«Before the rain» est un film début de long métrage de Milcho Manchevski — un réalisateur macédonien. Le film se compose de trois parties nommées «Mots», «Visages» et «Images». Le héros principale de la première partie et un moine orthodoxe Kiril (Grégoire Colin) qui habite dans un petit monastère en Macédoine et qui a fait vœu de silence. Une nuit une jeune albanaise Zamira (Labina Mitevska) qui vient de tuer un Macédonien se cache dans sa cellule. Kiril ne défère pas la jeune fille dont il est tombé amoureux, mais la tromperie se dévoile et le père abbé expulse les jeunes qui se trouvent ensuite dans les mains d’Albanais et Zamira se fait tuer. La partie «Visages» est consacrée à une femme anglaise Anne (Katrin Cartlidge) qui travaille comme éditrice de photos et qui se jète entre son mari Nick (Jay Villiers) et son amant Aleksandar (Rade Šerbedžija) — un photographe très talentueux d’origine macédonien. Finalement Anne reste seule — Aleksandar quitte Londres pour revenir à son pays natale tandis que Nick est tué suite à une querelle ethnique dans un restaurant. Ensuite Aleksandar devient le héros principale des «Images». Il revient en Macédoine après seize ans d’absence et il revient dans l’autre pays, dans le pays qui est déchiré par la guerre entre les Macédoniens et les Albanais. Pourtant Aleksander vie comme il n’y a pas de guerre — il visite librement le village albanais où habite une veuve Hana (Silvija Stojanovska) qu’il aimait il y a longtemps. Les problèmes commencent quant Zamira, la fille d’Hana, tue un cousin d’Aleksander. Mû par son amour et par le sentiment de culpabilité (il a toujours juste pris des photos de la guerre et même a provoqué un meurtre) Aleksander libère Zamira pour être tué en punition par son frère. Zamira s’enfuie et se cache dans un monastère orthodoxe où habite un moine qui s’appelle Kiril…
Manchevski est entré dans le monde du cinéma de long métrage par un film fort dont la force a ses racines dans l’origine du réalisateur. L’auteur se tourmentant par des conflits ethniques dans son pays natale essaye de nous montrer sa douleur et il cherche les possibilités d’élever le niveau de la problème local au niveau paneuropéen. Dans ce but Manchevski, qui est également le scénariste du film, devise l’histoire en trois parties avec les héros différents. Il y en a trois : un jeune homme, une femme et un homme et deux lieux de l’action : la Macédoine et le Royaume-Uni. L’histoire anglaise est intégrée entre deux histoires macédoniennes et nous aide de les séparer et voir plus clairement la structure ternaire, ainsi que la décision coloristique des «Visages» est distinctif. Manchevski aime sa patrie et il peint les paysages macédoniens par les peintures vives et chaudes. Au contraire, Londres dans ce film est froide, sombre et presque monochrome. Nous pouvons partiellement comprendre la décision d’Aleksandar de quitte la ville anglaise pour revenir à Macédoine juste en comparant les couleurs de deux places. Au niveau du sujet Manchevski cherche toutes les possibilités d’unir les parties de manière poétique en trouvant des rimes. La rime la plus importante c’est évidemment les paroles ayant rapport au titre : «Il va pleurer». Ces paroles se prononcent plusieurs fois dans toutes les parties et postulent l’approche du danger, du conflit. Pour de vrai, nous pouvons voir le premier signe de la violence à venir en début de film où Manchevski cite le début de «La Horde sauvage» de Sam Peckinpah en montrant la cruauté d’enfants par rapport aux animaux. Bien sur dans le film de Manchevski on tue l’un l’autre, bien sur la cause des meurtres est la divergence ethnique et religieuse, mais en fait c’est la cause indirecte. L’éloquence du film réside dans le fait que les morts les plus importantes pour le sujet, celles de Zamira et Alexander, sont réalisées par leurs compatriotes — les héros sont tués par leurs cousins. Une fois la querelle a commencé le conflit deviendra de plus en plus sérieux tournant dans une spirale serrée et emportant sans interruption des vies de gens y compris les victimes accidentelles comme Nick dans la partie «Visages». C’est interessant que les noms des parties décrivent ceux qu’y manque. Il n’y pas de mots de Kiril parce qu’il garde le silence. Nick perd naturellement son visage à cause d’une balle folle et Aleksander ne produit pas d’images parce que les images sont la privilège d’un homme en dehors d’un conflit, tandis que Alexander, un macédonien, revient dans ce pays pour aller à l’intérieur du conflit et essayer de réconcilier des voisins de confessions différentes juste pour devenir la victime sacré.
Y a-t-il la sortie de ce conflit ? La vue du réalisateur est assez pessimiste. À l’aide de la dramaturgie, Manchevski noue l’histoire en un nœud serré, la baguant. Il n’y a ni début ni fin dans ce film. La fin des «Images» est le début des «Mots» et nous voyons Aleksander dans le cercueil dans «Images», tandis que dans «Visages» Anne regarde les photos du meurtre de Zamira et ensuite Aleksander quitte Londres pour aller à Macédoine, libérer Zamira et mourir. Manchevski a travaillé sans scénariste et on sent le manque de liens plus sérieux entre par exemple «Mots» et «Images» — juste une image d’Anna tenant des photos n’est pas, à mon avis, suffisante, pourtant on peut lire l’idée de l’auteur très claire. La guerre n’a ni début ni fin, elle existe toujours dans un cercle fermé et toujours des soldats d’UN se rouleront en cercle autour des combattants sans résultat et toujours les paysages balkaniques extrêmement beaux seront ensanglantés. Le sang sera toujours, parce que le sang ce n’est seulement pas la fin mais le début — ce n’est pas par hasard que les couches sanglants viennent en priorité de la mort d’Aleksander. Peut être le talent, la largeur d’âme et l’aspiration à la vérité d’Alexander sauvegarderait le monde ? Hélas, des fusils en Macédoine ne taisent pas jusqu’à ce jour-ci. Mais dans tous les cas, Manchevski nous a donné la beauté de ce pays malheureux, l’élégance de la construction dramatique et le charme très artistique de Rade Šerbedžija.