sortis sur les écrans: «The Manchurian Candidate» qui aborde les sujets du lavage de cerveau et de la hypnose, et «Dr. No» qui a introduit James Bond comme un type populaire de héros de film d’espionnage. Harry Palmer a été créé comme un antipode de James Bond. Bien sûr, il est aussi agile et audacieux, séduisant et un peu impertinent mais son comportement, son mode de vie et les méthodes de travail sont absolument différents de ceux de 007. Il n’y a pas de pathétique, de pose bon marché et d’irréalité chez Harry Palmer. Le héros de Sidney J. Furie habite dans un monde gris un peu ennuyeux où le remplissage de papiers prend beaucoup plus de temps que les fusillades et les chasses (qui d’ailleurs n’existent presque pas du tout). Harry Palmer ressemble aux héros de John Le Carré qui a commencé à écrire en 1961. Ceux-ci sont des hommes sérieux en costumes formels qui risquent ses vies pour la patrie en obtenant rien en retour. Voici un morceau de dialogue très significatif pour tout film d’espionnage sérieux:
— J’aurais pu être tué ou rendu fou, fou de rage.
— C’est pour ça que tu es payé.
Ici, en service secret, on n’a pas d’émotions et on utilise très souvent des codes alphanumériques qui peuvent signifier n’importe quoi : un code d’accès, un formulaire, les états de service, même un banc à Londres. Michael Caine enrichit son jeu flegmatique par son expérience de la guerre réel, un expérience qui lui donne un contenu interne suffisant pour allumer l’étoile de l’acteur qui brûle vivement jusqu’à aujourd’hui
Un complot pointu ne suffit pas pour se démarquer parmi les films d’espionnage. On a besoin d’un acteur très talentueux comme Richard Barton («The Spy Who Came in from the Cold») ou l’image très originale comme dans ce film. Le directeur de la photographie de «The Ipcress File» est Otto Heller, un vrai génie du cinéma britannique dont le travail avec les couleurs dans «The Ladykillers » et surtout «Peeping Tom» est inoubliable. Chez Sidney J. Furie il n’y a pas beaucoup de possibilité de créer des combinaisons de couleurs vives, parce que le film est principalement gris brun avec un peu de taches rouges qui portent de l’anxiété. Le talent de coloriste de Heller travaillera plus près de la finale quand nous nous rencontrons aux dernières techniques d’hypnose. Pourtant pendant toute la durée du film Otto Heller crée l’anxiété à l’aide de la composition. Des raccourcis très inattendus, un horizon irrégulier et l’utilisation active des objets sur le premier plan (il y a une image incroyable dans laquelle Heller à la fin du mouvement de la caméra met la tête d’un personnage éloigné dans un petit trou dans le mur au premier plan) transmettent avec la précision les sentiment du héros qui s’est perdu dans ce monde cruel et menteur. Peut-être on doit vraiment gagner un point de vue inhumain comme celui du caméra pour voir la vérité. Encore Dziga Vertov a dit que l’œil d’une caméra de cinéma est meilleur que celui de l’humain.