Après «The Wolf of Wall Street» — une comédie délurée — Martin Scorsese a porté les yeux sur un sujet plus spiritualiste. Il est venu de la représentation d’un pécheur endurci à celle d’un homme juste. «Silence» est un film historique dont l’action prend place au Japon au début du XVIIe siècle. À cette époque-là le christianisme était interdit au Pays du soleil levant et le père Ferreira (Liam Neeson), le dernier prêtre catholique au Japon, a abjuré sa foi catholique après les tortures et les meurtres de ses disciples. En apprenant cette nouvelle, deux jésuites portugais jeunes, Sebastião Rodrigues (Andrew Garfield) et Francisco Garupe (Adam Driver), partent de Macao au Japon pour trouver et sauver le père Ferreira. Deux pères débarquent près d’un petit village Tomogi dont les habitants sont chrétiens clandestins. Malheureusement un inquisiteur Inoue (Issei Ogata) y arrive et il prend quatre otages parmi les villageois. Ils doivent piétiner une image de Jésus (un fumi-e) et ils font ça sur les conseils du père Rodriguez. Mais après cette formalité Inoue leur propose un test plus difficile — de cracher sur une croix de bois. Trois otages se renoncent et ils se font brûler. Seulement Kichijiro (Yōsuke Kubozuka), le guide des héros qui a déjà abjuré une fois, répète son acte impie. Suite à cette tragédie (tous les villageois étaient les témoins à l’exécution) les pères se séparent pour éviter l’inquisition.
À partir de maintenant nous restons avec le père Rodriguez. Il retrouve Kichijiro et il accepte sa pénitence juste pour être bientôt trahi par le japonais. Capturé par les inquisiteurs, Sebastião Rodrigues regarde la mort de Francisco Garupe qui essaie de libérer quatre chrétiens noyés. Ensuite le héros du film est ensuite emmené dans un temple bouddhiste, où Inoue et le père Ferreira qui a changé la religion et le nom essaient de convaincre le prisonnier de laisser ses tentatives de baptiser le Japon parce que «c’est un marais ou toutes les racines se dessèchent». Le père Rodrigues refuse et commence à préparer au tortures et au baptême du sang. Mais le portugais n’a pas mesuré la perfidie japonais — au lieu du père Rodrigues Inoue torture les chrétiens japonais qui ont déjà abjuré. Aussi Sebastião Rodrigues piétine-t-il un fumi-e et ensuite il change son nom et marie la femme japonaise. Après beaucoup d’années de la vie bouddhiste immaculée sous la surveillance infatigable de l’inquisition, Sebastião Rodrigues meurt et est brûle avec un crucifix caché dans les mains qui a été mis par sa femme.
Ayant montré le Dieu sous l’apparence où il est apparu une seule fois («The Last Temptation of Christ») Scorsese essaie de montrer le Dieu de notre vie ordinaire — le Dieu invisible et inaudible. C’est une décision principale pour le réalisateur qui a voulu pendant la jeunesse de devenir un prêtre catholique. Scorsese a pris le titre d’un film de Bergman qui essayait pendant toute sa vie de surmonter le silence du Dieu. «Silence» nous renvoie aux films des années 1950-1960, des films du réalisme théologique. Bien sûr le réalisateur nous rappelle non seulement le cinéma européen mais aussi le cinéma japonais. C’est presque impossible pour un cinéphile de tourner un film sur le Japon en n’utilisant pas les images qui viennent de films d’Akira Kurosawa (e. g. le tribunal) ou Kenji Mizoguchi (un bateau dans le brouillard). Le point de vue de Scorsese est strictement réaliste (sauf la vision de l’image du Christ dans l’eau). Son montage voyante et ses mouvement du caméra prétentieux ont cédé leur place au point de vue statique. Les couleurs éclatantes se sont disparus et il en reste seulement trois — le vert des broussailles qui cachent les missionnaires, le bleu de la mer qui entoure ce pays imprenable et l’orange du feu qui éclaire des services divines clandestins et ensuite dévore des chrétiens. Le film presque manque du rouge, le couleur du sang, non seulement parce que les japonais préfèrent de brûler et noyer les martyrs pour priver les chrétiens de leurs os, mais parce que le réalisateur ne veut pas marteler le sujet des souffrances physique, préférant de porter l’accent sur la souffrance spirituelle.
Deux acteurs aident à Scorsese de transmettre les doutes de foi. En passant le temps de préparation dans les jeûnes et les prières Andrew Garfield a presque réussi de se délivrer du vernis hollywoodien. Quant à Adam Driver, dès les premières images du film il ressemble à un moine des peintures anciennes. En plus, les acteurs japonais trouvés pas Scorsese ont l’air authentique et en voyant le film on peut croire se déplacer au Japon du XVI-me siècle, au temps de la misère et des bagarres cruelles. Le point du vue de Scorsese sur le Japon est sévère, comme sur «Sansho the Bailiff» de Mizoguchi. Les paysans tourmentés par les travaux obligatoires durs et n’ayant pas de joie, perçoivent la vie dans l’au-delà chrétiens comme le dernier espoir et seulement les actions trop cruels des inquisiteurs peuvent casser ce barre. Mais le film n’est pas consacré au recouvrement de fois par les japonais. Le film est plutôt consacré à la perte de la foi par le héros principal. Au début il se sent comme un apôtre — il est prêt à aller dans le pays lointaine et très dangereux pour sauver son frère, pour donner la communion aux chrétiens clandestins et pour mourir pour le Christ si besoin. Chaque chemin d’un saint, c’est un chemin de doutes et faiblesses. Tel est même celui du Christ sans oublier le saint Pierre. Scorsese tourne une hagiographie et selon les canons il doit conduire son héros par ce chemin dur et cruel. Sebastião Rodrigues voit la puissance de foi incroyable des paysans qui sont prêts à mourir comme les premiers chrétiens, mais le moine ne voit pas le soutien du Dieu qui contemple la situation sans donner le moindre signe. Le paysage mort de ce pays sauvage n’écoute pas les voix de la prière. Il semble que le Dieu chrétien oublie vraiment ses fils au Japon. Scorsese montre le pire test de foi — l’épreuve de désespoir quant le prêtre doit continuer son chemin sans avoir le soutien du très Haut. De plus, on force Sebastião Rodrigues de mettre sur un plateau de balance son âme et son sauvetage et sur l’autre — les corps souffrant des japonais. À la fin il doit sacrifier son âme immortelle en abjurant pour arrêter les cris des martyrs et pour constituer le silence, dans lequel pour la première et dernière fois dans la vie il entendra la voix du Dieu.
Les voies de Dieu sont impénétrables. Parfois la persévérance de foi de martyrs provoque la diffusion de la religion. Parfois l’abjuration n’est qu’une formalité et on doit comprendre que sur une île isolée c’est impossible de sauvegarder le christianisme sans l’abjuration formelle car la foi vit dans le cœur. Saint Pierre a abjuré trois fois tandis que le héros de Scorsese l’a fait seulement une fois. Il a gardé la vie, il a gardé la foi et il l’a transmit à sa famille malgré la surveillance. Et malgré l’isolation du Japon et les répression, plus de 20000 chrétiens ont survécu à la liberté religieuse. Plusieurs parmi eux ont dû piétiner le fumi-e pour abjurer formellement. Aujourd’hui, à l’époque paisible, Scorsese tourne ce film pour formellement confirmer sa foi et pour nous donner une leçon aussi importante que belle.