*** Le Feu follet, 1963.

Feu Follet 1963
Louis Malle disait que «Le Feu follet», son cinquième long métrage, était son premier vrai film, le film dont il est fier. En écrivant un scénario originel consacré au sujet de suicide, Malle a trouvé le roman homonyme de Pierre Drieu la Rochelle, et enfin il a pris la décision de faire une adaptation au lieu du tournage de son propre scénario. Le film nous raconte environ 24 dernières heures de la vie d’un certain Alain Leroy (Maurice Ronet). Il est un alcoolique qui vient de finir un cours de détoxication dans un clinique à Versailles. Ancien bon vivant et gigolo, après le nettoyage du corps, il a perdu l’intérêt à la vie. Sa maîtresse riche Lydia (Léna Skerla) le persuade à quitte sa femme et aller avec elle en Amérique. Au lieu d’Amérique, Alain va à Paris aux ses amis. La plupart d’eux continuent de passer le temps dans les restaurants avec les femmes. Le meilleur ami Dubourg (Bernard Noël), au contraire, a trouvé son plaisir dans la vie familiale ordinaire. Alain regarde avec horreur sa femme ennuyeuse et son petit appartement. Ensuite, Alain passe la soirée parmi les amis dans une riche maison bourgeoise, où il n’est que ridiculisé. Le matin prochain, en réalisant, qu’il n’y a pas de choses qui pourraient lui toucher dans ce monde, Alain range calmement sa pièce et prend un pistolet.

Feu Follet 1963
Louis Malle et Maurice Ronet, brûlant ses vies lors des soirées, ils ont perçu ce film comme quelque chose très personnelle. Le réalisateur et l’acteur ont mis dans ce film, sinon leur âme, du moins une partie d’eux-mêmes. Maurice Ronet, effrayant comme la mort elle-même, très mince après une diète spéciale, s’incarne au personnage de Drieu la Rochelle trop vraisemblablement (on doit noter que Alain Leroy a comme un prototype un écrivain Jacques Rigaut). Au début du film, lors Alain est encore calme, il n’y a pas beaucoup de dialogues de la parte de lui, mais pour Maurice Ronet ça suffit de juste marcher dans sa chambre en touchant les babioles sur la cheminée pour montrer toute la profondeur de sa dépression. Aucun acteur dans ce film peut être comparé avec Ronet, même Jeanne Moreau qui joue une ancienne copine d’Alain. Aujourd’hui, elle passe le temps de sa vie entre une gallérie et une salon d’opium. Ses yeux sont vides, mais c’est la profondeur noire sans un fond. Tandis que dans les yeux d’Alain, on voit des étincelles de vie qui brûlaient autrefois d’une flamme irrépressible de passion à la diable.
En transmettant le texte de Drieu la Rochelle en écran, Malle premièrement l’a réduit et réécrit. Presque tous les mots étaient écrits à nouveau ou du moins mélangés. Parfois, ce réécriture change le sens du récit. Par exemple, dans le dialogue avec Dubourg «Je voudrais que tu m’aides à mourir» se transforme en «Je voulais que tu m’aides à mourir». Alain de Malle est déjà totalement seul et privé de toute les formes du futur. L’existentialisme narratif du film est provoque par la suppression non seulement de la nudité qui était importante pour l’écrivain (tandis que Louis Malle construit la scène de sexe presque uniquement en gros plans), mais aussi des drogues. Drieu la Rochelle souligne que les drogues sont le problème le plus grave du héros. C’est l’abolition des drogues qui provoque ce triste état dépressif, quand c’est impossible de reprendre des émotions fortes, et en même temps le retour à l’héroïne est aussi hors de question. Evidemment, un simple mois de sobriété ne suffit pas pour pousser un homme relativement jeune dans un suicide aussi calculé. Faute de cette forte motivation, Alain se transforme en Meursault des années soixante, en homme qui se tue juste parce qu’il n’y a rien qui puisse l’intéresser. Ce détail transforme l’histoire privée d’un homme en critique de la société moderne.
Louis Malle ne cherche presque pas l’analogue du récit sec de Drieu la Rochelle qui suppose le montage court, haché par action («Il acheva son verre. Il paya. Il sortit»). En revanche, Malle et son directeur de la photographie Ghislain Cloquet trouvent une solution artistique pour nous montrer ce dernier chemin vers le bas. Au début, le film a un bas contraste, l’image, accompagné par la musique de Sati, est gris et morose, comme la vie sobre et ennuyeux du héros. Au fur et à mesure qu’Alain descend, comme dans l’enfer de Dante, d’un ami respectable aux riches hypocrites, la nuit s’épaissit, le gris cède la place au noir et le contraste grossit. Cette obscurité enveloppante mettra la fin à la vie du héros. Le soleil se lèvera juste encore une fois pour donner la possibilité à Alain de rendre ses choses dans sa chambre et de trouvez la gâchette de son pistolet…

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